Résultats du BRM de 200k De Grenoble
Dimanche 11 Mars 2012
et l'histoire d'un BRM avec Henri...
Qu'il me soit ici permis de retracer l'organisation d'un brevet et la participation afin de me fondre dans le parcours et d'essayer de le vivre cette aventure comme les participants. Comme le parcours de l'an dernier avait été le même pendant deux années consécutives (2010 et 2011), j'ai voulu étudier un autre parcours pour cette année 2012. Dès Octobre 2011, j'ai étudié les cartes, fait un premier repérage puis un second pour noter la dénivelée totale. Celle-ci s'élevant à 1800 mètres d'élévation pour 207 kilomètres, j'ai été vérifier sur le terrain qu'il n'y avait pas de grandes montées pour un début de saison, que le parcours pourrait être attrayant et j'ai proposé le parcours à l'homologation.
Ce parcours traverse le département de l'Isère du sud au nord puis s'aventure dans l'avant pays savoyard et revient à Grenoble sur les contreforts de la chartreuse. Au programme, ce sont 5 petits cols et une petite montée sans trop de difficultés. J'ai établi les points de contrôle aux extrémités du parcours et j'ai demandé l'aide d'un club de vélo local afin qu'on puisse collaborer ensemble. Malheureusement, je n'ai eu aucune réponse. Je regrette franchement cette situation, qui est commune en Angleterre ou dans d'autres pays étrangers. Bien que ce club soit un club FFCT, le présent brevet ne les a certainement pas intéressés. Alors, j'ai dû indiquer aux randonneurs de ce brevet d'aller demander un tampon humide chez un commerçant ou alors de répondre à une question secrète sur le parcours dans le cas où les commerces seraient fermés en ce Dimanche...
Bien que ce brevet ne serve pas à se qualifier à Paris-Brest-Paris pour cette année, c'est une occasion de pratiquer la grande distance à son rythme, ou de la découvrir si on ne connait pas encore cette pratique. C'est justement dans cette optique que j'ai le plaisir d'organiser ce brevet, avec l'appui de mon club, l'Amicale des Diagonalistes de France, afin de promouvoir cette pratique de pédaler sur des grandes distances à son rythme et sans forcément avoir un esprit de compétition. Chacun sera récompensé de ses efforts et la plus belle des satisfaction est de voir arriver des randonneurs joviaux, plutôt que des gens fatigués et dégoutés...
J'ai été surpris par l'engouement qu'à pu susciter ce parcours. Je devrais plutôt dire nouveau parcours car beaucoup de participants disent justement être venus suite à ce changement. Au total, les randonneurs étaient 75 à être inscrits dont 9 inscriptions sur place. Cinq d'entre eux n'ont pas pris le départ pour diverses raisons (problème matériel, de distance éloignée de leur domicile...). Je tiens à saluer tous les participants pour leur participation, certains habitent Grenoble, mais d'autres sont venus de Troyes, de Sens, de Narbonne et j'ai eu le plaisir à faire connaissance avec des clubs savoyards, des clubs dromois... Qu'ils soient cyclosportifs, licenciés ou non à une fédération, en vélo droit ou en vélo couchés, en tandem ou en vélo solo, tout le monde a trouvé sa place au départ de ce brevet. Au terme du parcours, il y a eu 3 abandons. J'ai étudié leur situation et pour deux d'entre eux, en raison de l'endroit où a eu lieu l'abandon, la cause mécanique de l'abandon, de la longueur du brevet (10k de plus) et de ce que représentait l'abandon pour eux, j'ai proposé à l'Audax Club Parisien d'homologuer le brevet. Ma proposition a été acceptée, de façon exceptionnelle, à condition que ce brevet ne serve pas pour se qualifier à PBP. Pendant le brevet, deux randonneurs ont perdus leurs cartes de route. Vue qu'en tant qu'organisateur, j'ai aussi fait le brevet, j'ai pu souvent les voir sur le parcours, même si je n'ai pas roulé avec eux, mais j'ai pu quand même homologuer leur brevet. Vis à vis des autres participants, il m'aurait été difficile d'homologuer ces brevets si j'étais resté tranquillement à Grenoble... Quelques cartes de routes étaient aussi maculées par la transpiration, mais tant que les tampons humides sont encore visibles, ce n'est pas une cause de non homologation. Au point de vue des incidents techniques, j'ai eu connaissance d'une crevaison et d'une chaîne cassée. Si on tient compte du nombre de roues (138) sur ce brevet, la crevaison reste anecdotique! Bref, à toutes et à tous, afin que vos brevets puissent être homologués sans problèmes, ne perdez pas votre carte de route et transportez là dans un porte carte en plastique! Enfin, aucun incident n'a été à déplorer, c'est une grande satisfaction pour un organisateur de savoir que tout le monde est bien arrivé et sans dommage corporel. Bravo à vous!
Ces considérations administratives étant faites, plaçons nous maintenant dans le vif du sujet, dans ce brevet...
La remise des cartes de route a débuté à 6h15 et avec l'aide de Pierre, nous avons pu distribuer les 66 cartes en 20 minutes en m'occupant des derniers règlements sur place et des inscriptions de dernière minutes. A la mi-mars, il faisait jour quand l'heure du départ arriva...
Le départ a été très tranquille. Je suis encore très surpris que tous les randonneurs soient partis tranquillement. Je vous félicite toutes et tous encore une fois, pour avoir notamment bien respecté le premier feu tricolore sur l'avenue des Martyrs en travaux. J'ai ensuite montré la prise de la voie verte sur le pont d'Oxford et je me suis glissé dans le groupe de tête, avec le cyclo club de Gières. J'ai pu discuter avec Guillaume Jalier qui m'a présenté la section Ufolep du Cyclo Club de Gières et au fur et à mesure des discussions, nous nous sommes découvert un ami commun. Bref, dans ce groupe, la vitesse moyenne a progressivement augmenté. Si nous étions à 25km/h au début, au pont de Veurey, cette moyenne flirtait avec les 32km/h, pour finalement atteindre les 37km/h avant le pont de Saint Gervais...
Dans ces conditions, mieux vaut rester derrière un gars costaud de Gières qui fait le boulot (comme dirait un journaliste couvrant une épreuve cycliste...)
Ce BRM a suscité des vocations et des rencontres. Sur la piste cyclable, ou plus loin sur le parcours, des cyclos sont venus voir leurs amis... Si cela ne pose pas de problème sur une route, il faut être prudent sur la voie verte quand un cyclo se trouve seul contre plusieurs groupes d'une dizaine de cyclistes.
Au pont de Saint Gervais, je me suis aperçu que nous n'étions pas le groupe de tête. Il doit y avoir 5 personnes devant. En tout cas, j'ai la surprise de découvrir Henri Morandini qui m'interroge sur mon nouveau vélo (électrique). Je confirme que les batteries tournent bien mais qu'elles peuvent baisser vite et qu'il faut les recharger avec du carburant au chocolat...
Alors que le cyclo Club de Gières s'est arrêté pour des pauses techniques bien méritées, nous progressons vers Bouchetière avec Henri en se demandant si nous ne devrions pas passer notre Dimanche ici...
C'est à Vinay qu'a lieu le premier contrôle. Après être passé ici deux semaines plutôt pour l'ultime repérage, j'avais prévenu la boulangère (comprenez plutôt la chocolatière...) pour signaler le passage éventuel de quelques cyclistes. Ici, elle se retrouve assaillie par le cyclo club de Gières en apposant le tampon humide sur les cartes de route dehors... J'aide aussitôt à signer les cartes de route et je la remercie pour sa précieuse aide...
Après Vinay, le cyclo club de Gières est parti rapidement. Nous avons commencé à gravir les treize kilomètres d'ascension du Col de la Croix de Toutes Aures avec Henri. Mais, j'ai senti que je progressais moins vite qu'Henri et qu'une de mes batteries devaient justement être rechargée. Après Serre-Nerpol, ce sont toutes les batteries qu'il a fallu recharger, j'ai donc conseillé à Henri de progresser seul et de ne pas m'attendre...
J'ai donc passé le Col de la Croix de Toutes Aures seul en ne m'arrêtant pas en haut du Col. J'ai fermé ma veste et j'ai plongé dans la vallée de la Bièvre pour essayer de remonter les poursuivants...
J'ai progressé seul dans la vallée de la Bièvre. Un grand moment de solitude comme tous les moments que le randonneur doit parfois traverser. J'ai un atout: je connais la route, je n'ai pas besoin de lire la feuille de route, car après l'avoir repéré deux fois, j'ai l'impression d'être en pilotage automatique. Après La Frette, la route est plane, avec peu de circulation. Je profite de cette occasion pour saisir mon téléphone mobile et son kit mains libres afin de prendre des nouvelles éventuelles des non-partants et des messages qui m'attendent peut-être... Après Burcin, dans la montée du Col de Rossatière, je ralenti le rythme en moulinant et je suis...
...logiquement remonté par Pascal Bénistand... Si Pascal est venu faire les brevets 2011 à Grenoble, nous évoquons notre dernière rencontre sous le chapiteau des CTG, au ravito de la Croix de Fer pendant le BRA 2011! Les souvenirs s'enchainent et assurément, il fait plus beau en ce dimanche...
Au loin, dans le rétroviseur, j'aperçois un groupe de cyclos, tous habillés de noir. Ils ne tardent pas à me remonter et ce sont les amis du cyclo club de Gières suivis par... Henri! Ils m'expliquent avoir fait une erreur de parcours à la Frette. Au lieu de prendre à gauche, ils ont continué sur la route nationale D1085 à grande circulation. Comme ils le disent, ça roulait bien, mais ce n'était pas le parcours... Les voici donc revenus sur le bon parcours... Le Col de la Rossatière approche, une descente approche...
Nous arrivons à Morestel avant midi. D'un commun accord avec Henri, nous décidons de ne pas nous attarder ici, nous n'irons pas au centre ville, et nous continuons ensemble après que j'ai visé la carte de route d'Henri et la mienne. Dans le carrefour, je trouve Didier Dutartre en train de répondre à la question secrète qui lui est proposée. Avec Henri, nous roulons l'un derrière l'autre et je sors une part de pizza de ma sacoche et je commence à la manger en roulant. C'est finalement bien agréable, des petites bouchées qui permettent de trouver des saveurs salées (jambon et Bleu de Gex) et sucrées (sauce tomate). Henri est surpris de ma façon de manger en roulant. Nous sommes logiquement dépassés par Didier, qui fait qu'une bouchée de notre groupe. Il y a un piège plus loin: Au niveau de la D40B, nous devons quitter la route principale pour prendre à droite. Comme Didier vient de nous dépasser à bonne allure, il oublie de prendre à droite et file tout droit vers Belley. Je crie fort pour essayer de l'appeler, Henri crie finalement plus fort que moi, mais Didier s'éloigne de plus en plus. Soudain, il fait un grand écart sur la gauche et vient certainement de prendre conscience de son erreur. Nous avons pris à droite, et nous sommes à nouveau dépassés par Didier. Cette fois-ci, il n'y a plus de piège et nous ne reverrons plus Didier...
A Saint Didier, sur les bords du Rhône, nous ne trouvons que des restaurants, alors nous décidons de filer à Saint Genix sur Guiers. Nous y arrivons rapidement, je guide Henri dans le centre ville pour y trouver un bistrot qui serait voisin d'une boulangerie... Je retrouve le bistrot où nous nous étions arrêtés autrefois en tandem et Henri file dans la boulangerie. Je commande deux grands thés, Henri revient avec un petit Saint Genix. Il est tellement petit qu'il nous faut demander un couteau de boulanger au barman pour le découper. Les pralines glissent sous le couteau qui s'enfonce doucement dans le tendre Saint Genix...
La pâte est très légère et digeste. Avec le thé sucré, nous voici bien installés sous le regard du couple qui gère le bistrot... Et finalement, nous commandons encore deux thés. Après tout, il faut toujours bien s'hydrater...
Après cette pause bien agréable, Henri me guide près du cinéma tout proche, où il est encore à l'affiche! En effet, le film documentaire de Gilles Perret dans lequel il joue est encore affiché et il vient de me parler de sa venue ici-même quelques jours en arrière...
Notre héros, c'est Henri! D'ailleurs la patronne du bar n'en revenait pas quand elle a appris que son client était à l'affiche du film affiché ici, à Saint Genix Sur Guiers...
D'ailleurs pour en savoir plus, voici justement l'avis du réalisateur de ce film, Gilles Perret, recueilli lors d'une émission de radio régionale...
Nous poursuivons notre route avec Henri. Sur la D916, juste avant de prendre à droite, je vois un groupe de cyclos arrêtés à gauche... Ils sont tout de noir vétus et je reconnais le groupe du cyclo club de Gières. Guillaume Jalier a du cambouis plein les mains et il m'indique juste un problème avec une chaîne mais rien de bien grave...
La montée est régulière, et...
Si on en juge les visages de Pascal Martin et de François-Louis Comyn, ils apprécient le BRM et cette montée...
Nous descendons ensuite à Novalaise, le prochain contrôle... Sans nous arrêter trop longuement, nous entamons le tour du lac d'Aiguebelette coté Est avant de prendre à gauche à Aiguebelette. La D39 est pittoresque, je souhaitais faire découvrir cette route aux randonneurs plutôt que d'imposer la route principale vers la Bridoire...
...puis par le groupe de Sassenage représenté à gauche par Pascal Martin et à droite par Marie-Thé...
La montée se poursuit et chacun monte à son rythme. Voici justement Jean-Jacques Roux, très jovial sur cette grimpée...
Avant Attignat Oncin, je ne m'explique pas comment j'ai fait pour dépasser Henri dans une courte descente et pouvoir enfin le prendre en photo...
...et Nicolas Bougrelle, des cyclos Caladois, venu des environs de Belleville sur Saône pour l'occasion...
A Saint Laurent du Pont, c'est le casse croute. Il reste 32 kilomètres avant l'arrivée. Pour Benoit et Nicolas, une chose est sure: Les Gorges du Guiers mort et le Col de Porte sont tentantes, mais on verra plus tard...
Il restait un petit col avant de basculer dans la vallée de l'Isère et de rejoindre Grenoble par la voie verte. Dans ce sens, le col de la Placette n'est pas bien difficile, au moins sur le papier. Mais quand vous avez 180 kilomètres dans les jambes, il faut quand même s'en méfier... En fin d'après-midi, les premiers sont déjà arrivés et nous allons faire connaissance avec quelques uns des heureux participants...
Christophe Rivier et Olivier Tréhet ont fait de brevet en vélo couché. Olivier utilise une traction avant et tous les deux ont bien fini. D'ailleurs, ça se lit sur leur visages, Bravo...
C'est un véritable peloton qui est arrivé avec les membres du Cyclo Club de Gap et le Cyclo Club de Gillonay. Robert Isoard a apprécié le nouveau parcours et n'oublions pas Manfred Patzelt qui termine bien ce brevet de début de saison...
Dans une brevet comme celui-ci, on peut aller vite, mais l'important est de bien terminer, et si possible avec le sourire et l'envie de recommencer. Après être venu seul en 2010, François-Xavier Evrard est venu avec un copain de club, Jean-Louis Ménéroux et les voici souriant à l'arrivée. Bravo Messieurs...
Il faisait froid sur le trottoir en attendant les vaillants cyclistes couchés, n'est-ce pas Marylou? Un grand encouragement à Dimitri pour persévérer sur ces brevets...
...et un encouragement aussi pour Marcel et Jean-Claude, autour de l'organisateur, car ils utilisent ce brevet pour s'entrainer pour leur prochain Tour de France, en vélo couché et en vélo droit...
Merci à toutes et à tous pour votre participation! Je félicite tous les participants et j'encourage le plus grand nombre à tester ce genre de brevet à allure libre où chacun progresse en fonction de sa propre vitesse. En restant sur le parcours, au hasard des kilomètres, vous trouverez une personne avec qui rouler, c'est ça, la magie des Brevets de Randonneurs Mondiaux. Alors, rendez-vous dans deux semaines pour le brevet de 300k autour du Vercors...
Autres ressources sur ce BRM:
Le récit de Brigitte Creton
Le récit d'Alain Sévenier
Le récit de Baptiste Fontaine
Le récit de David Champelovier
Le récit du Cyclo Club de Gap
Le récit des acteurs en vélo couché
Le récit d'Olivier Tréhet