Dimanche 26 Mai 2013 & Lundi 27 Mai 2013
Compte Rendu du Brevet de 600k
Jackie, Robert, Stéphane, Alain, Jean-Philippe et les autres...
Les autres, dont le nombre est évalué à 5 ou 6, ont certainement été les plus prudents!
Après s'être inscrits, étudiés les conditions météo, ils ont préféré finalement ne pas prendre le départ pour ne pas prendre de risques inutiles. Il est vrai, qu'en cette année 2013, le Brevet de six cent kilomètres n'a pas d'utilité de qualification pour le PBP, mais c'est juste une randonnée d'entrainement.
Hormis les autres, il y a les cinq personnes dénommées ci-dessus! Pour certains d'entre eux, faire le brevet de 600k est une obligation pour pourvoir se qualifier à Madrid Gigon Madrid et pour d'autres, c'est juste utile pour s'entrainer à la grande distance, parfois dans des conditions malheureusement hostiles.
Les conditions hostiles, il va y en avoir! La météo n'annonce pas de canicule, mais plutôt des températures basses, des précipitations qui seraient plutôt voisines de la neige que des averses rafraichissantes. Avec un isotherme 0 degrés à 500 mètres annoncé samedi matin et de la neige possible à Roybon, on comprend mieux pourquoi j'ai conseillé de ne pas prendre le départ de cette épreuve... Mais deux personnes ont quand même choisi de partir avec des vêtements de montagne, ressemblants plutôt à des pères Noël sur des vélos qu'à des coureurs du Tour de France.
J'étais grognon samedi matin quand le réveil a sonné à 3h15! Après m'être cogné contre la table, fait réchauffer le café, j'ai donné le départ avec des parts de gâteau au chocolat à ces deux randonneurs volontaires qui allaient surement avoir froid. En rentrant, il finissait par pleuvoir, ils venaient de partir et je me suis réfugié dans mon lit.
Cinq heures plus tard, en ouvrant les volets, je découvre une limite pluie neige à 400 mètres sur le Vercors et l'annulation pure et simple de la randonnée cyclotouriste La Coublevitaine prévue à Coublevie, à une vingtaine de kilomètres de Grenoble.
Que se passait-il alors à Roybon? Pour le savoir, il faut se reporter au courriel d'un de ces randonneurs qui expliquera plus tard:
- il est vrai qu'on a eu quelques heures de pluie au début - et même les mini-flocons annoncés - mais le reste de la journée on n'a eu que....
Les conditions n'ont pas dû être bonnes pour eux, la boulangère de Hauterives m'a appris plus tard qu'ils s'étaient plaints du froid, surtout aux bouts des doigts...
Dans ce type d'épreuve, le problème est de savoir la décaler en essayant de faire toujours marcher l'assurance fédérale qui la couvre, utile surtout pour les non licenciés que nous accueillons avec plaisir sur ces brevets. Alors, quand un participant licencié m'a proposé de prendre le départ seul 24 heures plus tard, j'ai de suite contacté un autre inscrit, regardé sur mon planning si poser un jour de congés était possible et hop, nous voilà partis à trois le dimanche matin... La fin du délai se trouve donc décalée au lundi soir et au moment de notre départ, les deux autres compères devant être en train de pédaler près du Puy en Velay...
Stéphane avait bien étudié la météo, meilleure que la veille et surtout plus sèche. La journée du lundi serait une belle journée, remplie de soleil, alors autant profiter de cette belle fenêtre de beau temps. Avec trois niveaux différents, et n'ayant pas eu l'occasion de rouler ensemble, nous partons ensemble, en espérant peut-être boucler ce brevet de six cent kilomètres ensemble. Mais sur une telle distance, gérer ses efforts en fonction de l'autre n'est pas toujours facile et ces brevets sont des randonnées en allure libre. Alors, même si Stéphane est adepte des disciplines germaniques qui lui ont permis de boucler deux PBP en 63h et 59h, Robert vient ici pour s'entrainer sans avoir besoin d'une quelconque qualification, et moi pour refaire ce parcours dans des conditions moins chaudes que l'an dernier et tenter d'enregistrer une longue trace sur le GPS...
Au bout de 17 kilomètres, j'apprends que Robert a oublié son téléphone dans sa chemise à la maison! J'ai aussi oublié de lui laisser un trousseau de clé, donc nous allons essayer de rester ensemble... J'étudie une solution pour revenir, mais cela est finalement in-envisageable, alors nous continuons. Sur la voie verte, plutôt rebaptisée Voie Noire le long de l'Isère, la nuit est douce et nous cradotons nos vélos avec les poussières d'arbres mouillées de la pluie de la veille.
Je suis distancé et j'arrive à rattraper mes compagnons plus loin, à Varacieux... En pédalant vite, je n'ai pas vu la voiture dans le fossé près de la route de Chasselay...
Nous arrivons presque groupé à proximité du Col de la Feta des Chambarans et nous pédalons rapidement vers Roybon. En rejoignant la D71, j'ai eu peur pour Robert. Une voiture qui venait en sens inverse a coupé le virage et elle ne s'attendait pas à voir un cycliste, trois cyclistes ici...
...nous nous ravitaillions à Hauterives dans la boulangerie! Robert n'a pas voulu aller au café en face, mieux vaut tout faire ici pour éviter de perdre trop de temps... La boulangère prépare son étalage, nous prévient que ça ne va pas être simple en ce dimanche de Fête des Meres, entre les cyclistes qui veulent du café à 7h30 du matin, les clients qui vont venir chercher leurs commandes et ceux qui vont arriver sans savoir quoi acheter...
Le café nous a redonné du punch et le soleil nous réchauffe dans le dos. J'ai même chaud aux cuisses, avec ce cuissard long noir qui capte bien les rayons du soleil...
A Saint Vallier, je donne un coup de pédale pour passer devant et guider mes copains afin qu'il n'y ait pas d'ambiguïté...
Tout se passe bien et nous ne perdons pas ici comme ce fut le cas sur le 300k... Premier passage sur le Rhône, un grand fleuve traversé...
Nous entamons la vallée de la Cance en ordre dispersé, chacun de nous s'étant déshabillé... Je suis rejoint par des cyclos de Bourg de Péage qui me demandent où je vais avec cette frontale sur la tête.
J'explique rapidement ce parcours de 600 kilomètres et la cyclote s'exclame en rejoignant ses copains que Ce monsieur s'entraine pour les PBP. Pour manger des PBP, merci mains je n'ai pas besoin d'entrainement...
Je rejoins rapidement Robert et Stéphane qui sont arrêtés! Stéphane a crevé et nous l'aidons à réparer, Robert tiens le vélo pendant que je gonfle la chambre à air.
Nous ne trouvons pas de ravitaillement à Annonay (kilomètre 120), où bon nombre de commerces semblent fermés en ce dimanche matin.
Nous filons vers la suite et c'est à Bourg Argental que nous établissons notre camp de base de ravitaillement. Des pizzas à la boulangerie pas trop aimable, passage au bistrot pour Robert, Stéphane en profite pour resserrer son porte sacoche et gonfler à nouveau sa roue arrière qui se dégonfle lentement...
Nous montons le col de la république à notre rythme, très lent pour ma part.
Il fait frais, je peine et j'ai maintenant la certitude que la suite du parcours et le temps frais ne m'incitent pas à dormir dehors. Pendant cette montée, j'ai le temps de prévoir mon plan de route, en prévoyant de dormir à Brioude quelques heures et de repartir en début de nuit pour atteindre Saugues...
A Firminy, je laisse Robert et Stéphane filer, m'étant un peu endormi sur le vélo, je me réveille dans un bistrot, au chaud devant deux expressos!
J'avale les montées et les descentes suivantes, comme ici à Saint Maurice en Gourgois...
Et finalement, nous nous regroupons à Saint Bonnet le Château (kilomètre 195)... Stéphane et Robert ont déjà investi le salon de thé et je déguste en terrasse, mais à l'abri du vent, une meringue au chocolat et deux grosses tuiles aux fruits confits! Elles sont énormes et recouvertes à la moitié de chocolat. Je les laisse fondre dans la bouche, un régal...
Dans une autre montée, voici une scène qui ressemble bien à la route du Paris Brest Paris... Sur la droite, des gamins me voient arriver et si l'image parait statique, ils ont gesticulé dans tous les sens pour m'encourager... Merci les enfants...
Plus loin, je trouve Stéphane, arrêté sur le bas côté qui vient de changer sa chambre à air! Finalement, il s'est souvenu qu'il avait déjà utilisé cette chambre à air, devenu poreuse... Nouvel arrêt pour lui donner un coup de pompe et c'est reparti...
J'arrive à la Chaise Dieu à 18h00. Le ciel s'est lessivé, la visibilité est claire et me rappelle soudain celle que je vois en hiver à Grenoble quand il fait froid! Ici, le petit vent vient du nord et il est... glacial. Il pénètre et je me réfugie dans une boulangerie pour prendre une part de pizza.
Elle ne pourra pas m'être réchauffée! Le micro ondes de la boulangère est (comme par hasard) tombé en panne et elle ne veut pas allumer son four traditionnel pour une part de pizza! Dont acte, je file et je déguste cette part de pizza dans le bistrot voisin devant un thé chaud, rallongé avec de l'eau chaude où deux agriculteurs parlent de la vente de leurs bestiaux... Ca va mieux, je repars avec le foulard sur la tête, les oreilles couvertes. Même au mois de Mai, un brevet de 600 kilomètres est finalement vivifiant...
La route vers Brioude est très belle: Une grande descente qui se termine par une belle vue sur les monts du Cantal. Comme pendant le repérage et la première édition de l'an dernier, j'ai le soleil en pleine face!
Il est bientôt 20h30 et le compteur indique 284 kilomètres. Dans le centre de Brioude, je remarque deux vélos! Ce sont ceux de Robert et de Stéphane en train de déguster deux plats de lasagnes dans une pizzéria où il y a foule. Je ne tarde pas, je veux aller trouver un hôtel pour dormir. Mais le dimanche soir, tous sont fermés, notamment celui où j'étais descendu pendant le repérage... En continuant vers Vieille Brioude, je remarque à gauche La Vieille Auberge! Le prix affiché est correct, je tente d'entrer mais la porte est fermée. Mais à l'intérieur, des lumières sont allumées... Je tambourine sur la porte, peut-être un peu fort et un vieil homme vient m'ouvrir. J'explique que je veux (juste) dormir et il m'est répondu que c'est le jour de fermeture. Mais si je laisse mon vélo ici, dans l'entrée, ça devrait aller. Je demande un repas rapide, puis une thermos de café... Là, j'ai dépassé les limites! Le vieux monsieur (qui est le serveur) va demander à son fils (supposé être le cuisinier) ce qu'il peut m'être servi... On me propose une assiette anglaise ou un steak frites!
Pendant la commande, je m'occupe de commander la thermos que je vais prendre dans la chambre. L'homme va en cuisine et va trouver la seule thermos rouge de la maison... Il revient avec une assiette garnie et une salade et me lance:
- La Thermos: A moitié pleine ?
- Non pleine entièrement. Allez y, s'il vous plait...
- Non, je demande car le soir, y a des gens qui n'aiment pas le café...
Il faut dire aussi que j'ai été placé dans la salle de restaurant à côté des 4 seuls pensionnaires de l’hôtel. Ils en sont au dessert et ils parlent de leur concession qu'ils viennent de réserver. Je ne sais pas comment va se poursuivre ce brevet, mais dans un hotel fermé, avec la nuit qui arrive, un temps qui se décompte sur les quarante heures allouées, entendre le mot de concession a eu une conotation toute particulière qui m'inciterait bien à partir d'ici. Mais non, il me faut me reposer, et au chaud! Le dessert arrive pour mes voisins et on leur présente 4 parts de tartes... Entre une bouchée de frite et de salade, je salive déjà cette tarte, moi aussi! Mais en arrivant au dessert, le vieil homme me dit:
- Y a plus de tartes! Ces messieurs dames ont tout mangé !
Très bien, je règle et je file me coucher, il est 21h30. Douche, nettoyage de la gourde, des lunettes et hop, me voila au lit, au chaud après avoir armé deux réveils pour minuit! Ces heures de sommeil m'auront paru soient courtes, soient interminables, je ne m'en souviens plus! Mais à minuit dix, me voilà assis sur le coin du lit en train de boire le café du matin avec un morceau de pain et de la confiture de fraises. On ne m'a pas servi de beurre! Il était en bas, dans le frigo et le vieux moniseur était invité, il n'avait pas le temps d'aller en chercher! Ce n'est pas grave, je ne prends pas de beurre sur mes tartines...
A minuit trente, me voici en train de pédaler vers le sud, vers Vieille Brioude. Je revois exactement le parcours du repérage, la petite côte , la ligne droite, les ronds points... La seule différence va venir de la voiture qui arrive en face et qui... éteint ses phares en arrivant à ma hauteur! J'ai peur, mais je ne montre pas que je la regarde. En gardant la tête fixée par devant, mais avec les yeux complétement tournés à gauche, je distingue une voiture de gendarmerie, les deux vitres du côté gauche baissées et deux visages me regardent... J'ai juste entendu:
- Un vélo...
Après l'avoir croisé, dans mon rétroviseur, j'ai vu que la voiture avait rallumé ses phares.
Pendant les cinquante prochains kilomètres, je ne vais plus croiser aucune automobile.... Je retrouve ici ce que j'avais fait en plein jour pendant le repérage et au crépuscule l'an dernier...
Le village perché de Saint Ilpize, en face de Villeneuve d'Allier, est éclairé et il surplombe la vallée de l'Allier. C'est magnifique...
La route est quasiment plane, mais après Langeac, elle va s'élever et déployer de grands virages dans la forêt. Cette côte est terrible. Tellement terrible que l'an dernier, j'avais mis pied à terre et qu'elle avait fait la différence pendant une étape du tour de France entre Saint Amand Montrond et Saint Flour. Je ne vais pas mettre pied à terre cette fois-ci mais j'aimerais bien en voir rapidement la fin. La fin me laisse une drole d'impression, car à la fin de cette côte, je ne suis pas encore arrivé à Saugues comme je m'y attendais. Mais je dois affronter une grande descente et une autre montée avant de voir un panneau avec fléché Saugues à 5 kilomètres ! Encore cinq kilomètres interminables où je baille, comme pour m'occuper.
Il est 2h20 du matin. J'arrive à Saugues, les petites lueurs du village se transforment finalement en grandes lumières...
Soudain, il me semble avoir une hallucination! Il me semble avoir vu le pare brise givrée d'une voiture garée sous un lampadaire ! Je m'arrête pour en avoir le coeur net et en passant mon index doigt, protégé par un gant long, j'ai froid! Nous sommes à la fin mai et est-ce possible qu'il gèle ici ? Je ne vais pas m'interroger longtemps, un panneau dans le village indique l'heure puis la température: moins trois degrés.
Psychologiquement, cette lecture d'une température négative va me mettre le moral à zéro, voir même plus bas. Avec de grands bâillements, j'enfile ma veste à manches longues et je poursuis ma route. Une nouvelle montée et j'espère aller plus vite dans la prochaine descente vers le Monistrol d'Allier. Il n'en sera rien, la route est en réfection, le bitume est arraché et il me faut finalement passer à pied en tenant le vélo à la main. Quand je retrouve le goudron, je remonte sur le vélo et je croise une voiture qui ne ralentie pas en arrivant sur cette portion en travaux. Au contraire, elle a violemment accéléré en dégageant un nuage de poussière... bon sang, heureusement que j'étais déjà passé!
La descente au Monistrol d'Allier m'a refroidit et je dois m'arrêter quelque part pour tenter de me réchauffer. Dans les gorges de l'Allier, au point le plus bas, le brouillard givrant m'a rejoint. Dans le village, la petite gare est fermée et je tente d'entrer au gite du Ricochet. La porte est fermée. Voyant une lumière dans la pièce voisine, je tente ma chance en sonnant! Rapidement, un jeune homme arrive et m'ouvre la porte. Je lui explique que je suis frigorifié et lui demande si je peux faire une halte chez lui. Il accepte, c'est le patron du gite, me demande de ne pas faire de bruit et m'emmène au premier étage. Il me propose de la chicorée avec de l'eau chaude que j'accepte en sautant de joie (au figuré!). Si je saute de joie, je suis en fait fatigué et je m’assoupis sur la grande table en bois. Je mange un morceau de ma pizza, l'homme est parti, il doit partir travailler et m'a expliqué comment sortir.
L'arrêt a duré une bonne heure, un arrêt providentiel dans un beau village où il fait froid, très froid. Quand je repars, le brouillard est encore là, mais je me réchauffe dans la montée vers Saint Privat d'Allier.
Je respire l'air humide! Après Saint Privat, j'ai vaincu le brouillard, le jour s'est levé, entrainant avec lui un grand ciel bleu...
J'arrive seul au Puy en Velay, en ce lundi matin. Il fait jour, grand jour et je mesure mon retard par rapport à l'an dernier. La bataille avec les heures de fermeture des contrôles commence, il me faut pédaler... et vite... Stéphane et Robert doivent être déjà loin... Je me trompe à la sortie de Brive Charensac (kilomètre 392), après avoir traversé la Loire. Je file sur une route à grande circulation.
Je rejoins la route de Saint Julien Chapteuil un peu plus loin. Les choses difficiles continuent!...
La route s'élève, serpente dans la montagne et je m'arrête. Ca me fait du bien de marcher à côté du vélo et de m'asseoir dans l'herbe. J'ai l'impression d'être en vacances...
L'arrivée à Saint Agrève (kilomètre 432) sonne comme une délivrance! Maintenant, les côtes sont derrière moi et jusqu'à l'arrivée, il doit me rester une élévation cumulée de 800 mètres. Facile! L'adjectif facile me laisse un gout amer dans la bouche car la distance que j'ai dans les jambes n'est pas anodine...
Je me ravitaille à Saint Agrève, une flammekuche, une barquette au marron, un grand thé et un café. La patronne du café m'annonce avoir vu un cycliste, ce matin! Il s'est même assis ici en terrasse. J'apprécie ses dires mais je balaye dans mon esprit ce cycliste, car les deux qui m’intéressent sont ensembles, Robert et Stéphane... Et si je savais...
Je reprends la route! une route agréable qui descend, et qui serpente... J'éternue dans tous les sens, les méchants graminées m'ont rejoint. Avec la fatigue, ils s'amusent et me forcent à ralentir... Je file à Lamastre, avant dernier contrôle...
Après Lamastre, un faut plat m'attend! Je l'attendais aussi mais je ne le voyais pas aussi long! Je suis rejoint, remonté par des hordes de cyclistes qui me doublent. Et avec eux, voici la descente vers Tournon où j'arrive avec des cyclos du Crédit Agricole. M'imaginant dans une étape du tour de france, le commentateur pourrait dire que les Crédit Agricole ont fait le boulot! Je traverse Tournon en suivant les panneaux afin d'enregistrer une trace la plus fiable possible pour ce brevet...
Je trouve cette D532 avec une circulation intense qui dénote avec la circulation nulle la nuit dernière... Il fait chaud maintenant...
J'arrive au dernier contrôle, à Saint Donat sur l'Herbasse! La boulangerie a changé de place , je fais quelques courses dans la grande surface. Un morceau de fromage me fait envie, un morceau de Beaufort, avant d'attaquer le petit col de la Madeleine, je m'imagine en Savoie en le mangeant... Allez, il faut y aller...
Si je m'étais imaginé peiner dans cette montée, je me suis trompé, je monte bien et j'avale directement la descente vers Chatte et Saint Marcellin...
Jusqu'à Vinay, la circulation est intense... Il me faudrait revoir ce retour car cette dizaine de kilomètres me parait finalement dangereux...
Je trouve l'arrivée sur la voie verte comme un instant de paradis, sans voiture, et comme il est tard, il n'y a plus aucun cycliste... Cela dénote avec ce que m'ont dit les autres participants, arrivés plutôt, comme quoi il y avait du monde à vélo sur cette piste... Mais à mon heure, il n'y a personne! Allez, il faut y aller! Je roule bien, je roule vite et jusqu'à Grenoble seuls deux cyclistes me dépasseront...
J'arrive sur l'Avenue des Martyrs, en travaux, avec le Taillefer comme dernier souvenir de ce long brevet...
Sur le trottoir, la boite aux lettres n'a pas bougé et reste fidèlement accrochée, attendant les cartes qui voudront bien y rentrer... Robert est là, un peu plus loin et il m'apprend qu'ils se sont séparés dans la nuit. Finalement, nous avons fini le brevet de trois façons différentes, seul face à nos vélos et à nos propres rythmes. Avec ce que m'a dit Robert, nous avons peiné aux mêmes endroits... Dans la boite aux lettres, je trouve les cartes de routes des deux autres personnes, arrivées la veille, et les nôtres... Tout le monde est bien rentré, pas d'accident, pas d'abandonss...
Je décroche la boite aux lettres! Dans le salon, la soupe chaude avec une tartine grillée frottée à l'ail et au bleu des causses nous réchauffe. Les yeux n'ont pas tardé à se fermer et après 600 kilomètres, les travaux d'homologation et d'intendance attendront un petit peu... On s'est vite endormi, sans avoir besoin de berceuse. Quel plaisir de bien dormir maintenant après avoir dormi 3 heures sur le parcours...
Bravo à nous tous, et rendez-vous pour un prochain brevet...