Samedi 04 Octobre 2014
Compte Rendu du BRM de 400 kilomètres
Des paysages d'exception aux sources de l'Isère
Voici les résultats définitifs du troisième et dernier BRM de 400k de l'année 2014...
- 32 participants
- 7 abandons
- 4 diagonalistes
- 3 féminines Bravo tout spécial à elles...
- 1 vélo horizontal Tout s'est très bien passé pour lui, on m'a demandé pendant le parcours s'il avait abandonné car on le voyait plus, mais non, il était... devant... Bravo...
- 1 crevaison Il y en a peut-être eu plus, mais je n'ai été au courant que de celle-ci
- 8 non partants
- 1 randonneur hors délai
Si Baptiste Fontaine avait intitulé son compte rendu du premier brevet de 200k du mois de Mars 2014 comme étant la rentrée des classes des randonneurs, ce brevet de 400k peut s'intituler être une ultime randonnée en montagne avant la fermeture des grands cols Alpins. Nous étions une trentaine de randonneurs à s'être donnés rendez-vous pour aller réveillonner au chevet du col de l'Iseran avant qu'il ne soit recouvert par des tonnes de neige pour le plaisir des skieurs de Val d'Isère...
J'ai tracé ce nouveau parcours en 2013 et il m'a fallu du temps pour le réussir! J'y suis arrivé au bout de sept tentatives au mois d'octobre 2013! La première fois, c'était en sens inverse avec un départ l’après-midi et une montée à Val d'Isère aux limites de la nuit, une montée infernale au Galibier au petit matin. J'ai renoncé pour préférer un sens inverse avec le Glandon, l'Iseran et le Cormet de Roselend. Il me fut difficile d'arriver à Beaufort! Abandon dans une laiterie au petit jour! Et puis, pourquoi ne pas tenter l'impossible mythique trajet via le Galibier et l'Iseran? Tous les deux grands cols dans la journée, et de plus de jour, reste à revenir à Grenoble par la vallée, la nuit... J'ai fait ce parcours seul en octobre 2013, en ne voyant que 4 voitures entre Lanslebourg et Bourg Saint Maurice, avec l'impression d’être parti en vacances pendant une semaine! Le parcours était tracé, homologué par l'ACP et prévu ce samedi 04 octobre 2014...
Le même parcours aurait dû avoir lieu en Juillet 2014, mais la mauvaise météo m'a forcé à l'annuler. Quand il pleut dru à Vizille, il n'est pas question de donner le départ pour que les randonneurs se retrouvent en situation difficile sur la route... Les demandes de renseignements et les inscriptions affluent dans les quinze derniers jours de Septembre, mais lors d'un repérage d'un prochain BRM 2015 en Oisans, je suis mis au courant de la fermeture de la route D1091 quelques heures avant le départ du brevet! Je contacte de suite le Conseil Général de l'Isère, par courriel et par téléphone. Ils confirment qu'il sera impossible de passer ce samedi 04 octobre au matin:
Les villages de la Grave et de Villar d'Arene seront coupés du monde et pour les rejoindre depuis Grenoble, il faut passer par Gap et Briançon... J'écarte la solution muletière par le plateau d'Emparis pour que les randonneurs ne soient pas trop secoués... Mais remarquons que cet itinéraire peut permettre de passer deux cols à plus de deux mille mètres d'altitude. Mais pour un brevet, je fais partie de ceux qui veulent rester sur le bitume... Alors, il me reste trois possibilités:
Annuler le brevet, ce qui n'est pas réalisable à une semaine du départ et en plus la météo s'annonce belle
Le décaler d'une journée en avance. Ce n'est pas faisable car bon nombre de participants viennent de loin et les hébergements et transports ont déjà été réservés
Étudier une possible déviation. La DDE me propose de passer par Gap, Embrum et Briançon pour rejoindre le Lautaret, mais là, on explose le kilométrage... Il me reste la solution de passer par les cols de la Croix de Fer et du Mollard pour rejoindre la vallée de la Maurienne...
Le kilométrage s'en trouve réduit, l'ACP accepte d'homologuer cette nouvelle feuille de route déviée et je m'occupe avec la FFCT du transfert d'assurance fédérale sur ce nouveau parcours. Quatre jours avant le brevet, je rédige un nouveau plan de route, une nouvelle carte car si je connais ces routes par coeur, il n'en est pas de même pour les participants. Et il n'est pas question qu'ils se perdent dans ces montagnes!
Avant de passer au déroulement de la randonnée, intéressons-nous justement au profil de ces randonneurs. Qui sont-ils exactement ?
La plupart sont français, venus de la région de Grenoble, ou alors d'un peu plus loin.
Citons Bertrand, venu de Paris, qui me dira dans la journée que la première fois qu'il a monté le col de la Croix de Fer, c'était au moment des travaux du barrage de Grand Maison...
Michel et Aymeric sont respectivement venus de Mayenne et de Haute Savoie, pour le temps d'un week-end afin de réussir ce brevet de 400k et de s'assurer une pré-inscription pour PBP 2015.
C'est aussi le cas de Elio, mais lui est venu, d'Italie, de la province de Cunéo. Ne parlant pas italien, et lui ne parlant pas français, nous avons dialogué en anglais... La pratique de l'anglais m'a aussi permis d'accueillir Pamela, venue d'Australie! Pamela n'avait jamais fait plus que 270k mais sa motivation était à bloc quand elle me disait: I want to try!".
Jean-Pierre est maintenant un habitué! Venu de Lyon, il n'avait pas besoin de ce brevet pour faire valoir une future pré-inscription..
Je n'oublie pas non plus Janis et Bastien, respectivement âgés de 24 et 33 ans, qui ont voulu voir la vraie montagne d'un peu plus près en ayant fait respectivement le Semnoz et le couple (Saint Gothard et Petit Saint Bernard) avant...
Courageuses et courageux jusqu'au bout, tout le monde est parti ensemble et a ensuite progressé à son rythme... Récit d'une journée encadrée par deux longues nuits...
J'ai salué les connus et inconnus, distribué les cartes de route et le nouvel itinéraire avant d'aller changer de vélo...
Retour vite fait avec Pamela, le temps d'une photo de groupe, ce qui a permis à Pierre Boyer de remarquer qu'il y avait du monde...
Nous sommes partis groupés, en passant devant la boite aux lettres installée. C'est ici qu'il faudra revenir! La prochaine fois que vous la verrez, vous aurez bien pédalé et vous aurez vu l'Iseran, l'épine dorsale du parcours...
Comme beaucoup sont étrangers à Grenoble, j'ai tenu le groupe sur la voie verte. Pas facile de contenir Jean-Pierre car en roulant à 23km/h, lui était déjà devant à 24,5km/h et aurait bien aimé aller plus vite...
À Pont de Claix, je signale la direction de Briançon, en m'assurant que personne ne file vers Sisteron! Les randonneurs commencent déjà à s'éparpiller. Je ne vois pas plus les premiers et les derniers sont encore sur le cours Saint André... Personne ne semble être perdu, je remonte rapidement le peloton quand tout d'un coup un randonneur perd son éclairage à la sortie de Pont de Claix, après avoir roulé dans un trou. Il ne s'est aperçu de rien! Je m’arrête et je ramasse le socle, le support, la pile R14 avant de repartir avec tout cela dans ma main droite. A fond en pédalant, je demande à qui est cet éclairage. Je trouve rapidement son propriétaire et sans nous arrêter, je lui rends en lui conseillant de le mettre en poche. Mais ses poches sont bien remplies de nourriture...
À Vizille dans le brouillard. Jean-Pierre manque de se perdre dans le carrefour de Lily Croustille, une voiture l'évite et ensuite, nous roulons les uns derrière les autres...
Il n'est pas facile à se moment de pédaler avec des lunettes blanches car les gouttelettes de brouillard se fixent sur les verres. Quand je les enlève, je sens de la fraicheur dans les yeux...
Tout d'abord agréable, je sens vite la sensation de froid et finalement, je me protège en baissant la tête, protégé par la visière de la casquette... Me voici bien calé derrière Alain...
La vallée de la Romanche passe vite! Je roule avec Bernard qui essaye ici son premier 400! Il a déjà fait quelques brevets de 200k ici à Grenoble, mais là, il veut aller plus loin! Je retrouve ensuite Christophe avec qui je me hisse en haut de la côte de Livet. Après le pont sur la Romanche, ça va mieux, ça roule et Laurent, sur son vélo couché en profite pour nous dépasser. A Rochetaillée, c'est le début de la déviation, là justement où j'ai bien mis en garde Pamela de bien prendre prendre à gauche quand elle verrait la route faire un angle droit sur la droite...
Il fait nuit noire à Allemont et nous arrivons espacés en bas de la route D43 qui permet de monter à l'église pour rejoindre directement la route du Rivier d'Allemont. Je pense que tout le monde l'a prise. Il y a eu ensuite une incertitude dans la montée, car après m'être fait dépassé par Jean-Pierre au départ, je l'ai retrouvé derrière moi après l'église d'Allemont. Conquis définitivement par cette route, il s'est exclamé dans la nuit:
- J'ai pourtant fait 17 marmottes, mais je ne suis jamais passé par là! Ça doit être sympa en plein jour!
Nous retrouvons rapidement la route des cols, le passage des 4 kilomètres à 10%. Ici, pas de miracles: en moulinant avec mon triple plateau, ceux équipés de compacts (double plateaux) me dépassent! Je cite Jean-Pierre qui développe une belle danseuse, Aymeric, Jean-Christophe, Jean-Yves, Yann et les autres, tous les autres? Il fait presque jour quand apparait le village endormi du Rivier d'Allemont, village du bout du monde comme l'appelle si bien l’hôtelière du village! J'ai bien transpiré dans la montée, mais je ne m'arrête pas, une occasion de dépasser facilement ceux qui se sont arrêtés comme Florian et Alain... Mais ils vont vite me retrouver dans la courte descente, celle d'où on peut admirer le grand pic de Belledonne qui se dresse sans égal comme une dent abimée entre toutes ces montagnes. Après avoir passé le petit pont, nous voici tous confrontés au passage à 12%! Il fait frais, la route est mouillée. Nous sommes en Octobre, le soleil ne vient plus réchauffer cet endroit enclavé et lugubre. Ici, pas de miracle et il faut se faire petit et appliquer la méthode de Jacques, moniteur FFCT, qui disait lors de la montée à TréCime dans les Dolomites:
- Ici, on met tout à gauche et on attend que ça passe!
Oui, sauf qu'il faut quand même pédaler! Florian me rejoint et me raconte sa Haute Route, l'histoire de la cinquantaine de féminines, les massages le soir, qu'ils n'étaient qu'une poignée à avoir un triple plateau. J'ai tout bien retenu, la montée se passe bien. Mais la suite est plus redoutable, car je vais commencer à m'endormir, lentement mais doucement!
Je m'arrête dans un virage, il fait bien jour maintenant et je mange une tranche de cake sportif avec une gorgée de Coca Cola pour essayer de me réveiller! Sylvie me dépasse, puis Bertrand qui pédale aisément!
Endormi, mais pédalant comme je peux, j'arrive au barrage de Grand Maison. Je ne peux m’empêcher de faire des photos, j'aime tellement cet endroit et là, l'éclairage est différent. C'est le matin, avec une couverture nuageuse qui ajoute un effet mystérieux et je ne suis pas habitué à passer par ici, dans ce sens et au lever du jour...
Le passage en Savoie me réveille! C'est une courte descente et rouler d'un seul coup à 51km/h me fait profiter d'un courant d'air froid dans mon maillot court trempé de sueur! J'ai froid mais je suis réveillé! Tellement réveillé que je suis étonné de déjà arriver au Chalet du Glandon et la suite vers la Croix de Fer me parait facile. J'aurais même presque envie de passer le plateau du milieu, mais non...
Le haut de la vallée de l'Eau d'Olle, sous le soleil...
Arrivé au Col de la Croix de Fer, je retrouve Florian et Alain qui cherchent Yann pour faire le brevet ensemble! Pour moi, c'est clair, Yann est forcément devant mais Florian doute...
L'un derrière l'autre, nous entamons la descente dans la vallée de l'Arvan...
En plein soleil, la descente n'est pas si fraiche que je l'avais pensé. Au pont de Belleville, direction à droite pour grimper au Col du Mollard...
Je découvre une route gravillonnée qu'il faut mieux pratiquer à la montée et assis, car en danseuse, le dérapage est assuré. Je suis dépassé par une voiture folle. Avec Sylvie et Bertrand, nous marquons une pause pour nous déshabiller...
Nous arrivons quasiment tous groupés au Col du Mollard...
Arrivée à Albiez le Jeune, le premier contrôle de cet brevet dévié. Je signe les cartes des concurrents qui étaient avec moi, sauf Cyril qui a dû faire une pause plus longue que prévue quelque part......
Après le panneau de la fin du village, une belle descente s'annonce vers Villargondran! Avec une cinquantaine de petits virages, il est impossible de prendre de la vitesse! Le compteur oscille entre 28km/h dans les lignes droites et 13km/h dans l'épingle. C'est finalement bien sécurisant de ne pas pouvoir rouler trop vite en descente...
Après Saint Julien Mont Denis, nous circulons sur la D1006, en plein soleil. La circulation est très modérée, rien à voir avec la circulation d'un mois de Juillet pendant la Marmotte ou le BRA...
Nous nous séparons à Saint Michel de Maurienne, temps pour certains de s'arrêter là où ils le souhaitent, superette et café en vitesse pour ma part. Ma pause a duré 10 minutes, je reprends la route en mesurant mon heure et demie d'avance par rapport aux repérages solitaires... Le compteur indique 126 kilomètres pour 2600 mètres d'élévation... Il en reste encore...
Bernard emporte ses affaires dans un petit sac à dos... Faire néanmoins attention au porte feuille dans la poche arrière gauche du maillot qui pourrait tomber et rester sur le bord de la route...
Je ne sais pas si les participants ont été impressionnés par ce panneau, indiquant encore 59k avant le col de l'Iseran, mais seul, j'ai eu un coup au moral en le voyant pendant les repérages solitaires... Finalement, il faut être plus fort que ces panneaux car on va y arriver...
Il ne me semble pas connaître ce randonneur à vélo. J'ai peut-être oublié de lui faire une carte de route...
Après Modane, tout à gauche pour grimper à Aussois! Cette phrase est à prendre au sens propre et figuré! Il faut traverser l'Arc pour se retrouver sur sa rive droite et mettre tout à gauche, sur le petit plateau pour grimper vers le prochain contrôle...
Un ciel nuageux par moment et dans la sacoche, le téléphone sonne! Il m'apprend qu'un randonneur vient d'abandonner, malade avant le passage du col de la Croix de Fer...
Le téléphone s'agite encore une fois, mais cette fois-ci, c'est un concurrent qui m'annonce son passage au Col de l'Iseran! Déjà! Bon sang, je rame derrière! Son message m'inquiète quelque peu car il m'annonce trois degrés là-haut!
A Aussois, nous retrouvons Patrick! En pleine forme, mais il m'annonce qu'il n'aurait pas dû faire 350k le week end dernier. Au moins, une chose est sure: Patrick est entraîné...
Avec les compagnons du moment, Patrick et Marc, nous faisons une halte aux toilettes publiques. Une occasion unique pour remplir nos bidons et me débarbouiller la figure! Un peu d'eau fraîche et ça repart...
Une ultime petite montée vers le site du monolithe, bien connue en hiver pour le ski de fond! Qui y retourne avec moi l'an prochain ?
Après Termignon, la côte sans nom me fait rencontrer le vent italien: la Lombarde. J'ai toujours eu ce vent de face jusqu'à Lanslebourg. Complétement endormi, le village attend l'hiver. Tous les commerces sont fermés, sauf le dernier hôtel, à droite, qui semble ouvert...
Je m'y arrête pour prendre un thé chaud, rallongé avec un pichet d'eau chaude et un second... Et avec une tarte aux pommes aux noix, c'est encore meilleur et surtout très gourmand!
Je parle de notre épreuve au gérant qui s'y intéresse en me disant que les premiers sont passés ce matin... Je veux bien le croire, mais tous les cyclistes passés ce jour à Lanslebourg ne vont pas le brevet...
Après Lanslevillard, la route s'incline avec une belle série de virages. L'endroit, pris sous le soleil et sans vent, m'a toujours paru difficile...
Mais il faut prendre son temps et gérer son effort comme on l'entend. Voici justement un bel exemple de repos: Savoir mettre pied à terre et se reposer
Cela m'a fait penser à une personne à qui j'avais parlé du Paris-Brest-Paris et qui m'avait demandé:
- Mais c'est autorisé dans vos courses de vélo de mettre pied à terre ?
- Bien sur! Et ça fait même du bien de s'arrêter! Et en plus, ce ne sont pas des courses...
Après cette montée de quinze minutes, j'ai conseillé aux participants de prendre cette route à gauche pour découvrir le vrai col géographique de la Madeleine...
Le passage du petit col de la Madeleine annonce l'arrivée sur le plateau de Bessans, là où il fait si froid en hiver...
A Bonneval sur Arc, c'est le fond de la vallée et pour sortir d'ici, le col de l'Iseran est le seul échappatoire! Avec Michel, venu de Mayenne, nous prenons un coca cola au seul bistrot ouvert...
Cette élévation après Bonneval permet de découvrir tout d'un coup la plaine de Bessans...
Au moment du replat, Bertrand me demande s'il y aura d'autres accalmies comme celle-ci. Ne sachant pas ce qui peut être considéré comme dur ou comme facile, je préfère répondre évasivement... Il n'y a plus de repères, la DDE a enlevé, pendant la période hivernale, les bornes annonçant le nombre de kilomètres restants jusqu'au sommet...
Au fur et à mesure de l'avancée dans la montée, je remarque une baisse progressive de la température. J'avoue être surpris par cette baisse qui est très régulière. Voyant que les prévisions de rencontrer trois degrés là-haut est plausible, je décide de marquer un arrêt contre la corniche, entre le tunnel de l'Iseran et le pont de la Neige (à l'abri du vent de nord) pour m'habiller. Ainsi je serais prêt pour la descente de 50 kilomètres et je minimiserai le temps d'arrêt au sommet... Je sors le goretex, le met sur ma sacoche de guidon, remet mes genouillères...
Nous retrouvons les amis, Patrick, Cyril, Bertrand, Sylvie et Marc, blottis contre l'entrée du magasin. Chacun s'habille, il fait froid avec ces quatre degrés...
Nous filons les uns derrière les autres vers Val d'Isère, sur cette route goudronnée qui est une piste rouge en hiver... Ça file, ça descend. Abrités du vent, deux motards sont en train de pique-niquer dans un abri-bus (?) en bois... Une première victoire est marquée quand j'arrive à Val d'Isère: il fait 8 degrés... Les tunnels sont mal éclairés et la nuit commence à tomber. Au niveau de Tignes, la route est trempée. La descente est délicate, le revêtement moyen.
Pendant ce temps, d'autres participants viennent de quitter Bonneval sur Arc! Ils n'ont pas eu la chance de voir l'Iseran de jour et pour eux, la fatigue vient de les rejoindre. Je cite ici, ce que dit, Janis, une jeune participante de 24 ans et qui est très réaliste de ce qu'on peut vivre sur le Paris-Brest-Paris...
Lisez-bien, Janis va rester avec ce participant...
Revenons dans la descente et à Seez, il fait chaud avec les 14 degrés relevés sur le compteur! A Bourg Saint Maurice, on va dire que c'est l'été avec 16 degrés et je retrouve une bonne partie des randonneurs (Christophe, Sylvie, Bertrand, Marc...) attablés en terrasse au Mac Donald!
Ils n'ont pas eu le choix, le restaurant est en réfection, le drive est le seul moyen de diner ici. L'avantage de manger dehors est qu'il y fait quand même frais et cela nous incite à ne pas trainer...
Sylvie et Bertrand ont presque fini et repartent avant moi avec Christophe. Je vois Bernard passer, puis un autre randonneur, tout à l'air de bien se passer... Chacun déroule sa feuille de route à sa manière...
Je repars seul vers Moutiers sur cette route à la circulation faible. Il commence à pleuvoir. J'attends le tunnel du Siaix pour m'habiller et ne pas tremper mes habits. J'arrive à Moutiers sous une pluie battante. Je traverse la ville, largement aidé par les précédents repérages, et au moment de prendre la route des tracteurs vers Aigueblanche, un cyclo surgit avec sa frontale! C'est Alain! Il a perdu un groupe qui est soit devant soit derrière. Complétement trempés, nous allons rallier Albertville ensemble...
Nous roulons à bon train. Il faut dire que je viens d'être piqué par le virus du rattrape-tout! Il me semble effectivement voir devant une lumière rouge qui clignote mais que je n'arrive pas à rattraper. Finalement, elle ne sera peut-être qu'une hallucination ou qu'un désir de ne plus rouler seuls car nous ne parvenons pas à la rattraper...
Il ne pleut presque plus quand nous arrivons à Grignon. Sous un éclairage public, je quitte mes vêtements de pluie et je remets mes chaussettes. Nous reprenons la route et plus nous roulons, plus je suis étonné de voir Alain parler. Nous passons Aiton, mais à Bourgneuf, je dois m’arrêter pour me reposer, je baille à me décrocher la mâchoire, j'ai sommeil...
C'est ici que la galère va commencer avec une nuit qui ne vas pas finir, des arrêts inutiles et à répétition. J'ai dit à Alain de filer et tant bien que mal je continue. Je retrouve Yann à Détrier qui n'est pas plus vaillant que moi. Direction le Crédit Agricole de Pontcharra pour y faire un somme, mais la porte est fermée. Yann, presque de mort de fatigue s'allonge sur le pas de la porte et je m'assois contre le mur, la tête entre les mains. Je ne sais pas si nous aurons assez de force pour aller au dernier contrôle ensemble, à quatre kilomètres, je signe alors sa carte...
Mes souvenirs sont ensuite bien vagues: Avons nous roulé ensemble ? Où nous sommes nous séparés ? Mais en tout cas, nous n'étions pas ensemble quand je suis entré chez le boulanger de Crolles pour lui demander un café!
- Mais vous faites du vélo la nuit ? Moi aussi, j'ai fait du vélo quand j'étais jeune, j'allais à la Mure, et ça roulait bien
Je n'ai pas répondu, mais là, je ne roule plus, je suis fatigué! Ce café, ne m'a même pas réveillé! A Saint Ismier, j'étais encore en train de marcher à côté du vélo pour essayer de me changer les idées !
J'ai peu de souvenirs de la traversée de Grenoble, mais en ouvrant la boite aux lettres, j'ai vu que tout le monde était bien arrivé (ou presque)...
J'ai eu mal aux yeux en allumant la lumière de l'appartement. Une fois le vélo posé, je me suis endormi, rejoint par cette fatigue que je n'arrive pas à maitriser... Je suis descendu pour prendre les dernières cartes, les compter, prendre en compte les abandons et que personne ne manquait!
Ouf!
J'ai bien dormi! Quelques heures plus tard, je suis allé à l’hôtel Victoria pour donner les médailles commandées aux randonneurs. Le gérant m'a annoncé que ses clients étaient bien arrivés et que.. j'avais l'air fatigué!
L'après-midi, j'ai fait une sieste de cinq heures, plus une nuit de neuf heures par derrière. Faites du cyclotourisme, c'est bon pour vous régaler de paysages et pour dormir... Les homologations ont ensuite mis du temps à cause de congés du club homologuateur et de l'organisateur qui a -bien entendu- continuer à rouler sur des distances plus courtes...
Je n'avais pas prévu initialement de programmer ce brevet l'an prochain! Mais à la demande de certains randonneurs et voyant que le parcours initial par le col du Galibier n'avait pas pu avoir lieu cette année, j'ai proposé de le rajouter au calendrier, le second weekend d'Octobre 2015... J'espère vous y retrouver...
Autres ressources sur ce BRM:
Le récit d'Aymeric
Le récit de Janis
Le récit de Bastien
Le récit de Pascal (lien à réparer après confirmation...)
Le récit de Laurent