Samedi 16 Mai et Dimanche 17 Mai 2015
Compte Rendu du BRM de 600 kilomètres
Les Trois Bijoux
Voici les résultats définitifs du premier BRM de 600k qualificatif pour PBP 2015 organisé à Grenoble les Samedi 16 Mai et Dimanche 17 Mai 2015. Si ce brevet est le premier de 600k, il va aussi être le dernier brevet obligatoire nécessaire pour se qualifier à Paris Brest Paris 2015, offrant ainsi la possibilité aux randonneurs de se reposer avant de pédaler en Bretagne en Aout 2015... Ils vont ainsi pouvoir profiter de la solitude en montagne avant de se retrouver dans un océan bouillonnant de randonneurs, venus de tous les pays, sur les routes bretonnes...
- 64 inscrits
- 6 non partants Causes: Plus envie de faire les qualifications pour PBP, incertain sur les conditions météo et jeu important dans un jeu de direction...
- 7 diagonalistes
- 19% des randonneurs partants déclarent faire leur premier 600k de leur vie! Et certains ne sont pas ici pour PBP, mais juste pour le plaisir de faire un brevet de 600k... Bravo...
- 2,9% des randonneurs partants déclarent avoir découpé le brevet de 600k en deux étapes en dormant dans une chambre d'hôtel réservée...
- 100% de ces randonneurs qui ont dormi ont bien réussi le brevet...
- 1 vélos horizontaux
- Age des participants: de 34 ans à 68 ans soit une moyenne d'âge grossièrement établie à 51 ans...
J'avoue moi-même avoir sous estimé ce brevet! Après l'avoir repéré trois fois les années précédentes, sur différents itinéraires et avec le calendrier qui a avancé, je me suis retrouvé face à moi-même quand je me suis dit, en m'habillant à 2h20 du matin, le samedi 16 Mai 2015:
- Mais est-ce que tu te rends compte que tu pars pour 600 kilomètres là ?
- NON !
Au moins, je ne me suis pas stressé par le parcours, je l'ai en tête. Je n'ai pas non plus été stressé par la météo, me méfiant d'elle avec les prévisions parfois alarmistes... Mais je me suis demandé quand même de me souvenir de ce jour du mois d'Aout où j'avais passé le Col de la Croix Haute dans le brouillard et où ensuite le mistral m'avait fait pédaler sur le petit plateau sur le plat vers Cairanne en voyant juste afficher 12km/h sur le compteur... J'ai quand même pris mon petit déjeuner, car les randonneurs m'attendaient Place de Sfax... Dans l'ascenseur, j'étais quand même content d'en finir avec cette obligation de faire des brevets de randonneur pour se qualifier à PBP... Content d'en finir ? Mais il faudrait peut-être réussir! Sinon, il faudra le refaire dans quinze jours. Après cette réflexion, je me suis motivé à 800% pour le finir en 39h59, quitte à ramper sur l'avenue des Martyrs pour rejoindre l'arrivée...
C'est devenu une habitude, en arrivant à 3h05, je rencontre le premier randonneur, distribue la première carte de route après avoir contrôlé les éclairages, et... ainsi de suite... En un peu plus de trente minutes, les cartes sont distribuées, un randonneur est absent, je confie sa carte à un randonneur et je file changer de vélo...
Avec Bruno, nous pédalons tranquillement sur la voie verte en contenant Marcel qui file devant nous... Étrangement, mais avec réalité, nous restons groupés jusqu'à Vif... Après, la côte du Serf de Vif a fait son travail...
...rapidement suivis par Joël et Philippe qui vont rapidement me dépasser... Eric est prudent! Venu de Lyon et devenant très fidèle aux brevets, il a bien apprécié le 400k et le voici, seul de son club, sur une aussi longue distance...
Le jour s'est levé en arrivant à Monestier de Clermont. Il a oublié de se dévêtir et nous présente ses nuisettes de nuages dont on se serait bien passé...
Au col du Fau, nous n'avons pas encore la tête dans les nuages, mais il ne faudrait pas monter au rocher du Baconnet... Un randonneur revient en sens inverse et me signale son abandon... Déjà? Oui, il ne se fait plus plaisir... Je l'invite à venir avec moi, on partagera la chambre d'hôtel au besoin... Mais non, son esprit est ailleurs... Il faut dire qu'il vient d'être grand père dans la nuit, donc cela explique cela... Ce compte rendu est dédié à ce nouveau petit fils, qui a fait abandonner son grand père... Dans trente ans, quand il lira ces lignes, il aura peut-être une pensée pour son grand-père...
Dans les toboggans entre le col du Fau et le Monestier de Percy, je suis repris par Brigitte et Franco... Cette photo illustre bien la situation des nuages qui ont délibérément choisi de nous suivre pendant le brevet...
Même si la route est complétement sèche (phénomène étonnant avec toutes les pluies d'hier, mais qui montre le travail du vent du nord qui a tout séché), l'atmosphère est bien humide...
Une nouvelle fois, le passage du Col de la Croix Haute sera fidèle à sa réputation: Faire changer le temps! Nous le passons dans un épais brouillard et les premiers mètres de descente apparaissent comme une libération: Plus trop besoin de pédaler, mais plus trop besoin de composer avec les nuages... Ils sont restés en Isère... Et voilà...
Par contre, nous sommes poussés par ce vent. Globalement, la sensation est bonne car dans le dos, ça va bien et je réfléchi en pensant à la citation des randonneurs anglais: With a nice tailwind! Ça veut tout dire...
Côté météo, c'est splendide! Les pluies de ces derniers jours ont donné un coup de punch à la végétation avec sous le ciel bleu, un décor de carte postale qui s'offre à nous... En plus, il fait frais, les pollens ne sont pas encore trop actifs, donc c'est génial... Comme cela, je ferai des milliards de kilomètres...
Après avoir laissé Bruno, je m'arrête à Serres dans une boulangerie... La presse évoque le déneigement délicat du Galibier en évoquant des situations dantesques la veille... A mon humble avis, si c'était vraiment la tempête, ils auraient pu retarder le déneigement...
Je marque une seconde pause pour passer en tenue courte à Eyguians... Alors que j'enlève mes jambières, une voie me dit:
- Il y a de l'eau là, pour vos bidons!
- Merci mais je n'en n'ai pas besoin...
- Vous faites partis du groupe là?
- Oui
- Bah dites donc, vous allez loin, j'ai rencontré un ancien collègue de travail qui part pour six cent kilomètres...
- C'était qui votre collègue de travail (par curiosité) ?
- Marcel! On était cheminot
- Effectivement, nous sommes voisins...
Passage à Laragne, premier contrôle où les randonneurs ont établi leur quartier général dans une boulangerie... Nicolas passe en tenue d'été...
Tout comme Alain et Florian... Mais j'apprendrai plus tard que là, ils ne cherchaient pas spécialement une boulangerie...
La route est quasiment plane avant de s'enfiler dans les Gorges de la Méouge... Cette route, c'est toujours une invitation! Avec sa faible déclivité, elle invite à ce qu'on la remonte... Comme c'est une vallée que l'on remonte en journée, on y trouve un petit vent dans le dos qui nous pousse... Pas mal...
Je ne regrette pas d'avoir découvert cette route et cet itinéraire jusqu'à Sault lors d'une ancienne Fleche Vélocio qui s'est finalement soldée par un abandon collectif. Si c'est un mauvais souvenir, c'est en revanche une belle découverte et un beau partage pour ce brevet de 600k...
D'ailleurs, Didier, nouveau venu dans la grande distance, premier 600 pour lui aussi, me demande si j'ai joué chez Ubi Soft pour tracer ces paysages sur une playstation... Je n'ai pas voulu répondre, mais Ubi Soft me rappelle ce que je faisais jadis sur l'Amstrad...
Bruno est adepte des BRM de Bourg en Bresse! Il découvre ce parcours et là, il est question de biscuits... Ça va forcément bien...
Pour Didier, c'est clair! Une strie dans la montagne équivaut à un milliard d'année... Il suffirait de les compter pour savoir l'âge des Gorges de la Méouge...
A force de discuter, nous étions suivis par un autre randonneur... Désolé mais je ne l'ai pas reconnu...
Au bout de 162 kilomètres, voici l'arrivée à Sédéron... Connaissant le parcours et voyant peu de ravitaillements d'ici Sault, je préfère pique niquer en prenant une pizza aux anchois à la boulangerie, un sacristain et une cannette de Coca Cola...
Assis au soleil, sur la route des randonneurs, je vais voir passer Jean, suivi par Christophe, Bruno et toute la petite équipe de la Team Mont Ventoux...
Cette fois-ci, il fait grand jour au Col de Macuègne... Comme les randonneurs sont formidables, ils prennent ici à gauche en direction du Col du randonneur vivant...
Si on parle des nouveaux randonneurs, on ne doit pas oublier Robert... Pour lui, c'est son premier 600! Quand je lui ai dit que je pensais revenir à 19h49, il m'a dit que lui espérait arriver un peu plutot! Normal, il roule fort...
Après une petite halte au Col de l'homme mort, nous avons négocié prudemment la descente sur le plateau d'Albion avant d'arriver à Sault... Remplissage des bidons, j'ai filé en signalant la petite route de Saint Hubert, le lieu du prochain contrôle...
La route en direction d'Apt s'élève progressivement mais surement vers le prochain contrôle de Saint Hubert... Elle permet aussi de voir le Ventoux de loin...
Arrivé à Saint Hubert, je fais la jonction avec Yvon et Patrick. Ils viennent d'arriver et je pointe leurs cartes de route... A mon tour, je suis repris par la Team Mont Ventoux... Nouveau pointage des cartes de route et chacun file dans la descente...
Pour le moment, tout va bien... Nous filons vers le sud avec le vent dans le dos, toujours dans le dos... Mais il arrivera bien un moment où cette situation de délire éphémère va nous quitter... Après Saint Hubert, la route n'est pas en bon état, la descente est parfois un peu raide et dans un virage, je vois les cyclos de la Team Mont Ventoux arrêtés... Un randonneur vient de chuter... Voici le problème de ce brevet, relayant finalement dans les oubliettes l'éventuel problème du vent... Nicolas a chuté seul dans un virage... Le groupe de Brigitte s'est arrêté... Un automobiliste avait déjà appelé les pompiers... Nicolas a perdu un peu connaissance lors de la chute et Christophe, qui roulait avec lui à cet instant, est fidèlement resté avec lui... Cette perte de connaissance est plutôt un genre de malaise vagal et Nicolas se plaint du genou. Je conseille au groupe de Brigitte de filer, de continuer leur périple, je vais rester ici avec Christophe pour assister Nicolas...
Quelques instants plus tard, alors que le silence était revenu sur cette petite route, j'avais fait allonger Nicolas à l'ombre, les randonneurs ont continué à défiler, un par un... J'ai eu la surprise de voir le groupe de Florian, puis Pascal et les autres... Je les croyais loin devant, mais avec les problèmes techniques, ils ont été retardés...
Le silence a vite été troublé par l'arrivée, toute sirène hurlante, du premier véhicule de pompier, d'un second et d'une patrouille de gendarmerie...
La tension de Nicolas a été prise par terre, pendant que la fauvette continuait de zinzinuler gaiement dans les fourrés environnants... Puis Nicolas fut chargé dans le camion... Je ne sais pas ce qui s'est dit, mais un médecin pompier est rapidement sorti en demandant:
- Il vient de Grenoble, il est obligé de valider ce brevet de 600k... C'est quoi cette histoire?
Le gendarme, est intéressé par cette question et ces deux personnes sont finalement ravis de me trouver là pour expliquer ce brevet... Je dédramatise la situation en expliquant à quoi sert ce brevet, mais en expliquant qu'il n'y a pas obligation de résultats et qu'il y aura d'autres brevets... Un autre pompier a écouté, lui fait du trail... Il prépare l'Ultra Trail du Mont Blanc et nous sommes finalement d'accord pour dire qu'on a chacun notre Paris Brest Paris... Le pompier est finalement satisfait d'entendre que ce n'est pas une course et il remonte dans le camion...
On aperçoit Nicolas, en train de rigoler à l'intérieur... Dehors, la tension est retombée et un gendarme essaye le vélo couché de Nicolas... Il ne semble pas à l'aise dessus, pourtant la couleur bleue du vélo couché rappelle étrangement celle de la Clio de la gendarmerie. Un des deux gendarmes est sportif... Avec l'accent de Marseille, son collègue explique:
- Méfiez vous, il pourrait repartir avec...
- Et vous? vous ne voulez pas essayer le vélo, et venir avec nous en Ardèche?...
- Quoi ? moi le vélo ? jamais de la vie...
Revenons dans le véhicule sanitaire où Nicolas vient de signer une décharge pour repartir sur le brevet... En tant qu'organisateur, je suis invité à signer cette décharge et je me fixe comme objectif de rester avec Nicolas... Et pourquoi pas de finir le brevet avec lui? Après tout, j'ai réservé une chambre d’hôtel avec un grand lit, nous pourrions être deux et finir le brevet en 39h59mm...
Après une heure d'arrêt, nous en profitons pour repartir... Nicolas a mangé, nous aussi, histoire de remettre un peu de carburant dans nos organismes arrêtés et Nicolas se plaint encore du genou...
Arrivé à Mallemort du Comtat, il téléphone à ses copains couchés qui sont devant... Eux ne se plaignent pas du genou... Mais ils sont dans la réalité du brevet avec un sacré vent... Celui que j'avais appelé un tailwind agréable vient de montrer son vrai visage...
Après avoir fini le contournement de Carpentras par la balade vigneronne, nous arrivons à Aubignan...
Comme pendant les repérages, et en devinant ce qui peut nous attendre jusqu'à Sainte Cécile les Vignes, je nous conseille de nous arrêter dans une supérette pour manger un peu...
Nous avons pas mal parlé de Nicolas, randonneur expérimenté, mais intéressons nous un instant à Christophe! Nouveau venu dans la longue distance, il grignote les BRM de Grenoble depuis quelques années et le voici, lui aussi sur son premier six cent kilomètres... Il va le réussir et cette photo va être une des dernières de lui, car il va filer en tête...
En repartant d'Aubignan, nous apprécions les maisons pour nous protéger de ce vent qui nous cherche par tous les moyens... Près d'une fontaine, je vois le groupe de Florian arrêté et vers Vacqueyras, nous voici contre l'ennemi invisible. Sous le grand soleil, une rafale par ci, une rafale par là... Si vous roulez la bouche ouverte, le vent risque de s'engouffrer dans la bouche et de vous provoquer une crise d’aérophagie... Couché sur le vélo, pour essayer de lui donner le moins de prise, je cramponne le guidon.. Nous sommes repris par le groupe de Florian. Expérimentés en roulage en équipe, c'est Alain qui mène le train. Avec son maillot du Raid Extrème Vosgien, c'est forcément une valeur sûre. Alors, après avoir décroché, j'en remets une couche pour les suivre et me voici derrière Bruno... Ce n'est pas facile de rouler en groupe, il faut cramponner son guidon contre le vent, surveiller le pédalage de celui qui est devant, mais le résultat est là, nous pouvons rouler à 14km/h... Je prends un relai, j'ai l'impression de me prendre tout le vent de face... Vidé, épuisé par ce roulage, je quitte volontairement le groupe avant Cairanne après que Florian ait tenté de me récupérer...
C'est après Cairanne que je trouve un autre Christophe, arrêté derrière un arbre et finalement en roulant à 9km/h sur le plat, je me dis que je serais mieux en marchant à pied à coté du vélo!
C'est chose faite! ça fait du bien de marcher à côté du vélo, de l'utiliser comme une canne, lui qui est ma béquille...
Ça va bien et comme ma vitesse est quasiment nulle, je me fais reprendre par Christian. Lui en a marre... Le téléphone sonne. Jackie m'annonce son abandon, tout comme François... A Sainte Cecile les Vignes, je me réfugie dans une banque pour être au calme et confirmer la réservation de mon hôtel et en mentionnant le retard certain. Je téléphone aussi à François pour lui redonner confiance, mais il a déjà pris sa décision...
Je continue seul en reprenant confiance après Sainte Cécile, car le parcours s'aventure en forêt et abrité dans les côtes, j'arrive à faire afficher 22km/h dans les courtes descentes. Ceci dit, les routes D50 et suivantes ont pas ou peu de bandes latérales, donc il faut faire attention quand on se déporte sur la chaussée...
Le vent redouble de violence après Saint Paul trois Chateaux... Je pense me ravitailler à Bourg Saint Andéol afin de couvrir les 80 kilomètres qui me restent avant d'aller dormir... Ainsi va mon plan de route... Mais l'idée de m'attabler dans une pizzéria m'enchante guère, je préférè réduire mes temps d'arrêt...
Juste aux alentours de Pierrellate, je tombe sur une boulangerie Marie Blachère... Il est 19h28... J'ignore à quelle heure elle ferme, mais je tente le coup. Le temps de pénétrer dans la zone commerciale, de poser mon vélo et de pénétrer dans la boulangerie, il est 19h31 et la serveuse me dit que c'est fini... Je demande juste une part de pizza, celle-ci au chèvre et une part de tarte en dessert... Son assistante encaisse ma carte bleue et la première serveuse revient avec une tarte de 28cm de diamètre dans un emballage en carton... Comme si j'étais huit...
- Mais je voulais juste une part de tarte, pas une tarte entière...
- J'ai mal compris, mais c'est la dernière qui nous reste...
- Que vais-je faire avec tout cela ?
- Donnez là aux voisins ?
Le temps de cette discussion, trois autres client se sont engouffrés dans la boulangerie et à 19h45, il faut savoir dire stop, le rideau se ferme... Je mange la pizza dehors, sur une table à l'abri du vent et je découpe la tarte en quartiers pour l'emmener dans les sacoches et en poches... De loin, je vois Patrick passer, je l’interpelle pour qu'il viennent manger de la tarte mais le vent a raison de ma voix et il file...
La pause a duré à peine 20 minutes, me voici en train de travailler à Bourg Saint Andéol pour repérer les prochaines questions secrètes pour 2016 et 2017 (?) et j'attaque directement la montée vers Sainte Remèze... J'ai vu le groupe de Florian arrêté dans un bistrot, café à la main...
Au terme de la montée, qui apparait comme une première victoire contre le vent, je fais la jonction avec Patrick...
...puis Nicolas qui monte tout doux... Son genou lui fait mal, il prévoit de consulter un ami médecin à lui à Ruoms dans quelques heures pour avoir un avis sur sa capacité à continuer...
Dans la descente vers Vallon Pont d'Arc, il commence à faire frais. Je m'arrête dans un bistrot pour prendre un café, remplir mes bidons et mettre mes jambières... Je reste en court sur le torse pour ne pas avoir trop chaud, je crains en effet de m'endormir, le cas échéant...
Il fait quasiment nuit quand j'arrive à Vallon et je retrouve Patrick et Yvon... Eux cherchent le chemin, je me suis encore trompé en ne prenant pas le chemin le plus direct...
Entre Vallon et Ruoms, nous roulons ensemble, mais je sens que Patrick et Yvon n'ont qu'une seule envie, celle de remonter le groupe de Florian qui roule devant nous...
Le rythme s’accélère, nous les retrouvons, mais je décroche car je suis dans le rouge...
A Vogué, je compte les kilomètres jusqu'à Aubenas, je fatigue après une journée de trois cent cinquante kilomètres de pédalage...
Je traverse Aubenas sans encombres. Puis après Vals les Bains, la route s'élève vers le Col de Mézilhac... Mon hôtel est dans un des premiers villages, j'ai prévu d'y arriver vers 2h30... Je retrouve Cyril qui ne tarde pas à me dépasser et...
...je suis soulagé quand je vois ce panneau dans le noir... Il annonce mon hotel, qui doit être la première maison à gauche... Suivant les instructions pour rentrer, je suis finalement le seul vélo droit à dormir ici, l'hôtel étant envahi par les vélos couchés...
J'arrive dans la chambre et sur la table, voici le petit déjeuner pour demain ou dans quelques heures...
Et ça, ce bon lit, c'est pour maintenant! Même pas de douche, je m'enfile dans le lit pour deux bonnes heures de sommeil...
J'avais prévu deux réveils, mais le premier a bien fonctionné. Rapidement me voici douché et attablé devant la télé pour prendre le petit déjeuner... L'appétit est bon, le café n'est pas tellement chaud, mais ça va aller...
En sortant de l'hôtel, c'est le silence... La route s'est vidée de tous les randonneurs, je dois être le dernier et je vais la désagréable constatation que maintenant... il pleut... Le Col de Mézilhac est dans la brume et je prévois de bâcher plus loin...
Après avoir dormi deux heures trente minutes, le pédalage est bon. Je monte le col à 13km/h, vent de face dans le pif par moment... La pluie disparait, la route n'est même pas trempée...
Je m'arrête rapidement au Cheylard pour prendre un café et je continue vers Saint Julien Boutières... Cette montée n'est pas raide, mais longue, elle annonce l'arrivée à Saint Agrève...
Passage rapide à Saint Agrève en milieu de matinée pour prendre une barquette aux marrons et me voici au Col de Clavières...
Il fait frais! La route file plein nord et à 1000 mètres d'altitude, le vent de face n'a pas dit son dernier mot. A Devesset, le téléphone sonne pour me signifier un nouvel abandon... Je suis repris avec surprise par Christian... Nous allons rouler ensemble quelques mètres avant qu'un vélo du dimanche matin nous double, entrainant avec lui Christian qui disparait au loin... Avec plus de quatre cent kilomètres dans les jambes et deux heures de sommeil, je pense que ce cyclo a du bien dormir... Bref, je roule seul à nouveau, à mon rythme, me fixant comme but d'arriver ce soir à 19h49...
Un randonneur me fera savoir ultérieurement qu'on a passé un autre col lors de la montée au Col du Rouvey: Voici le Tracol...
Ensemble, nous allons passer au col des baraques et ici, au Col du Rouvey, le point culminant du parcours!
...et une bonne tarte au chocolat... Attention, le brevet de six cent kilomètres n'est pas. Christian et moi, nous jouons ici notre place de qualification...
Après Saint Vallier, nous voici à une centaine de kilomètres de l'arrivée... Je suis en guerre avec les pollens qui me font éternuer et une envie de fermer les yeux pour dormir... Je laisse Christian filer...
J'ai tenté une pause pour faire une sieste, mais ce n'était pas la bonne solution. Je continue en me fixant des objectifs de progression à 19km/h pour me présenter à Roybon, à Varacieux, au bout de la piste pour tenir le délai de 39h49 sur les 40 alloués... Réalisable ou pas ?
Après Roybon, nouvelle montée... Pendant l'avant dernier repérage, je me rappelle être passé ici à 00h30 pour arriver dans la nuit à Grenoble. Les 19h49 devraient être tenus, mais attention...
Les dernières côtes sont bien passées et finalement, je suis arrivé seul avec un peu d'avance sur mes prévisions... Passage devant la boite aux lettres, montée dans l'appartement pour prendre les clés, compter les cartes...
Je pensais Christian arrivé depuis longtemps, mais non, il est arrivé juste après moi, suivi par Guy... Tous les randonneurs sont bien arrivés dans les délais ou après avoir abandonnés. Nicolas a finalement abandonné à Ruoms après avis de son médecin et un randonneur finira le périple hors délai, mais en revenant au point de départ en ayant suivi le parcours...
Pour terminer ce récit, voici quelques impressions de participants...
Et d'autres ressources sur ce BRM:
Le récit de Brigitte
Le récit de Florian
Le récit de Bruno
Le forum des vélos couchés
Le forum Super Randonneur
Merci à toutes et tous pour votre présence et vous voici maintenant qualifiés... Certains vont doubler ce brevet... Bonne route et bon repos...