Samedi 17 Janvier 2015
Tout à gauche, premier BRM 200k
The Willy Warmer...
Et si j'allais voir un peu plus loin...
Depuis que je fais du vélo, faire une distance de deux cent kilomètres est devenu, malheureusement ou heureusement, une habitude et une journée de vélo... Cette année 2015, comme je vais organiser trois brevets de 200 kilomètres dès la fin Février, je n'aurais peut-être pas le loisir d'en faire un avec les participants si la météo est mauvaise ou si je suis fatigué... Aussi, j'ai voulu aller voir plus loin et faire, en dehors de mes organisations, un brevet de deux cent kilomètres...
Où aller? Pour faire un brevet de deux cent kilomètres, il me faut aller à la Réunion (!) ou alors en Angleterre! C'est justement au pays de la Reine et du Thé qu'est organisé un tel brevet. Il s'appelle le Willy Warmer!. Willy est le début du nom du club organisateur (Willesden Cycle Club) et Warmer pour essayer de réchauffer le mois de Janvier dans l'esprit cycliste et enterer le bonhomme hiver... Je n'avais pas compris tout cela lors d'une rapide lecture du calendrier en voulant m'engager sur le Willy Farmer... Les anglais ont bien rigolé lors des discussions sur les forums des randonneurs...
Ajouter à cela, la proposition d'Andréas, randonneur Allemand, rencontré pendant PBP 2003 et participant à un brevet de 300k en 2014 à Grenoble, qui m'a motivé pour y aller... L'organisation commence dès la fin novembre! Achat des billets de train et réservation de l'hébergement... Trouver un B&B n'est pas facile, les prix sont prohibitifs (120 Euro la nuit) et partir le matin de bonne heure n'est pas apprécié... Les hébergements pour cyclistes sur Warmshowers n'ont rien donné, les volontaires étant en congés au ski à cette période. Il nous reste l'Auberge de Jeunesse toute proche ou alors un hôtel à réservation automatique. C'est cette dernière alternative que nous avons choisie, Andréas ayant recruté, Jorgue, un autre randonneur Allemand...
Concernant la météo, c'est l'incertitude jusqu'au dernier moment! Si le temps est mauvais au moment du brevet, je renoncerai et irai flâner à Londres. Ça tombe mal pour moi, c'est le moment des soldes et je déteste déambuler dans les magasins...
Pour y aller, j'ai choisi le train! TGV jusqu'à Paris, valise avion dans le bus RATP et Eurostar ensuite!
La valise avion, sur son support à roulettes pour faire... plein de kilomètres et visiter la planète terre...
Après les attentats de début Janvier, circuler avec un vélo dans une valise avion n'est pas commode. J'ai été beaucoup regardé... Dans l'Eurostar, il faut faire enregistrer son bagage et payer un supplément. Il est possible d'enregistrer un vélo non démonté dans l'Eurostar, sans sacoche pour le prix de 30 Euros et d'utiliser une valise pour un vélo démonté auquel cas le coût n'est que de 15 Euros. C'est donc ce second tarif auquel je vais être assujetti...
Au moment de l'enregistrement, il m'a été demandé ce qu'il y avait dans la valise ? J'ai répondu honnêtement et il m'a été demandé 30 Euros. J'ai bien évidemment refusé, mentionnant ce que j'avais lu sur le site Eurostar.
Le bagagiste m'a alors répondu que j'étais mal élevé (Merci...), que je voulais fixer le prix moi-même et que de toute façon, il était trop tard pour faire enregistrer le gros bagage, donc il partira plus tard, quand ils auront le temps... Charmant accueil... J'ai finalement payé les 15 Euros par carte bleue et j'ai signalé l'accueil reçu aux hôtesses Eurostar...
On m'a répondu que le problème allait être remonté, qu'un manager allait finalement faire embarquer ma valise dans mon train et qu'ils s'excusaient pour cela. En discutant dans la queue pour passer la douane avec une hôtesse, j'ai appris que le service bagage n'était pas toujours au top et je passerai la suite de la phrase que je voulais écrire...
Finalement, le bagage n'a pas circulé avec moi, j'ai du attendre l'Eurostar suivant à Londres, une occasion pour moi de flâner pendant 2 heures à Londres... Pendant tout ce temps, les minutes passaient et je suis arrivé à la nuit à l'hôtel...
En hiver, en Angleterre, il fait nuit à 16h30! Bon sang, j’ai intérêt à rouler... vite. Faire deux cent kilomètres entre 8h00 et 16h30 n'est pas possible pour moi, donc, il me faudra rouler de nuit après-demain...
J'ai profité du lendemain pour visiter Londres! C'est parti pour un marathon...
En Angleterre, c'est simple pour manger! Dans la plupart des restaurants, les cartes incluent le plat, sa composition, son prix mais aussi sa contenance calorifique... Un pudding et un steack, ça vous dit ?
Finalement, Londres m'a saoulé! Ras le bol de ces grandes villes... Je ne suis pas le seul à en avoir marre, lui s'est carrément endormi au volant...
Le matin du brevet, Andréas et Jorgue ne déjeuneront pas ! Ils se contenteront de toasts pris au départ, ce qui est insuffisant pour moi ! Dès le réveil, je file donc au Mac Donald tout proche, ouvert 24h/24, pour prendre un big breakfast et deux apple pies !
C’est ça, la petite Amérique, ici tout est ouvert, même la nuit ! Besoin d’une coque pour un téléphone portable, besoin d’un steak haché à trois heures du matin, pas de problèmes ! Sauf peu- être pour les salariés ?
En partant pour rejoindre le départ, Jorgue nous recommande la plus grande prudence, la route est toute givrée… Dans la nuit, je m’accroche derrière Andréas, surpris de me faire frôler par la DROITE et devant raser le côté GAUCHE ! Nous arrivons au départ pour trouver une poignée de randonneurs qui ont dormi sur place cette nuit !
Après avoir pris un biscuit, puis un deuxième, nous partons avec Andréas et Jorgue.
Il fait encore nuit. La route est givrée et non pas gelée. Il faut faire attention en passant sur les bandes blanches, les pneus crissent en roulant dessus, je n’appuie pas sur les pédales! Le froid ne tarde pas à m’envahir. Avec mes gants de soie et ma paire de moufles, je perds la sensibilité de mes pouces! Je les rapproche des autres doigts pour ne faire qu’un seul paquet de doigts dans la moufle et je tiens le guidon comme je peux! Impossible comme cela de faire des photos. De toute façon, je n’en ai pas envie et regrette d’être venu pour rouler ici, dans des conditions aussi froides. Je réalise alors qu’un BRM 200 peut ne pas être facile et surtout pas gagné d'avance... Mais il faut faire face, le jour finira bien par se lever. Le passage à proximité de l’hôtel me tend les bras à abandonner, je suis dépassé par un un groupe qui roule fort, nous les suivons quelques instants avant de les laisser filer...
Pour le froid, Jorgue me donne un conseil en haut d’une cote où nous attendons Andréas:
- Il suffit d’avoir une paire en plus ! J’en ai trois paires...
Le jour s’est maintenant levé. Nous circulons sur des good roads comme disent les anglais. Il faut comprendre des routes dont le revêtement n’est pas spécialement bon, mais où les automobilistes circulent moins vite que sur les grands axes. Cela ne nous empêche pas d’être frôlés (par la droite évidemment!) par des gros véhicules, style 4x4 ou cruiser... Le lever du jour amène avec lui une baisse des températures, le ciel se couvre et il commence à neiger... C’est rigolo, car les flocons tiennent sur la sacoche de guidon mais fondent sur la chaussée... En effet, avec la vitesse (relative quand même), la sacoche est soumise au froid... La météo n’avait pas prévue de grosses chutes de neige et à l’horizon, le ciel bleu s'annonce...
Ça va de mieux en mieux, car le jour s’est levé, la lumière est revenue et les premiers rayons de soleil apparaissent... C’est maintenant agréable de rouler dans la campagne anglaise. Je me surprends m’être bien habitué à rouler à gauche... Par contre, prendre un rond-point en plein à gauche est vraiment impressionnant...
Nous arrivons au premier contrôle de Pangbourne à 10h00. Le premier quart de la randonnée a été parcouru en trois bonnes heures. Imaginez-vous, aller de Grenoble à Saint Marcellin en 3 bonnes heures... Nous devons rentrer dans le coffe shop, prendre un autocollant sur une table et l’apposer sur la feuille de route pour attester de notre passage. En même temps, on s’offre un petit ravitaillement!
Le café est plein de cyclistes, les serveuses ne savent plus où donner de la tête et sur une feuille, les commandes sont prises... Il faut jongler entre les thés, les cappucinos et les café noirs...
A côté de cette boisson, je m’offre un bread pudding au chocolat et une part de gâteau au caramel! Je n’aurais jamais trouvé cela en France! Assis sur une petite table avec Andréas et Jorgue, je déguste le pudding au chocolat, bien consistant et tellement bon...
A table, je discute avec un autre cycliste qui me reconnait! Il me rappelle notre rencontre en Italie, lors d’un voyage itinérant à vélo! Effectivement, en 2008, nous nous étions rencontrés à 20h00, alors que nous cherchions un hébergement! Depuis Georges Hanna a bien changé, je ne l’aurais pas reconnu, c’est logiquement lui qui m’a reconnu. Il est reparti bien avant nous, je ne le reverrai pas de la journée...
En sortant du coffee shop, c’est la douche écossaise!
Il fait froid et je grelote! Je remonte sur le vélo. Avec une horde de cycliste, nous quittons Pangbourne par une longue montée qui va me réchauffer! C’est ici que je vais perdre Andréas et Jorgue, rendez-vous ce soir à l’hôtel... Je roule seul ou alors avec un ou deux cyclos dont Andrew. Lui n’est pas venu ici pour se qualifier à PBP, il ne le fera pas. Il connait l’épreuve et me dit juste une phrase qui la résume bien:
- PBP, the metaphor of the life...
Andrew est venu pour s’entrainer en vue de Londres-Paris, une course entre les deux capitales, à faire en moins de 24h, au début Juillet 2015. Il roule fort et ne tarde pas à me dépasser pour de bon...
À ce contrôle, le jeu de piste nous demande de donner la couleur des volets de ce pub et de l'écrire sur la carte de route...
White!
Après être reparti, une longue montée s'annonce. Un tandem m'a rattrapé. Nous faisons route ensemble avant de voir deux cyclistes arrêtés...
Andrew vient de crever des deux roues à la fois en passant sur un trou! Un cyclo s’est arrêté, il porte un maillot français de la Vendée mais est anglais !
Alors que je propose une de mes chambres à air à Andrew et que nous l'aidons à réparer, certains modes de déplacement sont increvables...
Jusqu’au prochain contrôle, je roule avec le cyclo anglais qui a aussi aidé Andrew. Il tient son maillot de sa femme, française, qui lui a offert. Après lui avoir dit d’où je venais, il m’a répondu que la Vendée était principalement plane... L’avantage de rouler et de discuter est que l’on avale les kilomètres sans s’en rendre compte!
Nous voici arrivés à Hungerford pour le second contrôle, le point le plus éloigné du parcours, une centaine de kilomètres à l'Ouest de Londres. Cette fois-ci, le contrôle de la mi-parcours est dans un salon de thé!
Je ne dois pas avoir changé, et c’est certainement pour cela que le contrôleur m’a reconnu! Incroyable, il se souvient avoir discuté avec moi au départ du Paris Brest Paris 2003. Quinze ans après, j’ai un peu honte de ne pas me souvenir de lui...
Dans ce salon de thé, je partage une table avec John, cyclo anglais, qui fait partie d'un tour opérateur pour cyclistes. Il est accompagnateur et emmène des groupes de cyclistes anglais en France...
Ma pause repas a duré une bonne demie-heure! Il est temps de repartir, et les autres participants continuent à arriver dont Andréas et Jorgue... Je repars dans une vague d’une dizaine de vélos... Le début de cette seconde moitié est agréable car nous traversons un terrain de golf. Cette belle verdure apporte une impression de quiétude, bien appréciable pendant un mois de Janvier... Le golf est délimité par des barrières canadiennes, comme sur la route du Col du Sabot... Mieux vaut les passer en descendant du vélo, pour éviter tout risque de chutes...
Le rythme est bon, je suis propulsé par les scones qui me donnent un bon coup de pédale, mais il faut avouer que le relief est moins prononcé qu’à l’aller et surtout que nous avons le vent dans le dos...
Vers quinze heures, nous arrivons dans un petit village où il nous faut donner le nom de l’église sur la gauche...
Rapidement, un autre groupe est arrivé dans le petit village... Nous profitons des toilettes publiques pour nos pauses techniques...
Je repars avec le tandem avec qui je fais le yoyo depuis ce matin. Leur rythme est soutenu et les voir devant moi me permet d’espérer une réussite de ce brevet en finissant assez tôt... Le tandem roule bien, et nous parvenons à remonter quelques vélos ici et là...
La route du retour est quasiment plane et je ne sais pas pourquoi, mais je m’imagine au retour du Paris Brest Paris. Complétement intoxiqué par cette randonnée, je me vois ici vers Le Louscoet sur Meu, de fortes ressemblances dans le paysage, mais avec de la luminosité en moins...
Effectivement, il est maintenant 15h00 et le soleil vient de se coucher... Dans une heure et demi, il fera nuit et nous ne serons pas encore arrivés! Peut-être serons nous au dernier contrôle... Bref, il n’y a pas de temps à perdre. La baisse de la luminosité vient d’entrainer avec elle, une chute des température, il fait maintenant froid...
Je m’aperçois que je vais devoir laisser filer le tandem car une contracture apparait dans mon omoplate droite! J’apprécie me redresser, faire des mouvements pour la détendre... Finalement, je vais m’arrêter, à gauche, pour composer d’un seul coup une pause technique, remettre une veste et me masser cette omoplate droite avec la main gauche... Quelques cyclistes me regardent en me demandant si j’ai besoin d’aide... Je reprends rapidement la route en m’interrogeant plus loin dans un carrefour. Un cycliste ne tarde pas à arriver et lui aussi s'interroge. Il faut prendre à gauche et suivre une petite route...
Je suis rejoint par quelques vélos qui roulent à mon allure. Celui-ci est en pignon fixe! Bien entendu, j’entame la discussion avec Adam... Il a quand même des freins sur son vélo... Nous poursuivons ensemble pour arriver au dernier contrôle, il fait nuit !
Le dernier contrôle de Winnersh a lieu dans une station de lavage de véhicules (car wash). C’est moins romantique que les salons de thé avec les belles théières et les napperons brodés...
Ici, on lave les 4x4 au karcher et cette ambiance annonce déjà la fin du brevet. Le fait de voir la nuit, un éclairage jaune dans cette station de lavage où l’on peut consommer, me rappelle le contrôle de Mortagne au Perche! En entrant, je m’y revois...
Certains cyclistes ont roulé roues dans les roues et les visages sont éclaboussés de boue et fatigués. Nous faisons la queue pour récupérer le précieux autocollant rouge et se ravitailler, à notre convenance...
Il reste une quarantaine de kilomètres à faire, comme de Vinay à Grenoble, sur un relief que je ne connais pas, et de surcroit, en pleine nuit...
A Winnersh, avec Adam, des Audax Club Hackney...
Nous repartons en groupe, les uns derrière les autres, éclairés avec nos loupiottes!
L’avantage d’être comme cela en troupeau, me fait oublier la navigation. Je roule et je suis les autres. Nous traversons une zone pavillonnaire avant de passer sur un pont. Une bonne heure après, nous sommes un groupe de 5 vélos quand l’un d’entre nous s’exclame :
- I’ve got a flat tyre...
Et une de plus! je ne compte pas toutes les crevaisons que j’ai pu voir ce samedi sur ces good roads qui sont plutôt des bad roads! Bref, nous restons avec lui, en l’éclairant avec nos éclairages sont un lampadaire. C’est le moment de discuter de vélo, de théières. Adam (un autre participant) m’interroge sur les brevets que j’organise à Grenoble avant de me dire qu’il a participé au mille du sud en 2012! Je n’y étais pas... La crevaison a été vite réparée, nous repartons...
Un cycliste nous a dépassé, je l’ai suivi car il essaye de remonter le groupe qui est devant lui. Je le suis et nous passons devant l’hôtel ! A partir d’ici, je dois repérer la route pour revenir ici dans une bonne heure… Je me colle derrière ce vélo avant de m’apercevoir que c’est Andrew !
Apres quelques hésitations, nous retrouvons visuellement l’endroit du départ et nous rentrons dans le community center ! Yes, I have done it !
Il y a du monde pour faire tamponner sa carte aupres de Peter… Nos lunettes se chargent de buées, il fait chaud ici… Je ne tarderai pas car Andrew me propose gentiment de me raccompagner à l’hôtel. En deux temps et trois mouvements, le vélo est chargé dans le land rover et je me retrouve à la place du conducteur français sans volant...
Le brevet est terminé, les vacances sont finies, le petit paris brest est bouclé! maintenant, une autre épreuve d’endurance commence: le démontage du vélo pour le rentrer dans la valise avion... En regardant les messages sur mon téléphone, je vois que Eurostar m’a annoncé les problèmes de fumées dans le tunnel, que tous les trains seraient annulés dimanche avant d’annoncer un trafic normal dimanche...
Le voyage du retour s’est fait à petite vitesse dans le tunnel sous la Manche. Je suis arrivé à Paris avec trois heures de retard, mais à minuit dix, je franchissais la porte de l’appartement. Il a fallu faire une bonne lessive, des vêtements et du vélo... Yes, it was wonderful!