Et voici un autre BRA... Si je suis fidèle à ses organisations depuis 1997, j'avoue que cette édition a été synonyme de précipitations et je ne pensais pas y aller. L'organisation d'un brevet de randonneur de 600k (de la dernière chance) pour permettre à une poignée de randonneur d'être au départ de PBP 2015 m'a fait douter sur mon inscription. Ajouter à cela une fuite d'eau à gérer pendant le samedi après-midi où j'aurais dû aller m'inscrire à Vizille et il n'était plus possible que je participe... Ajouter aussi un lumbago récalcitrant et je ne pouvais pas bien me baisser... Mais je me souviens de mon médecin qui m'avait dit que pour éviter les anti-inflammatoires et les décontractants musculaires, il me conseillait de faire tranquillement un tour du Vercors (300k) en utilisant tout le délai horaire (20h) et en m'arrêtant le moins possible...
C'est donc à la hâte que j'ai décidé de faire pour moi ce parcours du BRA... Pizza, cake à la pâte de dattes et riz au lait en poche, me voilà parti de Grenoble à 1h50 pour me glisser sur le parcours, sans plaque de cadre...
Avec l'éboulement du grand tunnel du Chambon, le parcours modifié m'enchante avec le col du Chaussy, mais ne m'enchante guère avec cet aller-retour dans la vallée de l'Eau d'Olle. Il faut préciser que je préfère les boucles aux aller-retour... Voici le nouveau parcours (original pour le BRA), tel que l'a enregistré mon GPS...
À Échirolles, je suis dépassé par Rodolphe qui me salut depuis son véhicule motorisé. Je le reverrai certainement tout à l'heure. En pédalant vers Vizille, puis dans la vallée de la Romanche, j'élabore tranquillement mon plan de route. Après tout, n'étant pas inscrit, j'ai toute latitude pour dévier à tout moment mais en essayant quand même de faire le Super BRA. Si mon plus beau Super BRA reste celui de 1999 avec la recherche du Col du Grand Cucheron, celui-ci présente une difficulté au randonneur. Il faut choisir l'option de faire ou non le Super BRA juste après Montvernier, soit en début de matinée... A ce moment de la journée, il est encore tôt pour dire si on est fatigué ou non et surtout bien malin celui ou celle qui pourra présumer d'un passage facile au Col du Mollard en ayant fait le Chaussy avant... Alors Super ou Normal ?
Faire le Super BRA devrait être possible, mais à condition pour moi de ne pas attendre Albiez Montrond pour déjeuner... Je mangerai donc une première partie de la pizza que j'ai en poche à La Chambre et la suite avec le riz au lait à Albiez en essayant de trouver une ou deux bananes dans l'épicerie du village si celle-ci est ouverte. Ayant déjà fait ce tour au mois de Mai 2015, je m'étais estimé heureux en ayant été le dernier client de la journée dans cette petite épicerie... Mais avec la période estivale, je trouverai peut être des bananes à Saint Sorlin d'Arves...
Bref, le temps de penser à tout cela, je me retrouve dans les derniers hectomètres de la côte de Livet, avant la grande ligne droite qui va me mener à Rochetaillée...
Depuis Vizille, je n'ai été remonté par aucun vélo, mais juste par des flots de voitures immatriculées un peu partout en France (50, 85, 40...). Soudain, je remarque devant moi une loupiote rouge... Elle devient mon lièvre, pas non plus inscrite sur le BRA. Je vais la perdre pour toujours au barrage du Verney, car là, ma vitesse ascensionnelle va réduire pour de bon... C'est à cet instant que j'ai dû être doublé par un des premiers au BRA qui nous a correctement fumé sur la route... Bien évidemment, sans esquisser un bonjour ou juste un geste de la main... Dommage...
Bien avant Articol, je n'ai guère le choix que de mouliner ou alors de travailler le gainage en développant une danseuse pour essayer de ne pas trop tirer sur le bas du dos... C'est alors que j'ai le plaisir de retrouver Alain, Alain, Pascal, Sébastien, Jean-Pierre, Isabelle, Frédéric, Santo et les autres qui m'ont reconnu avec ma sacoche et même mes manchettes... Dans cette montée vers le Rivier d'Allemont, on ne parle guère, je n'ai dépassé personne, tout le monde m'a dépassé...
Au Barrage, j'ai été remonté par Dominique! Il est en forme sur son vélo gris et s'exclame même qu'il touche le Glandon, là bas au fond...
Nouvel espacement, car le passage en Savoie s'accompagne d'une grande descente. Je ne pas bien vite non plus mais j'avance comme je peux...
Alors que je profite de ce lever du jour sur les Aiguillettes, Luc et Raphaël m'ont dépassé... Il est 6h10. Ici, à 1700 mètres, le soleil se lève 1 heure plus tôt qu'au centre ville de Grenoble. Dans mon dos, une marmotte siffle. Assurément, ça change des voisins qui s'engueulent la fenêtre ouverte du salon...
Cette fois-ci, c'est la bonne! Il est 6h30 et je prends à gauche pour passer au Glandon. La première montée est finie, il va maintenant falloir affronter la descente, longue de 20k dans la vallée des Villards...
Les premiers virages sont à négocier dans l'ombre. J'ai un peu froid aux pieds mais je leur fait prendre l'air frais après les heures chaudes qu'ils ont endurés par les temps de canicule... Eric vient de me reconnaitre en train de faire la photo suivante... Pas question d'avocat, il fait beau et je ne risque rien... Eric est content, ça se lit sur son visage... Tranquillement, il a poussé les portes des qualifications à Paris Brest et il partira avec deux connaissances tissées pendant les BRM de Grenoble! Départ en 80h, ça devrait le faire... Bravo Eric...
Cette descente aura été longue et finalement peu agréable avec ses virages, les trous à éviter et le compteur à surveiller... Mais c'est Jean-Philippe?, et hop, me voici dépassé par Isabelle... Dans la vallée, je pédale enfin, car après Sainte Marie de Cuines, j'aime bien cette petite bosse que je négocie en danseuse... Sur ma gauche, voici Marc! Son vélo est quasiment neuf, un nouveau vélo qu'on lui a prêté après son déconvenu avec le sac plastique qui lui a cassé les haubans arrières de l'ancien... Si Strasbourg reste un mauvais souvenir, il est à bloc pour le prochain Paris Brest... Il a bien passé aussi les qualifications, alors, il ne devrait pas y avoir trop de problèmes...
À 7h45, me voici en train de pédaler dans la choucroute dans les lacets de Montvenier... Un premier...
Rapide discussion avec une petite famille de randonneurs parisiens... Si ils étaient jeunes en 2011, les voici un peu plus vieux en 2015... Mais toujours aussi motivés! Yes!
Peu après Montvernier, il me semble avoir été dépassé par un maillot de Fontaine. Pas celui de l'Isère, mais pas non plus celui du Rhône, car il manque une écriture. De plus, le cyclo attendu ne ressemble pas du tout avec celui présenté et qui me dépasse sans forcer... Il doit y avoir au moins trois Fontaines... Mais lors d'une pause technique, je vois à nouveau ce maillot de Fontaine avec le cyclo précédemment attendu!
- Mais c'est Marcel ?
Ayant crié dans la forêt ce prénom, le cyclo va soit faire demi-tour, soit filer en esquissant au mieux un signe de la main ou alors rien du tout si ce n'est pas Marcel... Mais non, Marcel tourne la tête, fait demi-tour et nous voici à bavarder sur les sas de départ, sur Gilles et sur mes sandales. Oui, elles sont vendues dans le commerce! Marcel va repartir sans moi, je reprends la montée à mon rythme...
Après Pontamafrey, l'ambiance devient champêtre... Mais la canicule est passée par là, grillant tout sur son passage et c'était plus verdoyant en Mai dernier...
La descente est maintenant très belle sur cette route nouvellement goudronnée. Il y fait frais, je me crois revivre la Hourquette d'Ancizan dans les Pyrénées...
Après 125 kilomètres, je retrouve la route (bien connue) qui descend du col de la Madeleine... Encore 5 kilomètres avant La Chambre où je vais accompagner ma pizza d'une tarte aux mirabelles. Ça grouille de cyclos dans tous les sens, ceux du BRA, ceux qui grimpent à la Madeleine, les néerlandais qui cherchent leurs routes...
La suite du parcours est moins jolie! Il faut retrouver la D1006 et la remonter pendant une dizaine de kilomètres. Mais comme il fait beau, les brises thermiques lèchent les fonds de vallées en repoussant les vélos vers les sommets. En voyant une trentaine de kilomètres par heure s'afficher sur le compteur, j'arrive rapidement à Saint Jean de Maurienne... Je connais la route, pas besoin de carte, encore moins de GPS pour trouver la D110, celle qui est quasiment place jusqu'à la Combe des Moulins. La suite est plus corsée, je la connais! En fait, je l'ai découverte en 1997 pendant mon premier BRA et c'est un de mes itinéraires préférés pour rejoindre la Croix de Fer. Tantot à l'ombre, tantôt en plein soleil, la route s'élève sans répis. Il faut bien que ça monte pour rejoindre Albiez...
Au Collet d'En Bas, contrôle secret près de la Fontaine! Discussion avec un cyclo de l'agglomération de Grenoble qui porte un maillot connu:
- Daniel est parmi vous ?
- Oui, mais il est loin devant !
Bon ca va, je ne vais pas vite, il fait bon me le rappeler...
Et après le virage à gauche, la Pointe d'Emy apparait, toujours aussi imposante et sans plus aucune trace de neige. Avec le mois de Mai, le contraste est saisissant, l'herbe grillée a remplacée l'herbe verdoyante...
Comme convenu, je file sur la place d'Albiez Montrond pour trouver un peu d'ombre et visiter cette épicerie. D'après les heures d'ouverture, elle est fermée, mais la porte est ouverte. J'entre, personne! L'épicier arrive et va chercher deux bananes, fruits tellement convoité! Il en ramène deux petites, plus que mures, presques pourries mais qui vont me requinquer avec le riz au lait (qui a un peu chauffé après douze heures de vélo). Je repars pour le dernier kilomètres d'ascension... Le Col du Mollard est en vue...
Et voilà, à 14h00, passage au Col du Mollard pour 160 kilomètres et quelques 4000 mètres d'élévation. Par rapport au mois de Mai, il fait bon, pas besoin de se couvrir pour descendre vers le Pont de Belleville...
Dans la descente, j'aime toujours regarder la combe Genin... Quelle belle faille dans la montagne...
Au Pont de Belleville, à gauche toute! Il reste seize kilomètres d'ascension pour rejoindre la Croix de Fer...
Saint Sorlin d'Arves est rempli de touristes! C'est la fête au village! La chaleur inviterait à la pause, mais non, je veux avaler d'un seul coup ces huit derniers kilomètres... Dans la montée, la route n'est pas bien large et il faut composer avec les voitures des touristes et les camping car. Assurément, je ne reviendrai plus ici en été. En Mai et en Octobre, il y a moins de monde...
Arrivée au Col de la Croix de Fer à 16h00, l'heure du gouter... Mais avec autant de monde, de voitures, de 4x4, l'ambiance n'est pas des plus bucoliques... J'aperçois rapidement Christine, nous nous saluons et nous partirons à un quart d'heure d'intervalle le mois prochain...
Avant le Rivier d'Allemont, je profite de quelques instants pour admirer le Pic de la Belle Etoile... Aller, il faut filer, il reste des kilomètres pas trop interessants sous la chaleur...
A Rochetaillée, j'aperçois furtivement Bernard qui ne m'a pas reconnu... Nous nous reverrons plus tard... La vallée de la Romanche a été descendue lentement...
Juste avant 20h00, je suis de retour à Grenoble! En descendant du vélo, je m'aperçois que j'ai dû laisser le mal de dos quelque part, dans le Mollard ou alors dans le Chaussy. La fuite d'eau n'est pas entièrement colmatée mais elle est localisée... Après un bol de soupe, je n'ai pas eu besoin de berceuse pour m'endormir, allez comprendre pourquoi...