Dimanche 22 Mai 2016
Compte Rendu du BRM de 200 kilomètres
Là où vous ne seriez pas forcément allés...
- 28 inscrits
- 8 non partants Peur de la météo, 600k de qualification pour les épreuves de 1200k...
- Un parcours pas assez difficile Effectivement, deux randonneurs n'ont pas trouvé le parcours proposé assez difficile et ils ont rajouté le col du Parquetout avant de remonter à la Mure. Comme les plus lents, ils ont néanmoins terminé dans les délais...
- Aucune crevaison n'a été à déplorer entre Villard Notre Dame et Le col du Solude...
Ce week-end de printemps était chargé en organisations cyclistes. Avec le samedi où se déroulaient la course de vélo dans le Vercors et la Coublevitaine, il ne restait que le Dimanche pour placer ce nouveau brevet de 200k. Le Dimanche était inévitable pour n'avoir pas trop de monde lors de la remontée de la vallée de la Romanche au départ. Certains participants m'ont dit avoir voulu faire la course dans le Vercors, mais ils ont été rafraichis par les frais d'inscription élevés. Pour la Coublevitaine, un participant a expliqué que c'était toujours les mêmes parcours et qu'ils étaient souvent fait en club. Alors que là, faire le col du Solude et le Serpaton, c'était quasiment nouveau! Mais au fait, on y monte comment au Solude ?
Si la déclaration du parcours en préfecture de l'Isère s'est bien passée, avec l'obtention d'un récépissé, elle s'est accompagnée d'un avertissement de la gendarmerie de La Mure qui m'a demandé de revoir le parcours pour enlever le Col du Solude! Et cela, à cause des risques de chutes de pierre... J'ai alors décidé de défendre mon beefsteak, en appelant l'adjudant de la Gendarmerie pour expliquer l'aspect cyclotouriste du brevet, avec le passage du Col du Solude. Comprenant parfaitement que le risque zéro n'existe pas, j'ai opposé le fait de circuler dans la vallée, sur une route ouverte à la circulation, avec des tiers motorisés. Ceci dit, et pour la sécurité des randonneurs, j'ai proposé d'aller faire une reconnaissance quelques jours avant le brevet, de voir l'état de la route et si elle me paraissait dangereuse avec les chutes de pierre ou tout simplement glissante suite aux derniers cumuls de pluie, j'annulerais le brevet...
Cela a été accepté, j'en ai fait part après la reconnaissance à la préfecture de l'Isère qui l'a transmis à la Gendarmerie de la Mure. Mais un courriel m'a été adressé quelques heures avant le brevet...
Dans ce courriel, tout était clairement dit! Une phrase glaciale, qui m'a refroidit car après l'avoir lue, je me suis retrouvé, porteur d'un immense sac à dos avec dedans, toutes les responsabilités physiques des randonneurs à endosser... J'ai décidé de porter ce sac en informant au départ les participants de la plus grande prudence... La météo a fait son travail, avec un superbe samedi et un dimanche où les pluies étaient annoncées en fin de journée, certains randonneurs ont renoncés au brevet, quittant mon sac à dos et en allant faire le brevet le samedi, mais sans pouvoir prétendre à une quelconque homologation! Ceux qui l'ont fait le samedi, ont finalement eu très chaud, et personne n'est allé au bout!
Dès 5h15, ce dimanche matin, j'étais attendu pour distribuer les cartes de route remplies. Les derniers plans pour ne pas se perdre dans le Trièves, dernière consigne de prudence entre Villard Notre Dame et Le Col du Solude, et surtout, si le mauvais temps arrive plus tôt, de savoir rentrer directement sans aller se mettre en difficulté au Pas du Serpaton...
Après avoir changé de vélo, accueilli le dernier randonneur et l'avoir inscrit, nous voilà tous prêts à prendre le départ...
Sur la voie verte le long du Drac, j'ai eu peine à contenir les jeunes vaillants qui auraient aimés rouler à plus de 22km/h. Mais pas avant Pont de Claix! On attend le groupe!
À Échirolles, j'ai dû monter cette basse vitesse à 24km/h, mais finalement, les feux tricolores ont fait leur travail, celui de ralentir le devant du groupe pour attendre ceux qui roulaient derrière...
Les randonneurs étaient bien équipés pour cette épreuve. Le minimun, mais le nécessaire! Ici, un pneu de rechange, un coupe vent et un sandwich... Il faut bien cela pour partir pour 222 kilomètres en montagne!
Après Pont de Claix, j'ai remonté Bruno pour montrer la piste cyclable sur la gauche, permettant d'éviter la prise du giratoire de Champagnier... Avant Vizille, certains sont partis en tête, les autres ont régulé leur vitesse, le brevet était parti... Je n'étais pas en tête, mais pas non plus en queue de peloton...
...de la future route pour échapper aux chutes de pierre de la montagne de Séchilienne. Tiens, mais au fait, il est aussi question de chutes de pierre ici!
Nous sommes arrivés rapidement à Bourg d'Oisans où je n'ai pas fait de pause. Après avoir repéré pas mal de fois ce brevet, je n'ai jamais réussi à le terminer dans les délais, alors là, j'essaye de m'astreindre à réduire au maximum mes temps d'arrêts. ...
Finalement, nous sommes un petit groupe à arriver ensemble à Villard Notre Dame où nous contrôlons au panneau d'entrée du village...
J'indique la fontaine sur la gauche plus loin et nous saluons trois dames en train de jardiner sur la gauche. La réaction est immédiate:
- Oh, mais ils sont gentils les vélos ce matin!
Nous voilà partis sur la route fortement gravillonnée et Marc se met en danseuse devant moi. J'ai peur à un dérapage de sa roue arrière mais finalement ça passe sans problème...
Je roule ici plus vite que tout seul, je me surprend flirter avec les 17km/h au lieu de mes 10km/h lors des repérages. Mais les autres du groupe sont plus hardis et je reste seul...
Je ne tarde pas à retrouver Dominique qui s'est arrêté pour faire une photo et il repart avant mon arrivée. Je n'ai pas eu le temps de voir, mais le départ en montée s'est transformé en un arrêt immédiat avec Dominique à terre...
Il va réussir à repartir et explique avoir dérapé sur une barrière canadienne un peu humide, avant d'ajouter:
- C'est la première chute pour mon vélo gris en titane...
La chûte a été sans gravité car il me dépasse aussitôt...
La descente s'annonce longue avec les douze kilomètres et j'enfile mon coupe vent. Joachim me reprend dans la descente et j'arrive à la Palud d'Ornon au moment où il repart...
Nous roulons ensemble au début, mais j'arriverai dernier au col d'Ornon. Dernier de mon groupe, mais pas dernier du groupe d'Anglais qui roulent avec nous à ce moment...
Je n'ai pas choisi l'endroit où je me suis arrêté au Col d'Ornon, ça aurait pu ici ou là, ou encore là, mais il a fallu que je m'arrête à l'endroit où par terre se trouvait une carte de route photocopiée que j'ai reconnue! Je la prends, c'est celle de Mathieu qui doit être... loin devant... Ayant sur moi la liste des participants, je pense un instant à l'appeler pour lui dire... quoi? de m'attendre? non ce n'est pas la solution... Autant que nous continuions le brevet chacun de notre côté et comme il est certainement dans la descente, il n'entendrait peut-être pas le téléphone. Du temps de perdu pour tout le monde, j'enfile mon coupe vent à nouveau et je file dans la descente...
Là, c'est l'enfer! Je suis freiné par le vent du sud qui me retient et en pédalant, j'arrive à 23km/h. Pourtant la route descend, les autres me dépassent mais impossible de les rejoindre pour m'abriter, les rafales de vent m'obligent à cramponner le cintre...
J'arrive à Entraigues vers 11h10, je suis content de mon timing, mais je suis épuisé. Je m'arrête dans la boulangerie pour prendre un pain aux raisins et profiter de la fontaine. Je ne connaissais pas cette boulangerie, j'ai eu plaisir à manger un bon pain aux raisins artisanal qui n'a pas le gout des pâtisseries industrielles qu'on trouve à droite et à gauche. J'ai finalement envie de retourner à Entraigues...
Je poursuis ma route seul, il n'y a plus personne à Valbonnais, au pont du Pretre, à Malbuisson...
Ni même en dessous de la Mûre, là où le parcours prend la direction du Trièves. En face, L'Obiou va m'occuper les yeux pendant presque tout le reste du parcours...
Ici, à mi-parcours (114k et 2100 mètres d'élévation), je suis surpris de me retrouver seul mais aussi de ne pas être remonté par ceux qui sont derrière. Mon arrêt à Entraigues et au Pont de Ponsonnas m'ont pris du temps...
J'entame la montée vers Saint Sébastien. Avec ses six kilomètres, c'est une montée à ne pas négliger, nous la retrouverons d'ailleurs sur le 400k de montagne prévu les 04 et 05 Juin 2016...
Il dit être épuisé et me dit qu'il n'ira pas au bout. Pas de soucis, nous sommes deux, comme nous étions ce matin ensemble et que là, nous nous retrouvons ensemble, il est possible de finir le brevet ensemble...
Et voilà, nous voici repartis vers le col de Masserange. Le Trièves est magnifique à cette saison, avec une belle verdure, parfois claire en altitude, plus foncée dans le fond des vallées et le jaune du colza pour agrémenter le tout. Le col de Masserange est le seul endroit où l'on peut voir le lac du Sautet sur la droite et le lac de Monteynard sur la gauche! Il a quand même fallu tourner la tête!
Demi tour pour continuer le circuit avec le passage au Col de Laye. D'un commun accord, nous allons déjeuner ici, le temps de temporiser, de laisser un peu de temps aux autres pour nous rejoindre et pour nous, de nous donner finalement l'impossibilité de rattraper ceux qui caracolent en tête...
Dominique sort de sa sacoche un immense tupperware avec une salade de lentilles, de pâtes et je ne sais quoi encore. Cette salade aurait pu nourrir un régiment, ou tout du moins tous les participants du brevet... Je me contente de ma pizza, une gourde de compote pommes/miel/sucre ajoutés maison et la discussion n'est plus de brevets de vélo, ni de mécanique vélo, mais, calendrier oblige, de déclaration d'impôt... Un petit vent frais sur l'oreille droite a fini par me dire que le temps passait... Et que même si c'était très agréable de discuter avec Dominique, il nous restait encore le col de Saint Sebastien à passer, puis celui du Collet d'Hérans, celui de Cornillon, de l'Allimas, du Serpaton... Il faut donc maintenant repartir...
À Pouillanne, Dominique a failli oublier de prendre à droite, je l'ai rappelé et nous arrivons ensemble au Collet d'Hérans.
Dominique doute encore de son état pour la suite du parcours. Je pense tout simplement qu'à ce moment, il est en pleine digestion et il faut continuer le circuit. Je me propose de lui montrer le chemin, peut-être pas trop évident au niveau de la navigation surtout entre Pierre Vulson et le Col de Cornillon...
Le Lac de Monteynard et le Vercors vus depuis le col de Cornillon...
Le col de Cornillon n'est pas si difficile et la descente qui s'en suit nous laisse le temps d'apprécier à 50km/h la dénivelée que l'on va devoir remonter...
Juste après avoir vu les belles couleurs de l'Ébron au Pont de Brion, les petits développements sont de rigueur. Et dire à partir d'ici qu'il me faut environ 3 heures pour arriver au Serpaton... Je range cette pensée derrière mon casque et je regarde Dominique... Je ne vois même personne derrière nous, alors que la vitesse ascensionnelle réduite, me permet de voir les éventuels cyclistes qui descendraient du Col de Cornillon. Mais où sont-ils ?
À l'arrivée à Roissard (km 146), je traverse le village pour tirer Dominique vers la petite route... Mais non, il est fatigué et l'expression de son village me conseille de ne pas insister. Il a déjà pris sa décision et va rentrer direct. Il est vrai que ce point de Roissard est la porte ouverte à l'abandon sur ce brevet. J'ai déjà pris à droite et les autres qui ont fait le brevet la veille aussi... Je m'assure que Dominique a de quoi manger pour rejoindre Grenoble, même s'il évoque qu'il ne lui reste que de la descente... Même en étant fatigué ?
Le temps que nous discutions, le temps a passé et aucun cycliste du brevet nous a rattrapés. Je continue seul vers Les Peyrouses...
À à Saint Michel Les Portes, pause à la fontaine pour remplir ma gourde et profiter de l'église avec au dernier plan, les neiges sur l'Obiou. C'est à ce moment, qu'apparaissent en danseuse, les deux plus jeunes du brevet! Si je m'attendais à voir des participants, je ne pensais pas à eux! Thibaut le matin voulait aller vite et Jérémy roule forcément plus vite que moi. Que s'est-il passé? La réponse est simple et vient d'eux mêmes:
- On est aller faire le col du Parquetout et après, on est allé manger à la Mure!...
Effectivement, leur retard s'explique, même si la notion de retard a ici une connotation tout à fait relative...
Ils filent et je m'enfile sur cette route minuscule que j'ai connu dans des ambiances très sombres...
La montée à la Batie, me permet de mesurer l'élévation que j'ai faite et de voir si d'autres participants me rattrapent: Personne!
Il m'a quand même fallu presque trente minutes pour aller de La Batie au Col de l'Allimas! Fatigué l'organisateur avec les 3600 mètres d'élévation?
Je monte directement au Serpaton sans me poser de questions, mais en ayant quand même vérifié que le ciel était clément...
Je négocie le premier virage et après le Puits, je m'arrête! Ce moment d'arrêt est l'occasion de contempler le Grand Veymont et de voir le Vercors en pleine ressemblance avec les Dolomites. Je m'y croirais...
Et sur le premier lacet de la descente de l'Allimas, je vois un vélo qui semble ne pas aller bien vite! Mais pourtant, il descend rapidement à Gresse, Je reconnais Cyril et je suis sur de moi. Je suis content pour lui. Mais, encore une fois, où sont les autres?
A ce moment, dans la portion la plus raide, je suis en danseuse sur le 30x36 en faisant bien synchroniser l'effort avec la respiration... C'est alors que le groupe devant moi au grand complet me croise! Stéphane me demande même si je connais la route, Roland, Thibaut, Jeremy, Joachim... Mais il en manque un...
J'arrive au parking et après avoir passé la barrière, voici (enfin) Marc...
- Ah Jean-Philippe, quelle aventure!
J'aimerais bien savoir ce qui se cache derrière cette notion d'aventure...
Je continue la montée même si ce passage dans l'alpage est reposante. Je croise deux dames et une très jeune fillette qui doit (presque) apprendre à marcher! Je ne saurais jamais pourquoi elle m'a montré du doigt à sa maman, j'ai juste entendu le mot vélo, mot qui est normal pour moi! Après les avoir croisées, j'ai entendu courir, alors je me suis retourné... Cette petite fille entreprenait de me suivre, ce qui a fait dire à sa maman:
- Monsieur, on vous la laisse, elle veut partir avec vous...
- Mais je n'ai pas de place !
- Et bien dépêchez vous car elle arrive...
J'ai poursuivi la montée pour essayer de ne pas être trop en retard la haut. Si les derniers mêtres sont toujours aussi beau, avec une route qui semble partir dans le ciel, comme dans le Galibier après Plan Lachat,
Comment n'importe quel participant, j'ai pris mon temps en haut pour admirer la région. En me tournant sur moi-même, j'ai pu voir la montagne du Conest, le Senepy, le Tabor, l'Obiou, le Baconnet, le Mont Aiguille, le défilé du Vercors... Et tout cela en mangeant une compote! Voyage garanti... Retour à la réalité en préparant les questions pour les prochaines éditions...
...l'arrivée à Gresse et la (longue) descente vers Monestier où j'avais dépanné deux cyclistes. Mais à Saint Guillaume, je savais à quoi m'attendre avec...
...cette montée inutile (comme je l'appelle), une montée faite pour arriver au 4300 mètres d'élévation et prendre les premières gouttes de pluie en haut. Les nuages m'avaient rejoint, le Vercors était par endroit accroché...
La descente vers Vif n'a été qu'une formalité, poussé par un vent du Sud et encore pareil jusqu'à Varces, Echirolles et enfin, la boite aux lettres où m'attendaient les cartes de route...