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Samedi 04 Juin 2016 et Dimanche 05 Juin 2016
Compte Rendu du BRM de 400 kilomètres
Un Noyer au pays de la Noix
Coup Fourré pour la préfecture !








Cette phrase est l'avis spontané de Nicolas quand je l'ai acceuilli en plein milieu de la nuit lors de l'édition 2015. Elle résume les ultimes derniers kilomètres de ce brevet où les longues montées sont oubliées, au profit de la répétition des petites côtes, des courtes montées. L'organisme du randonneur pressé sera mis à mal mais celui qui sait gérer avec économie son effort va y arriver. Lentement mais surement, même si la notion de lenteur est variable d'une personne à l'autre... C'est ainsi la seconde édition de ce brevet de 400 kilomètres. La distance peut paraître énorme quand on l'annonce à nos interlocuteurs qui ne pratiquent pas ou peu le vélo. Mais avec les différences de paysages que nous offrent les montagnes des Alpes et les vallées, j'ai vu ce brevet comme une succession d'une dizaine de tableaux qu'on regarde les uns après les autres, à son rythme... Reste à mettre ces tableaux d'une exposition en musique et c'est ce qu'ont fait une grosse dizaine de randonneurs en ce premier week end de Juin 2016...


Au niveau organisationnelle, ces brevets sont couverts par une assurance fédérale qui couvre les licenciées FFCT mais aussi les non licenciés sur ce parcours et pas un autre. Ensuite, en fonction de l'audience que je pense avoir, la nouvelle législation de déclaration des manifestations sportives n'impose pas de déclaration en préfecture si nous sommes moins de cinquante participants. Ne sachant pas combien nous serions, je préfère faire pour chaque brevet, une déclaration en préfecture de chaque département que le parcours traverse. J'ai donc fait le 1er Février 2016 une déclaration dans les préfectures de l'Isère, des Hautes Alpes et de la Drôme, déclarations qui ont été suivies rapidement par l'obtention d'un récépissé dâté du 16 Mars 2016. Mais pendant le déroulement du brevet, nous allons voir de plus en plus d'autos de courses, jusqu'à tomber sur une route barrée pour cause de rallye automobile sur les routes de la Drôme! C'est le col de Pierre Vesque qui avait été choisi comme terrain d'une spéciale auprès de Villebois les Pins. Les cyclistes qui connaissent ce col, comprendront pourquoi je n'ai pas voulu le mettre au programme de ce concert mais cette route barrée a gêné les cyclotouristes qui se déplaçaient sans... bruit... Après avoir contacté la préfecture des Hautes Alpes après le brevet, j'ai en effet appris que cette organisation motorisée avait déposé sa déclaration le 1er Mars 2016. Je vous laisse apprécier la loi du plus fort, 130 automobiles de courses, contre moins de dix vélos (100 de déclarés!), c'est la mauvaise note de ce brevet et mauvaise note qu'on attribuera dans nos esprits à la préfecture des Hautes Alpes... Bien heureusement, il n'y a pas eu d'accidents corporels entre eux et nous. Il faut reconnaitre que les voitures de course nous dépassaient largement, ce qui n'était pas le cas de leurs assistances motorisées qui devaient faire le maximum pour les rattraper et leur apporter les vivres nécessaires...

Après avoir fait cette digression, nous allons retrouver le calme et le vent dans les oreilles qui nous attendait dès le départ de la place de Sfax à Grenoble pour faire ce parcours...


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Les randonneurs sur la place de Sfax avant le départ. Ils sont plus nombreux que l'an dernier. Il est quatre heures du matin, les cartes de route sont distribuées, à chacun maintenant de composer...


Pour certains randonneurs, c'est un brevet qu'il faut avoir afin de pouvoir faire une randonnée de 1200 kilomètres en Italie. Pour un autre, c'est faire une longue randonnée avant de partir pour une aventure de 1500 kilomètres en Croatie. Pour un autre, c'est visiter les Hautes Alpes qu'il ne connait pas. Pour nous deux amis suisses, c'est partager une belle randonnée... Bref, vous l'aurez compris, chacun est parti avec des objectifs différents, en roulant à sa vitesse avec comme but de revenir ici dans une bonne vingtaine d'heures...

Comme d'habitude, j'ai pris la tête du groupe pour rejoindre la voie verte, puis Echirolles. Nous avons apprécié les feux tricolores pour temporiser quelque peu. A Vif, j'ai été étonné de ne pas encore avoir été dépassé. Dans la trilogie des Commiers, j'ai même été jusqu'à ralentir et là, Stéphane, Christian m'ont dépassé. Mais le dépassement le plus fulgurant a été celui de Yann, en danseuse, suivi par Baptiste. Là, les instruments étaient en route, le brevet était lancé...

Les premières lueurs du jour m'ont indiqué la fin de cette montée de Monteynard...

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L'église de Monteynard au lever du jour! Il n'est pas encore 6h00...


Le lac du Monteynard semblait apparaitre en Noir et Blanc, il n'y avait pas de soleil et une épaisse couche nuageuse recouvrait le Vercors. Je pense que les participants suisses seront de mon avis quand je dirai que cette première montée n'avait servie à rien, car sur la D116, on a vite redescendu tout ce que l'on venait de monter... Au Vivier, j'étais suivi par Mathieu quand j'ai entendu une fausse note: son pneu arrière venait d'éclater! Je me suis assuré qu'il avait de quoi réparer et je suis arrivé à Marcieu où Christian était déjà en train de pointer...

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Christian à Marcieu en train de contrôler... Il avoue avoir oublié de s'arrêter au niveau du panneau d'entrée de ville...


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Je suis vite reparti en espérant que les randonneurs pourraient trouver la petite route de Saint Arey pour descendre vers le petit pont des Rives. En passant sur ce pont, j'ai croisé une voiture break bleue qui a fait marche arrière car nous ne pouvions pas passer à deux. Je l'ai en outre prévenu d'être prudent car d'autres vélos allaient débouler dans la descente. Il était prévenu et m'a remercié

Ma vitesse ascentionnelle s'est encore ralentie car il me fallait remonter la Loubière, puis redescendre au...

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...Pont de Ponsonnas avant de remonter à Saint Sébastien dans une suite de montées-descentes qu'il faut négocier avec économie...

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Après Cordéac, la remontée de la Vallée du Drac était tranquille et il me semblait être seul dans ce coin de verdure... Le relief est ici moins perturbé et...

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...les premiers rayons du soleil nous permettaient de découvrir l'Obiou....


Après le Pont de la Scie, j'ai trouvé Stanislas en train de réparer une petite crevaison (pour reprendre ses dires exacts). Là encore, je me suis inquiété qu'il n'avait besoin de rien et j'ai continué. J'avais à ce moment une envie qui est devenue de plus en plus pressante, celle d'arriver à Corps pour y prendre un petit déjeuner dans la petite boulangerie, sur la droite, dans le haut des escaliers...

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Après le barrage du Sautet...


...j'ai eu le temps de penser à ce que j'allais prendre, plutôt pains aux raisins ou chaussons aux pommes, car la route montait... encore!

La déception fut de taille quand j'ai appris que cette semaine était la semaine de congés annuel de la seule boulangerie de Corps! Après quatre vingt dix kilomètres, les envies de petit déjeuner se sont évaporées, mais la fin et la nécessité de s'alimenter étaient quand même bien là. Alors, je me suis contenté de deux pains aux chocolat, pris dans l'épicerie en face qui venait d'ouvrir. En discutant avec la gérante, elle est bien obligée de servir de dépot de pain quand la boulangerie est en congés. Un ancien client d'un âge respectable m'a laissé passé, en voyant que je n'avais que deux pains au chocolat à prendre, alors que lui allait remplir son panier de navets, de pommes de terre... Merci Monsieur...

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À Corps, deux randonneurs différents, deux centres de pilotages différents...

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Alors que je repartais de Corps, un participant est arrivé. Le visage lessivé, il m'annonce vouloir abandonner et rentrer. Je lui indique qu'on est largement dans les délais, qu'il peut prendre le temps de temporiser et de repartir, mais non, son choix est fait. En fait, il a mal au ventre depuis ce matin et affirme avoir débourrer déjà deux fois depuis le départ. Je lui indique d'être prudent sur cette N85, là où circulent des camions hongrois et qu'il pourrait aussi aller à Gap, (30k) et prendre le train. Il est bien arrivé en début d'après-midi à Grenoble...

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Les cinq kilomètres qui suivent ne m'enchantent guère avec cette rampe du Motty qu'il faut prendre à la descente. Sur cette portion à 12%, le vélo ne demande qu'à prendre de la vitesse, je suis justement dépassé par des motards...

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Je me régale en revanche après Le Motty sur la petite D57F qui m'amène à Lesdiguières et au Glaizil, dans la haute vallée du Drac... Je suis encore seul, personne devant, personne derrière...


Après le Pont de la Guingette, l'épine du parcours arrive avec l'ascension du Col du Noyer. En plein soleil, je marque une pause pour m'habiller en tenue d'été. Je suis rattrapé par Stanislas. Nous discutons quelques minutes ensemble. Il vient d'arriver à Grenoble, a découvert les brevets sur internet. De part nos activités professionnelles, nous mesurons nos agilités respectives bien qu'il ne soit pas encore dans le vif su sujet. On parle logiquement de la somme des efforts des tâches, soit de la vélocité. Mais là, c'est bel et bien le sens propre du mot vélocité qu'on va mesurer dans le col du Noyer. En me dépassant, en danseuse, du haut de son plateau compact, il me dit envier mon petit plateau. Il est vrai qu'à cet instant, je suis justement en 28x32 ou 28x36 et que je ne me fatigue... pas trop! Nos chemins vont se séparer ici, dans la montée, je n'avance pas bien vite! Mais à force de n'aller pas trop vite, je me rapproche d'un cycliste. Je pense qu'il s'agit d'un participant du brevet, mais je me demande où il aurait pu me passer devant. Finalement, le vélo ne comporte aucune sacoche, et il fait de grands zigzags sur la route, en regardant à droite, à gauche, en l'air. Mon arrivée par derrière l'a perturbé, il a posé pied à terre en plein milieu de la route en annonçant:

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En haut, le paysage est toujours aussi grandiose avec une entrée dans le Devoluy par la grande porte!


Des montagnes minérales, à droite, à gauche et devant, une petite route qui descend dans une forêt aux petits arbres. Je file en faisant peur aux moutons, parqués là sous la surveillance de deux patous. Pas grand monde à Saint Etienne en Dévoluy et je poursuis logiquement vers le col de Rioupes, puis le col du Festre, guidé comme par un pilotage automatique. Avant la grande descente, le temps se couvre, il fait frais et j'ignore encore que certains passeront ici sous une pluie battante...

La descente est longue le long de la Béoux et le trafic automobile est très faible. Il sera encore moindre sur la prochaine portion, après Furmeyer, en attaquant l'ascension du Col d'Espréaux. N'ayant pas encore pris mon pique nique, je m'arrêt le long du sentier botanique pour reprendre des forces. Là, deux ou trois gouttes de pluie viennent s'échouer sur la selle du vélo. Le soleil reprend vite le dessus et la selle est sèche quand je repars... Mais pour combien de temps?

Au col d'Espréaux, l'ambiance est lugubre...


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Le brevet se poursuit dans une autre vallée, celle des villages perchés et des fruits, dans la vallée de la Durance...


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De gros nuages noirs viennent s'ajouter aux couleurs noires du paysages et je décide de partir rapidement d'ici... Au cas où il pleuvrait... A Barcillonnette, les premières gouttes arrivent! Les montagnes alentours sont accrochées mais à Plan de Vitrolles, là où je rejoint l'axe Gap Marseille, le soleil revient...

Il va disparaitre aussi vite! Les premières gouttes arrivent et je vois ici une attaque en règle de l'orage. Je m'arrête, mets mon sac plastique sur ma sacoche de guidon, enleve mes chaussettes pour qu'elles ne soient pas plus trempées et enfile mon coupe vent. Je repars. La pluie redouble de violence, les gerbes d'eau arrivent lors du dépassement des automobiles et je dois m'arrêter pour m'abriter sous le porche dans la cour d'une maison... Là, je suis au sec, comme les poussins qui sont dans la volière, sous le porche. Ca piaille de partout là dedans et tous me regardent à travers le grillage! La pluie ne faiblit pas, j'attends patiemment avant de voir arriver une grosse Mercedes dans la cour qui stationne juste devant... moi! Il en sort un couple âgé italien qui me font signe de rester ici! Ils parlent très peu français et je comprends qu'ils sont justement venus pour nourrir cette colonie de poussins...

La pluie cesse quelque peu et je reprends la route pour Laragne. Plus loin, la route est sèche, l'orage n'est même pas venu ici, mais il gronde encore. Nouvelle averse avant l'arrivée trempée à Laragne. Sous le parasol de la boulangerie centrale de Laragne, je retrouve Stanislas... Il répare encore une crevaison et arrive au bout de ses chambres à air. Il m'annonce vouloir abandonner ici, avec un manque d'envie, plus de chambre à air et une ambiance devenue bruyante! Il faut préciser qu'au centre ville de Laragne, c'est un défilé continue d'autos de course qui pétaradent de partout... Je renouvelle ma nourriture dans la boulangerie, une pizza, une tarte à l'abricot et une barquette aux marrons... La caissière n'en revient pas:

Ainsi, j'ai répondu qu'il n'est pas facile de prévenir tous les commerces, d'autant plus que parfois, les cyclistes ne sont pas trop aimés... Alors, les cyclistes se débrouillent comme ils peuvent... Mais j'ai retenu cette boulangerie et lors d'un prochain brevet, je les mettrai au courant... Mais, ce n'est pas tout de suite! En tout cas, ça m'a fait plaisir de parler avec une dame et d'entendre un bel accent du sud... Retour dehors avec Stanislas qui va rentrer par la Croix Haute... A ce moment, Mathieu arrive et nous rejoint. Il a eu l'orage depuis le col du Festre! Il repart vite et nous le suivons...

Avec Stanislas, nos routes se séparent avant Eyguians. Il rentre directement par la Croix Haute. A Eyguians, je file vers Orpierre en étant régulièrement dépassé par ces voitures de sport. Je ne sais pas encore que la route sera coupée juste après Etoile Sainte Cyrice et que l'on ne pourra atteindre le contrôle de Villebois. Après les falaises d'Orpierre, le ciel s'assombrit, l'orage menace et je rencontre Mathieu qui m'annonce la fermeture de la route. Inutile d'insister, même en étant organisateur, il nous est impossible de passer, pas la peine de perdre du temps à essayer une quelconque négociation. Je préfére essayer de retrouver d'autres participants pour leur conseiller de faire demi-tour, au plus vite, sans aller jusqu'à Villebois. Nous retrouvons Germain qui progresse vers Orpierre. Tous les trois, nous rebroussons chemin jusqu'au Pont Lagrand. Là, j'explique la déviation, comment rejoindre Rosans et ensuite les deux alternatives, soit rejoindre Remuzat (détour plat) ou alors couper via le col de Pommérol (500 mètres d'élévation en plus) pour rejoindre La Charce. Une fois mes explications, je nous laisse libre de nos vitesses, Mathieu devant et Germain derrière... Nous nous retrouverons peut être plus loin... L'arrivée à Rosans me parait interminable et je file vers le Col de Pommérol en suivant l'itinéraire que j'avais emprunté lors d'un repérage mais que j'avais trouvé trop difficile.

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Dans l'ascension du Col de Pommérol. Au menu, petite route, tranquilité assurée et des odeurs détrempés de lande en fleur...

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Le vélo de Germain au Col de Pommérol. Malgré une bagagerie sommaire, Germain va couvrir la distance avec une bonne gestion... Bravo...


Cet agréable petit col, mignon avec sa petite route, permet d'arriver à la Charce, sans avoir à se palucher toute la vallée de l'Oule. L'arrivée à Bellegarde en Diois est plus rapide, c'est tout bon...

Mais à Establet, la faim me rejoint. Je m'arrête sur un banc pour manger une part de pizza, la barquette aux marrons et je discute avec Yann qui m'annonce la fermeture de la route (j'ai des heures de retard sur la lecture de mes messages!). Il se trouve à Die et j'en profite pour lui demander là où je pourrais commander une autre pizza à emporter...

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Au col de Prémol, je la commande pour la retirer dans une heure, ce qui me motive pour pédaler vite...

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Arrivée à Die! Ce soleil couchant dans les nuages m'a semblé avoir une ressemblance avec les soleils couchants que j'ai vus à Loudéac... Une intoxication?

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Je trouve refuge dans ce restaurant où m'attend la pizza commandée. Il y fait chaud, le restaurant est bondé en ce samedi soir et je m'installe finalement en terrasse pour manger la moitié de la pizza. La seconde moitié est en poche, pour plus tard, en cas de coup dur... La terrasse n'est pas non plus le meilleur endroit, car je respire toutes les odeurs de fumée des jeunes qui fument comme des sapeurs, canettes de bière en main, en attendant la préparation de leurs pizzas. Je réalise ici que mon mode de vie n'est pas commun, je suis le seul à faire le vélo, mais pourtant dans la Drôme, on y voit beaucoup de vélos...

Inutile de philosopher plus longtemps sur ce pseudo mode de vie, j'ai maintenant un rendez-vous, celui avec le col du Rousset! J'ai prévu trois heures pour le monter, avec ses vingt kilomètres, ses virages, ma fatigue après 300 kilomètres et la nuit qui va arriver... Les souvenirs me reviennent à l'esprit, sous la chaleur, sous la pluie, une fois en pleine nuit avec une longueur respectable qui m'a souvent épuisé. Pour me concentrer, je décide de compter les bornes kilomètriques. Après tout, ce jeu va me tenir éveillé et je n'aurais que quinze comptages à faire car...

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...je viens de passer Chamaloc au crépuscule! C'est parti...


Dans la montée, au crépuscule et dans la nuit, ma petite vitesse ascentionnelle me fait penser à autre chose! Celle de cette route coupée avec la déclaration en préfecture. Comment aurais-je pu oublier de déclarer ce brevet en préfecture des Hautes Alpes alors que tout a été fait en préfecture de l'Isère. Je recherche dans ma tête, ce que j'ai pu faire ou oublier et j'en oublie de... compter les bornes! La nuit est maintenant noire, il fait totalement noir et seuls, les grands virages me rappelent où j'en suis. Une borne arrive, celle-ci est pour moi, 6,5km! La préfecture et les courriels avec mon interlocuteur reviennent à la charge! Il m'a demandé mes heures de passage à Aspres pour le 300k, à La Grave pour le prochain 400k, me demande de faire un repérage autour du Tunnel du Chambon et j'arrive finalement à avoir la rage contre lui et ces voitures de course. J'ai la haine contre tout le monde, même du coup pour la prochaine borne, 2,5km! Ras le bol, je passe le plateau du milieu, j'ai mal aux cuisses et je force en danseuse. Je râle contre ces déclarations qui finalement ne servent à rien... Je croise une camionnette immatriculée YA 26 dont le chauffeur me gueule dessus avant de se marrer dans la nuit. La prochaine borne arrive 1,5km, j'approche! Je repasse le petit plateau, ca va mieux et je croise un convoi de trois ou quatre camionnette polonais qui viennent de passer le col. Mais bon sang, que viennent faire des polonais ici, un samedi soir? Soudain, la pente s'adoucit, la barrière en bois apparait avant le voir le panneau:

COL DU ROUSSET

J'y suis! Je change de tenue, je mange un bout et je regarde vers Die. C'est la nuit. Plus bas, des voitures progressent dans la descente et dans l'autre sens, un phare blanc semble ne pas bouger. Tantot vers la droite, tantot vers la gauche, c'est certainement la première fois que je vois un vélo progresser dans la montée. Je me croierais dans un avion. Mais le temps tourne! Je file! Je passe le tunnel! Je trouve une route détrempée, la fraîcheur est là et juste après le giratoire, le vélo file... Je suis prudent dans la descente, un coup de freinage à droite, un coup à gauche. La première épingle arrive, puis la seconde, je prends de plus en plus de vitesse. Je revois les images de cette route en plein jour, l'entrée de la grotte de la Luire...

Quelques gouttes de pluie arrivent, je vais devoir remettre l'imperméable! Mais avant d'arriver à Saint Agnan en Vercors, la fatigue me rejoint, je baille, les yeux se ferment tous seuls. Il est vrai qu'à cette heure là, je suis normalement couché depuis longtemps... Alors, l'idée me vient de tenter l'arrêt dans le bar restaurant de Saint Agnan, au cas où il serait ouvert. Quand je suis allé au Pas des Bouches, il était fermé, fermé aussi en semaine... Je grimpe sur la place de l'église et il est... ouvert!

Je suis tout d'abord content de pouvoir espérer un café à cette heure-ci, mais ais-je assez de force pour me méler à la population non cycliste qui est dans ce café? Je vais paraître être l'ours de service. Dois-je y aller ou renoncer et m'enfiler dans la nuit? A Saint Julien, tout sera fermé, donc je rentre! Il y a deux groupes: deux jeunes sur la droite qui rigolent de je ne sais quoi et à gauche, deux dames d'une cinquantaine d'années. Ma place au comptoir est idéalement trouvée entre ces deux groupes pour y poser ma sacoche et demander... deux expressos... Une des deux dames pose son verre de bière et me regarde de la tête aux pieds sans mot dire. Elle donne un coup de coude à l'autre et leurs regards vont vers mon casque, là où se trouve la frontale... C'est sur, ce soir, j'ai tout pour plaire...

Si le barman accepte de me faire les deux expressos, il me demande aussi si je suis seul et si c'est prudent de faire du vélo la nuit. À la première question, je réponds par la négative:

J'ai ainsi l'habitude de raconter n'importe quoi, pour dire que je ne suis pas seul, juste pour ma sécurité personnelle... Et aussi pour celles des quelques randonneurs qui me suivent... Mais comme j'ai ouvert le dialogue avec le barman, une des deux dames continue en me disant:

En fait, cette phrase interrogative a été prononcée d'une voix saccadée, avec des mouvements de tête et surtout une haleine qui me fait sentir la bière dans toute sa splendeur. J'en ai plein les narines. Je mesure dans mon intérieur l'état dans lequel elle est et celui de son acolyte qui vient de vider son verre. Je réponds évasivement. L'autre ajoute:

Là, je suis bien obligé de répondre! Mais attention, mes interlocuteurs sont alcooliques et là, il ne faut pas être agressifs ni aller sur leur terrain. A ce moment, j'ai retrouvé mon état éveillé, les baillements sont partis. Je mets un peu de sucre dans mon café et je réponds prudemment:

L'autre rigole en reprenant son verre, pas encore vide! Je termine rapidement mon second café avant de remercier le barman qui nous a regardé. Avant de reprendre ma sacoche, je m'adresse à ces dames avec cette ultime congratulation:

Je m'en vais, quelque peu... soulagé! En fait, la question que je viens de poser avait un but informatif: Allais-je risquer de trouver ces dames saoules sur la route dans une bagnole? Peut-être pas! En sortant, le plus âgé des jeunes me regarde et me dit:

Si sa voix n'est pas tremblante comme les deux voix féminines, je refuse aimablement même s'il a ensuite voulu m'offrit finalement un Coca Cola! J'ai encore de la route à faire vers Rencurel, justement le village d'où est originaire un des jeunes. Mais il n'est pas saoul et ne rentrera que demain à Rencurel! Je reprends la route en mesurant dans mon esprit la chance que nous avons d'être en bonne santé sans être dépendant de l'alcool... J'ai retrouvé mon plaisir à rouler en pouvant appuyer sur les pédales et en maitrisant la direction du vélo. Je décharge derrière, la route remonte, je suis moi-même, content encore d'être en bonne santé, content d'être en forme sans avoir besoin de m'appuyer sur un verre. Entre temps, je suis arrivé à Saint Martin, et puis rapidement à Saint Julien où j'ai bien appuyé sur les pédales. Mais la côte est passée seule? Oui!

Je sais retrouver la route de la Balme et celle de Rencurel. Ça grimpe, je mouline, je transpire. Mon phare me montre la route, le prochain virage et là... deux biches sur le bord de la route. Sans bruit je continue de pédaler en allant vers elles. J'aimerais bien les caresser, elles me semblent si proches... Une ne m'a pas vu, mais l'autre a vu mon arrivée. Elle file sur la route, suivie par l'autre. Le broutage continue plus loin, j'espère les rattraper. Je n'aurais pas le dernier mot, les voilà parties sur la droite, d'une belle enjambée, sans bruit et très svelte... Ces dames étaient finalement plus sympatiques que les deux autres... L'arrivée à Rencurel s'accompagne d'un conseil quand je me remémorer les dires de Nicolas lors de son arrivée... J'ai sommeil et un somme me ferait plus grand bien... Je ne vais pas dire où j'ai dormi, car ce n'était pas un dortoir, mais la serpillière a été bien agréable car le carrelage était froid. En revanche, j'ai gueulé contre mon réveil qui s'est justement mis en route, vingt quatre heures après m'avoir réveillé la nuit précédente. Je ne me rappele pas combien de temps j'ai dormi mais ces minutes m'ont permis de repartir à un bon train et d'arriver quasiment normalement au Col de Romeyère...

L'ultime descente a été longue et j'ai pu apprécier le tunnel des Écouges avec des pupilles bien ouvertes pour le voir dans ses moindres détails. Je n'avais jamais remarqué ces petites étagères dans le haut du tunnel et ce dernier tableau m'a semblé être le plus beau. Mais comparé au Col du Noyer, est-ce vraiment le plus beau? Dans la descente, je me suis conseillé d'être prudent, si jamais une voiture venait en face! Et voilà, justement la voiture du traiteur de Rencurel que j'ai croisée au Carrefour du Cadet! J'ai apprécié l'arrivée à Saint Gervais pour faire une pause, histoire de reprendre des forces pour les 34 derniers kilomètres.

Sans bruit, un petit chat noir est venu me voir, nous nous sommes regardés, je n'ai rien dit... Il est venu se frotter contre ma cheville gauche, d'abord prudemment puis avec plus d'insistance en ronronnant de plus en plus fort. C'est ainsi sur, nous étions amis... Voyant que je me servais dans une de mes sacoches de quelques biscuits aux amandes, il a aussi voulu voir le vélo posé sous l'abri bus! Se frotter contre la sacoche arrière, se frotter contre l'étrier de frein avant, mettre sa patte sur le phrase avant... Soudain, il a eu peur: il venait de s'appuyer sur la roue avant qui avait tourné un peu. Je tenais le vélo, il n'est pas tombé...

Le temps tournait, je suis parti, laissant le chat ici sur la place de l'église. Nous nous sommes regardés nous éloigner, nous nous reverrons certainement jamais... J'ai passé l'entrée de la voie verte à pied, il y faisait encore nuit et avec la fatigue de 380 kilomètres, je ne voulais pas m'accrocher à la barrière à cause d'un possible manque d'équilibre...

Je ne saurai pas bien détailler cette piste cyclable. J'y ai dormi quatre fois, sur le goudron, tellement j'en avais marre. Le lever du jour ne m'a rien fait, je baillais aux corneilles en arrivant au barrage de Saint Egreve. Nouvel arrêt, où je me suis fait violence moi-meme:

J'ai continué sur cette portion de voie verte, tellement connue que je ne risquais pas de louper le pont d'Oxford. Ça allait un peu mieux sur l'avenue des Martyrs, totalement déserte à cette heure-ci... Je suis arrivé devant la boite aux lettre, devant chez moi, je suis rentré direct, sous la douche et direct au lit! Deux heures après, le téléphone sonnait, le soleil était déjà haut. Les randonneurs, tous valeureux, arrivaient les uns après les autres... L'accompagnement du petit déjeuner à l'hôtel Victoria pour discuter avec Laurent et Denis a été une bonne conclusion de ce brevet...

Ces quelques lignes, peut-être trop longues, vous donneront envie (je l'espère) de venir faire un Brevet de Randonneur à Grenoble... À côté de la feuille de route à respecter, ces souvenirs me resteront longtemps en tête: Le noyer le matin, l'abri et les pigeons, la route barrée, la pizza à Die, le Bar le soir à Saint Agnan... Mieux vaut faire le vélo que de boire de la bière dans les bars... C'est ce que je me suis dit l'après midi quand j'ai sombré dans une sieste bien méritée...

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