Pour se qualifier à Paris-Brest-Paris
BRM de 200k avec les copains (2/2)
Après une petite centaine de kilomètres parcourus pendant la matinée depuis le départ de Lyon, et après avoir pris des forces à Roybon, la montée vers le point culminant routier des Chambaran ne semble pas poser de problèmes. De plus, ayant déjà repéré ce parcours, il nous paraissait facile de remonter d'un seul coup les vélos couchés de la Vipère Noire et de Pitchoun...
Mais au fur et à mesure des coups de pédales, il apparaît finalement qu'ils s'éloignent plus rapidement que nous les rejoignons... Nous décidons de les laisser filer pour ne pas exploser dans ces paysages merveilleux et en gardant un peu de forces pour le reste du parcours au relief accidenté...
La descente vers le Col de la Madeleine (F-38-0493) nous demande pas mal d'attention à cause du vent latéral qui souffle fort... En cramponnant le cintre du tandem, on arrive tant bien que mal au Col de la Madeleine, après avoir admiré en contre bas le village de Dionay et nous prenons à droite en direction de Saint Bonnet de Valclérieux...
Lors des inscriptions, je m'étais renseigné auprès d'un organisateur qui m'avait annoncé la tenue d'un contrôle secret ici même, à Saint Bonnet de Valclérieux, dans la Drome des collines... Mais en arrivant, le contrôle semble finalement avoir été annulé en dernière minute... D'ailleurs plus cyclotouristes sont perdus, nous retrouvons justement Jean-Louis Borach qui a fait demi-tour pour donner sa carte de route à qui voudrait bien la pointer...
Le village étant désert pendant l'heure du repas, je pense un instant que les organisateurs se sont peut-être absentés et qu'ils reviendront plus tard dans l'après-midi. Ne voulant pas être accusé de ne pas avoir honoré ce contrôle secret, je prends une photo souvenir de la place du village où nous en avons profité pour remplir nos gourdes avant de repartir...
Mais en repartant, d'autres cyclotouristes sont perdus. Doutant un instant que nous sommes aussi sur le même parcours, ils nous demandent:
- Vous êtes aussi sur le 200 ?
Le contrôle est effacé, les routes ne correspondent pas ! C'est par où ?
Comme ils n'ont que la feuille de route pour se repérer, je leur confirme qu'ils sont dans le bon chemin, le numéro des routes ayant changé tout simplement, car nous avons changé de département. Comme les routes départementales sont gérées par le département, il est naturel que leur numérotation (et leur état) changent quand on franchi la frontière du département...
Les cyclos sont rassurés, ils filent devant nous dans la descente et nous ne tardons pas à les retrouver dans la prochaine montée vers Miribel...
La montée vers Miribel est délicate et nous arrivons rapidement dans la vallée de la Limone, à Saint Christophe et Le Laris. Nous prenons ici à droite en direction du Grand Serre. Quand on regarde ce trajet sur une carte, on remarque que cette route remonte tout droit vers le Nord, en étant exposée à tout les vents qui voudraient bien s'y engouffrer. Le vent étant aujourd'hui du nord, notre progression s'en trouve fortement ralentie... Je regarde sur la gauche la première borne qui indique une distance de huit kilomètres avant d'arriver au Grand Serre. Afin de ne pas démoraliser Isabelle, je ne dis rien et fait semblant de ne rien avoir vu... La seconde borne arrive, puis la troisième que je regarde sans mot dire, en trouvant quand même un peu long ces deux kilomètres parcourus en plein vent et sur le petit plateau... Isabelle exprime alors tout haut ce que je viens de penser... Elle a aussi regardé ces bornes et le moral baisse un peu... Finalement l'élevage de chiots arrive sur la droite dans le virage, signe que la montée est bientôt finie et nous nous laissons glisser dans la vallée de la Galaure afin de remonter au Grand Serre...
Cette montée est courte, pas plus de deux kilomètres. Mais au fur et à mesure de l'avancée de la journée, ces dénivelées deviennent pénibles...
Quand nous arrivons au Grand Serre, c'est le début de l'après-midi. A cet instant, nous n'avons plus aucune nouvelle des vélos couchés qui ont filé, les derniers cyclos que l'on a aperçus sont ceux que l'on a renseignés à Saint Bonnet de Valclérieux et qui ont - eux aussi -filé... Isabelle s'exprime une nouvelle fois en remarquant - très justement - qu'on ne voit pas beaucoup de vélos... Je réalise dans mon esprit qu'une nouvelle fois, nous sommes dans les queues des pelotons et nous risquons de finir ce brevet seuls... Bon, c'est quand même mieux en tandem qu'en vélo solo, car nous sommes deux, et il y a quand même un faible risque que nos deux morals baissent en même temps...
Nous traversons le Grand Serre sans nous arrêter et c'est à ce moment que la magie de ces brevets de randonneurs, à allure libre, arrive... Sur la gauche, nous remarquons un vélo, pas trop chargé, que j'identifie de suite comme le vélo d'un autochtone, ne reconnaissant pas du tout son propriétaire... Nous passons devant et soudain derrière, une voix s'écrit dans le village :
- Eh Jean-Philippe ! Vous avez déjà fait votre pause ?
Marc Liaudon vient de sortir du bistrot et nous fait des grands gestes en plein milieu de la ruelle étroite... Le cyclo que nous avons vu n'est autre que Michel Giraud qui avait ôté sa veste jaune et que nous n'avons pas reconnu avec son tee-shirt rouge... Nous ne nous arrêtons pas, la voix de Marc Liaudon nous a redonné de l'énergie et nous savons bien qu'en poursuivant notre chemin, ils ne vont pas tarder à nous rattraper...
Après avoir croisé dans le camp d'entraînement militaire des Chambaran bon nombre de cyclotouristes du club de Gillonay qui pédalaient en diletante, nous arrivons rapidement à Thodure... Il y a moins de monde que ce matin, mais Jacques Luyat est encore là et nous en profitons pour nous ravitailler après cette boucle de cinquante huit kilomètres avec mille mètres d'élévation...
La bande de Marc Liaudon arrive rapidement... Michel en profite pour glisser quelques étirements pendant ce ravitaillement...
...ou de se relaxer sur un banc en goûtant au soleil... Même pas besoin de partir aux Antilles pour prendre un bain de soleil, il suffit de rester à Thodure, devant la place de l'église...
Photo: Marc Liaudon
Jacques Luyat s'inquiète un instant du pointage des cartes de route en bordure du ruisseau... Un coup de vent, plus fort qu'un autre, aurait finalement vite fait de balayer la précieuse carte dans le ru... N'avait-il pas si bien dit qu'une carte de route s'envola dans l'eau et les organisateurs durent mettre les pieds dans l'eau pour la redonner à son propriétaire afin que son brevet ne soit pas annulé...
Pendant ce ravitaillement, nous faisons la connaissance d'André Martin. A 71 ans, il a déjà un bon nombre de Paris-Brest-Paris dans les mollets...
Sur la place, les discussions vont bon train. Nous avons le plaisir de faire connaissance avec un autre équipage en tandem de la Loire... Madame a son carburant: une bonne plaque de chocolat qui tombe rapidement sous notre tandem mais qui est vite ramassée par sa propriétaire...
La pause à Thodure nous a redonné du tonus pour les soixante dix kilomètres qui restent. Les vélos couchés viennent de repartir. Nous repartons seuls. Soyons clair, à cet instant, nos sacoches comportent encore deux compotes énergétiques à la pomme, cinq parts de gâteau diagonaliste au chocolat, quatre lunettes de Romans, une petite gourde de miel et deux bananes... En mangeant tout les quarante kilomètres, nous espérons faire encore une pause dans deux bonnes heures, pause qui pourrait être confondue avec le dernier ravitaillement... Finalement, en pédalant doucement, nous sommes rejoints par Michel Giraud, Marc Liaudon et par l'équipage du tandem de la Loire... Inattendu, mais très apprécié, nous pédalons tous ensemble vers Lyon en redoutant le vent du nord qui aurait pu être plus fort vers Pommiers de Beaurepaire...
Ca devient une habitude, à la fin de chaque côte, Marc file devant pour poser son vélo dans le fossé et prendre des photos. Voici nos amis de la Loire en train de maîtriser la danseuse sur leur tandem fabriqué à Grenoble...
Photo: Marc Liaudon
Après cette montée, une grande descente nous permet de filer dans une vallée parallèle à celle où nous sommes passés ce matin... Nous passons sous le viaduc de la ligne TGV Sud-Est avant de dépasser André Martin et son collègue dans une grande ligne droite. Soudain, une route se profile à droite. Je me souviens avoir vu le panneau indiquant la direction de Meyssiez mais aussi deux petits roquets qui nous ont montré les crocs avant d'essayer de nous poursuivre. Ayant peur de ces bestioles carnivores, j'ai filé tout droit, ne pensant pas qu'il aurait fallu prendre cette route vers Messiez...
Mais en arrivant à Cour et Buis, et ne voyant plus aucune flèche au sol, nous avons découvert notre erreur d'orientation sur notre parcours préalablement tracé sur une carte photocopiée...
Afin de ne pas être accusés d'avoir pris un raccourci et de ne pas avoir honoré un éventuel autre contrôle secret, je nous ai pris en photo devant ce salon de coiffure de Cour et Buis...
Nous avons alors pris la direction de Jardin et de Vienne puis en rejoignant le beau village d'Eyzin Pinet et son château que les autres participants n'ont pas dû voir...
Nous sommes tout naturellement revenu à Moidieu Détourbe où Marc Liaudon nous attendait... Il nous affirme qu'on aurait du prendre cette côte soi-disant intéressante...
Les participants s'étirent et se ravitaillent alors que les organisateurs tombent sous le charme de l'église située en contre haut...
André Martin et son collègue arrivent à leur tour à ce dernier ravitaillement... Pendant que nous mangeons nos deux bananes, André affirme qu'il faudrait mettre en prison ceux qui ont fait le parcours car il y a trop de côtes...
Nous retrouvons le chemin du matin en sens inverse, le compteur dépasse les deux cent quatre kilomètres et nous arrivons au stade de l'ASPTT que l'on avait vu ce matin au lever du jour...
Pendant tout cette journée, j'ai été intrigué par ce sac plastique au pied de Marc Liaudon. Il explique l'avoir dissimulé entre deux paires de chaussettes en guise de bon isolant...
Dans la salle voisine, une assiette de charcuterie avec quelques chips et des fruits nous sont gracieusement distribuées...
Sur la table voisine, nous retrouvons les membres du club récompensé pour avoir été les plus nombreux ce jour...
Justement, Chrystel69 fait partie de ce club, et après avoir discuté avec elle sur le forum de Paris-Brest-Paris, il est agréable de faire sa connaissance...
Parmi ses ami(e)s de club, nous retrouvons au premier rang Jean-Jacques Pech, président du CODEP 69, que nous avons déjà croisé pendant l'Assemblée Générale des amis de l'ASARRA...
Photo: Marc Liaudon
N'oublions pas non plus André Martin qui est quand même bien arrivé malgré les nombreuses bosses...
Photo: Marc Liaudon
Après ce premier brevet, les chiffres du compteur indiquent une distance de 204 kilomètres pour une élévation cumulée de 2481 mètres... On dépasse largement les mille mètres d'élévation aux cents kilomètres mais les routes de France sont souvent une succession de courtes montées et de courtes descentes comme sur les petites routes de Paris à Brest et retour... Nous avons été chanceux - encore une fois - car deux jours après ce brevet, la neige est revenue, en même temps que le printemps...
Ferez-vous les prochains brevets en tenant la souris de l'ordinateur ou le cintre du vélo ?