Récit de Menton-Brest en Tandem
Mercredi 20 Aout 2008
Troisième étape: Vichy (03) - Châtellerault (86)
283 kilomètres de 04h35 à 23h10 et 1521 mètres d'élévation
Après deux longues premières étapes de 300 kilomètres où nous étions partis à 3h00, à partir d'aujourd'hui, nous partons à 4h35. Nous quittons rapidement Bellerive sur Allier en suivant la route que nous avions prise au début du brevet de 400km en 2007. Il faisait jour, nous étions samedi. Maintenant, il fait noir, nous sommes mercredi et les camions circulent déjà. Le compteur indique une trentaine de kilomètres quand nous arrivons à Saint Pourçain sur Sioule. Connaissant la suite du parcours vers le Montet, nous décidons de prendre un petit déjeuner ici. La boulangerie vient d'ouvrir et nous trouvons sans difficulté un bistrot ouvert en face.
Une première ligne droite vers Saulcet, une grande montée vers La Roche Bransat, une descente, une montée vers Laféline, le relief est accidenté ici. Le tandem monte les bosses à 12 km/h et dans les descentes, je laisse aller mais nous ne dépassons pas les 50 km/h. En moulinant, petit à petit, nous arrivons au Montet...
Nous revivons le parcours de ce brevet de 400km qualificatif à PBP 2007. Nous étions également passé par là en 2005 en faisant notre premier voyage en tandem vers la Bretagne. Voici une photo souvenir de la réplique de l'église du Montet que nous avons trouvé sur la place du village... Quand la Diagonale devient du tourisme...
Si la pluie a cessé, le ciel est encore bien chargé et le vent d'ouest se fait sentir. Plus loin, dans la forêt de Dreuille, il fait frais. Au contrôle de Cosne d'Allier, nous temporisons quelques instants pour déguster quelques abricots et une tablette de chocolat.
Nous traversons la Route Nationale 144 juste avant Vallon en Sully. Ici, dans quelques heures, doivent passer deux diagonalistes, venus de Perpignan et qui tentent de rejoindre Dunkerque. Je regarde bien, à gauche et à droite, mais nous ne les verrons pas. Nous arrivons à Vallon en Sully par l'itinéraire inverse d'une des randonnées organisées par Jacques Lacroix lors de la concentration de l'Amicale des Diagonalistes en août 2004.
Je revois à la descente la montée des Guèzes où nous avions fait des photos et nous arrivons à Vallon en Sully. Il y a du monde au village! Beaucoup de retraités, à droite et à gauche, en train de faire leurs emplettes, scènes habituelles d'un gros bourg de campagne. Le centre de la France vit un petit rythme tranquille. A force de lutter contre le vent, pas bien fort, mais gênant, nous revoyons notre habillement. J'enlève mes jambières, Isabelle met son maillot court et nous repartons en trainant une certaine lassitude. Nous profitons de quelques rayons de soleil pour faire une sieste de quelques minutes dans un champ. Nous n'avons pas réalisé (la fatigue, certainement) que nous sommes en train de faire notre première (et pas la dernière!) erreur de parcours. Nous filons à Epineuil le Fleuriel alors qu'on aurait dû rejoindre Vesdun par Penserolles. C'est Isabelle qui a regardé la carte pendant une pause technique et qui s'est exclamée:
- On a fait une erreur de parcours!
Finalement, cette pause et cette erreur nous ont fait reprendre du poil de la bête et nous traversons rapidement Vesdun avant d'arriver devant le majestueux château à l'entrée de Culan. En 2002, au petit matin, il était illuminé par le soleil. Ce midi, le ciel est bouché et il paraît bien sombre. Dans le village, le premier restaurant sur la droite porte le logo FFCT. Pendant qu'Isabelle tient le tandem, j'essaye de voir si nous pourrions être servis rapidement. Je trouve le serveur en train de prendre une commande en expliquant comment le plat est cuisiné dans les moindres détails. Pas de temps à perdre, nous filons plus loin. Nous avons bien fait, nous trouvons à la sortie, sur la gauche, un routier qui va nous apporter toute satisfaction en nous servant en moins d'une heure. L'un en face de l'autre et non pas l'un derrière l'autre, assis en prenant le temps de manger et en jetant de temps en temps un oeil sur le tandem dehors, voici de belles vacances!
Noce ? Banquet ? Gastronomie ?
Non... Cyclotourisme!
(Dessin extrait du Cycliste, 1959)
Nous roulons relativement bien en début d'après-midi. A la Châtre, nous remontons le parcours par lequel nous étions revenus de Bretagne en juin dernier. Deux heures après avoir déjeuné, c'est à Neuvy Saint Sépulchre que nous nous arrêtons pour un contrôle. J'ignore pourquoi Annette Hehn, notre Délégué Fédéral, m'a demandé s'il y avait un H dans le nom de cette localité. A la terrasse d'un bistrot, nous sirotons chacun 33cl de Coca Cola, en mâchouillant une banane. Pendant que je fais pointer nos carnets de route et que je fais une pause technique, Isabelle s'endort à table. A l'entendre, cette micro sieste lui a fait du bien. La pause aura duré trente minutes.
Vers Argenton sur Creuse, la circulation est très modérée par rapport à ce que nous avions connu en juin. Cela incite Isabelle à me proposer de changer notre itinéraire. L'idée est de rester sur cette route principale le long de la Creuse pour passer au Blanc et rejoindre plus loin Tournon Saint Martin, notre prochain contrôle. L'avantage est nul en kilomètre et pénalisant pour les saristes qui voudraient nous attendre ici (mais y en a-t-il ?). Par contre, cet axe principal est plus roulant que les petites routes prévues et surtout, on aura plus de chance de trouver à manger au Blanc. C'est décidé, à Saint Gaultier, nous resterons sur cette route. Nous croisons plusieurs équipages de tandem dans un carrefour, sans avoir le temps de nous arrêter. Nous nous contentons de lever la main...
En début de soirée, nous arrivons au Blanc où nous allons essayer de nous restaurer avant de couvrir la soixantaine de kilomètres qui nous sépare de Châtellerault. Un premier tour de ville nous montre que les restaurants sont fermés. C'est désolant mais nous ne trouvons rien d'ouvert. Rien, mis à part un kébab tenu par deux jeunes gens. Finalement, c'est ici que nous allons dîner. Pendant la préparation des sandwiches, avec la généreuse portion de frites pour 50 centimes d'euro supplémentaires, nous nous préparons à la suite. Je me débarbouille une nouvelle fois. Quelques instants plus tard, nous voici attablés en train de manger ce sandwich comme on peut. Nous nous régalons! Nous ne sommes pas des habitués de ces menus, mais en Diagonale, c'est très appréciable...
J'en profite pour me souvenir que mon dernier kébab remonte justement à 2 ans: pendant Dunkerque-Menton, à Semur en Auxois! Isabelle ironise entre la nationalité des deux jeunes gérants et le nom de la ville où nous sommes (Le Blanc)! Force est de constater que c'est le seul endroit où l'on peut se restaurer ce soir
L'arrêt a encore duré moins d'une heure, ce qui nous permet de reprendre la route le long de la Creuse sur un itinéraire très tranquille et quasiment plat. Si la circulation est nulle, il faut quand même être vigilant, car c'est justement à ces instants que les autos se déchaînent et roulent vite. Nous arrivons à Tournon Saint Martin au crépuscule par une route qui nous a bien marqué: beaucoup de maisons sont à vendre, les volets fermés et le centre ville est désert! N'ayant trouvé aucun commerce pour pointer nos cartes de route, nous faisons une photo du panneau du village. Et puis encore une autre photo, au cas où la première ne conviendrait pas.
A Izeures sur Creuse, il fait nuit! La trentaine de kilomètres qui nous sépare de Châtellerault risque de nous sembler longue, alors un café nous ferait le plus grand bien, n'ayant pas pu en prendre au Blanc. La dame du restaurant huppé n'en revient pas: de Menton à Brest, en cinq jours, et ce soir à Châtellerault... Nous avalons rapidement le café en ayant les oreilles farcies par quatre adolescents qui ne trouvent rien de mieux à faire que de faire hurler leurs scooters à échappement libre dans le centre du village...
Finalement, après quelques courtes et rapides descentes dans la nuit, nous sommes arrivés à l'entrée de Châtellerault vers 23h00. Grâce au plan préparé à l'avance, nous avons pris la rocade pour rejoindre la zone commerciale où se trouvait notre hôtel à réservation automatique. L'endroit ne m'est pas inconnu, car en août 2006, j'avais eu le plaisir de rencontrer pendant Hendaye Dunkerque, Pierrette et Guy Guilloteau qui m'avaient conduit à cette zone commerciale. Après nous être lavés et avoir encore mangé une banane, nous nous sommes endormis vers minuit. Cette troisième journée a été longue, parfois laborieuse. C'est certainement à cause du vent...