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Mon premier trail blanc
Désert Snow Trail
en Chartreuse

Grâce au vélo, j'ai connu plein de belles aventures, plein de beaux paysages. Je suis parfois parti loin, très loin, parfois roulé des nuits entières pour finalement oublier les beaux paysages qui sont proches de mon domicile. Alors, plutôt que de partir loin pour rechercher je ne sais quoi, je suis attiré par ce trail blanc qui se déroule quelque part en Chartreuse au début Février 2012, au Désert...

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Grâce au vélo, au col de la Cluse, au pittoresque petit village de Corbel, je situe rapidement le Désert au delà de Saint Pierre d'Entremont, aux frontières de la Savoie. Le programme propose de faire une boucle d'une douzaine de kilomètres en passant par les cols du Mollard et des Fontanettes avant de revenir au Désert.


La dénivelée avoisine les 500 mètres d'élévation. Donc, pour me repérer et me mettre en confiance, je me dis que c'est aussi haut que la montée - bien connue à vélo -de Montaud mais deux fois plus longue. Serais-je capable de faire cela... à pied ? Car, j'ai oublié de préciser, un trail blanc est une course à pied sur la neige...

Le programme évoque pour moi le Paris-Brest-Paris. Les coureurs partent à 17h30, il faut avoir la frontale, une couverture de survie et être revenu avant une certaine heure. Ne courant jamais, le programme est ambitieux. Mais la lecture de cet article, l'envie soudaine d'aventure et ce nouveau défi me trottant dans la tête, je décide d'y aller!

Moins d'une semaine avant, je m'équipe rapidement d'une paire de chaussures de running étanches que j'essaye en allant au boulot à pied (12k + 12k), que je porte au travail pendant une journée (résultat: une ampoule!) et que je porterai avec des grosses chaussettes de laine bouclette. J'ai aussi investi dans des chaussettes de running, mais elles sont très fines et la neige pourrait vite passer par dessus la chaussure. Devrais-je aussi prendre des guêtres ? L'autre équipement nécessaire, c'est la frontale. Quand on roule de nuit, la frontale est connue mais là, je vais essayer la photon fusion que j'avais acheté en 2006. Avec ses 3 diodes, elle est redoutable, mais tellement redoutable que je n'ai jamais réussi à la monter sur un casque de vélo, alors, elle est restée au placard. Portée par dessus un bonnet, elle permet d'illuminer le salon et se fait oublier. Je charge trois accus NIMH AA et je fais des tests d'endurance dans le salon: deux fois huit heures à dix-sept degrés et c'est tout bon. Je teste la fermeture du clapet: tout est correct. Je règle les harnais, elle est prête. Je n'oublie pas un change de vêtement, la couverture de survie empruntée dans la sacoche du vélo et deux bâtons de ski de fond qui vont me servir à me hisser dans les cols à pied...

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Je rejoins Saint Pierre de chartreuse en car TransIsère...

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Je passe pour la première fois le col de la Placette où je me surprends m'endormir dans le car...

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Derrière la vitre du car, il fait chaud et la descente s'annonce bien... Je voyage...

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Le car remonte ensuite les Gorges du Guiers Mort...

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...où dans les tunnels, de grandes stalactites sont suspendus...

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Arrivé à Saint Pierre de Chartreuse (c'est à dire deux kilomètres plus loin que cette photo prise à la Diat, au pont routier de la Dame), j'ai rendez-vous avec Delphine qui me retrouve au bar du Hibou Gourmand et nous partons vers Saint Pierre d'entremont dans sa clio grise...


Devant la maison à la fontaine et aux géraniums (repères de l'été), nous prenons à gauche et la montée commence vers le Désert. Je n'ai jamais vu cette route en hiver...

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Il faut composer avec une route relativement bien déneigée mais certains virages laissent à désirer. Juste avant le village, là où broutent normalement en été de belles tarines, l'épaisseur de neige doit se mesurer en mètres!


Nous passons le passage à 12% et dans le dernier virage avant le col de la cluse, nous nous arrêtons au foyer de ski de fond. Il y a foule...

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Nous allons nous inscrire. le certificat médical est obligatoire. j'ai pu en avoir un quelques jours avant car mon médecin traitant a pu constater que je pouvais faire quelques génuflexions sans trop de problèmes! Delphine revient d'une montée en ski de randonnée à Chamechaude et n'utilisera pas ses bâtons. Elle me les prête gentiment et je les apprécie d'une longueur de 1,12m au lieu de 1,55m...

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Nous voici dans le foyer où grouillent tous les coureurs. Il fait froid dehors, avec moins quinze degrés et nous nous (Sébastien, David, Valérie, Delphine et moi, Il manque Emily que nous rencontrerons plus tard) réchauffons autour d'un thé bien chaud...


Mais les instructions sont claires: il nous faut maintenant aller dehors, pour nous échauffer et nous placer sous la chambre à air pour être prêts pour le départ...

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C'est comme le départ du Paris-Brest-Paris, sauf qu'on peut s'échauffer en courant n'importe comment autour du foyer de ski de fond et que tous les coureurs vont se placer dans le mauvais sens de marche sous la chambre à air!


Bref, parlons justement du Paris-Brest-Paris, car pendant l'échauffement, une voie féminine m'a gentiment interpelé:

- Bonjour, ce n'est pas vous qui organisez les brevets de randonneurs de longue distance à Grenoble?

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Gagné ! Même avec le bonnet et sans le vélo, Aurélie Cadoux et son mari m'ont reconnu! Nous reparlons de Loudéac, de ma rencontre avec Christian Beck. Delphine nous prend en photo. Merci!


Cette fois-ci, il faut aller sous la chambre à air car le départ est imminent, il est 17h25!

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Sous cette ligne blanche de départ, tout le monde trépigne et hop, c'est parti...


Sans faire trop de bruit, la neige se laisse fouler par tous ces pas de coureurs et le départ est finalement plus discret que le départ du PBP. Nous filons vers le nord, le grésil vient fouetter les joues et j'apprécie le masque de ski alpin. Je marche rapidement, parfois je cours en essayant de lire la neige et de voir où les coureurs précédents ont placé leur pied. Je double une personne, un groupe et dans les trois premiers kilomètres, j'ai dû passer le col du Mollard, mais je n'ai pas vu le panneau ! Etait-ce au niveau de la traversée de la piste de ski de fond damée?

Bref, la nuit arrive. Et aussi le moment de vérité! Au troisième kilomètre, un panneau indique un virage à droite, ce moment de vérité et un mur apparait dans la nuit. Il faut allumer la frontale ici. C'est parti. Pour moi, il est illusoire de courir dans cette montée estimée à 50%. Je monte en marchant, les bâtons me sont utiles et... la frontale s'éteint... Mince... Ayant peu de dextérité avec mes moufles doublées, je la saisis et je regarde où appuyer avant de la replacer sur la tête. Ca y est, c'est reparti, je poursuis la montée. Un point de côté apparait, je monte moins vite en respirant moins vite et à nouveau, la frontale s'arrête... Mince... Je la rallume. En fait, elle va s'éteindre toutes les 30 secondes alors que dans le salon, tout marchait bien. Flute... et dans la montée de ce col des Fontannettes, il faut la frontale pour voir où mettre les pieds.

Lors d'un nouvel arrêt, je regarde en contrebas et aperçoit mes poursuivants qui semblent ne pas avancer. Je lève la tête et je vois un coureur qui progresse lentement. J'écoute.... dans la nuit, je ne sens plus le vent, mais il fouette le haut des arbres gelés. J'écoute le bruit des branches recouvertes de givres qui crissent comme si elles allaient tomber. Le bruit est quelque peu inquiétant, et je continue cette ascension avec cette frontale qui s'éteint toutes les trente secondes. J'arrive au sommet et je rencontre un des organisateurs avec ses raquettes. Il m'indique la descente, une descente bien raide et la proximité du contrôle où je pourrais essayer de résoudre le problème de ma frontale.

Dans la descente, il me faut essayer d'aller vite. La lecture de la neige m'indique qu'il faut poser le talon en premier dans les traces de mes prédécesseurs. Parfois, je me surprends avoir les pas assurés, je descends rapidement, mais à quelques reprises, la cheville me fait défaut, elle se met de travers et me voilà par terre, en train de glisser dans la neige. C'est ludique! J'ai le cuissard tout blanc, mais je n'ai pas froid. A force de tomber, de rallumer ma frontale, je suis repris par mes poursuivants, un groupe de jeunes dames qui parlent en me dépassant; J'essaye de rester derrière elles pour profiter de leurs éclairages. Elles sont bien équipées et marchent d'un bon pas. Soudain, la première d'entre-elle s'écrie:

- Ayeeeeeeeeee...

Elle s'arrête de suite en nous indiquant qu'elle vient de mettre le pied dans... un bout de ruisseau gelé et elle vient de casser la glace. Son pied est... trempé... je fais un grand pas, hop, mon pied droit est sec, victoire et la frontale s'éteint à nouveau...

Je progresse maintenant seul dans cette descente où le vent fouette à nouveau le visage. Je ralentis le rythme, si je veux arriver au bout, je dois me ménager! J'arrive au contrôle. Le gobelet de thé est bouillant et les organisateurs sont aux petits soins pour nous. Il y a des pâtes de fruits, des morceaux de chocolat, mais tout est gelé! Allez prendre un morceau de chocolat avec une moufle doublée, vous en prendrez une dizaine et en les mettant en bouche, vous aurez l'impression de manger un bloc de glace. A force de saliver, vous les décongèlerez et la saveur chocolatée apparaitra finalement assez rapidement. Je m'inquiète de cette frontale et un organisateur (toto ?) me prête la sienne. Il me donne rendez vous à l'arrivée et la mienne disparait dans mon sac à dos. Vu mon retard, je suis exempté de faire la petite boucle et je repars en suivant les petites flèches roses...

J'ai du mal à me situer. Je ne connais pas cette route goudronnée et ce petit hameau. L'itinéraire me fait prendre à droite, dans ce qui pourrait être un itinéraire à travers champ. Ma nouvelle frontale éclaire bien, finalement mieux que la mienne et je vois bien où je vais. Je regarde au dessus de moi en découvrant un ciel étoilé. A gauche, des petits hameaux scintillent dans la nuit. Je ne sais pas où je suis, certainement quelque part à l'ouest du Granier, mais je me promets de revenir ici, peut-être à vélo... En regardant en contre bas, je vois la route goudronnée que je viens de quitter et deux marcheuses y progressent rapidement. C'est certain, entre nous, nous avons fait une erreur de parcours, soit elles, soit moi... Je les appelle et les invite à revenir sur ce sentier déjà foulé. Elles sont étonnées de mon appel, se concertent et hop, les voilà en train de sauter par dessus un ruisseau avant de se remettre dans le droit chemin. Elles me rattrapent, me dépassent, m'avouent que c'est aussi leur premier trail blanc et la prochaine montée dans un petit bois me reléguera en dernière position...

J'évolue ensuite sur un sentier balcon. Quelle belle balade en marchant vite, j'ai chaud! J'ôte finalement le masque de ski alpin et découvre en tournant la tête que le vent me pousse...

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Au neuvième kilomètre, le sentier passe à nouveau dans un petit bois. Je marque une pause rapide pour une photo sans perdre les bâtons légers de Delphine et je continue.


Je n'ai aucune idée de l'heure, je marche et au loin, un village est éclairé...

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Le sentier est balisé par quelques flambeaux qui vacillent dans la nuit...

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Une dernière descente, une petite montée et voici justement l'arrivée sous la chambre à air!


Je trouve ici les organisateurs qui avaient saisi mon inscription et qui m'annoncent la température extérieure: moins vingt et un degrés ! Et je bouillonne! Peu importe mon classement, dans cette course, même si je suis le dernier, j'ai apprécié et c'est bien là l'essentiel....

Une dame me propose un verre de thé. Je le saisis mais en le portant à la bouche, je m'aperçois qu'il est bouillant... Je rentre dans le foyer de ski de fond où tous les participant(e)s savourent leur victoire. Je retrouve Delphine qui me dit être juste arrivée et la remise des récompenses est annoncée.

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Le podium est improvisé sur trois gros rondins de bois de longueurs différentes et les nominés sont invités à monter dessus!

Voici justement Emily qui y monte, elle doit finir troisième dame et remporte un pot de miel et un cache oreille!


Nous nous réchauffons autour d'une soupe de légume agrémentée de fromage râpé. David me signale que je ne vais pas tarder à me refroidir. En sortant pour remonter dans la voiture, je découvre que la vitre intérieure du foyer de ski de fond est givrée. Dehors je claque des dents. Nous retrouvons la clio. Delphine, avec une conduite assurée sur la route, nous ramène à Grenoble en passant par les Gorges du Guiers vif et Berland. J'ai conseillé cet itinéraire pour ne pas avoir à passer les cols du Cucheron et de Porte en pleine nuit. A défaut, on a juste passé le Col de la Placette.

Ce fut une belle découverte, une belle boucle dans une nature glaciale, authentique et splendide. J'ai découvert le trail, même si je n'ai pas couru beaucoup. Mais une chose est sure: je reviendrai découvrir ces endroits oubliés...

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Au retour, dans la gourde, le glaçon est encore là... Il n'a pas encore fondu...







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    N'oublions pas nos amis...

logo Eric Vincent

À la mémoire d'Éric Vincent: En tant que participant à ce brevet et ami du Cyclo Club de Gap, je me permets de vous informer du terrible accident qui est survenu samedi 04 Juin 2011 au soir et qui a couté la vie à Éric Vincent, engagé comme nous tous sur ce brevet et renversé par un chauffard ivre. Lire:
Lundi 06 Juin 2011: Article de La Provence et celui du Dauphiné Libéré.
Mardi 07 Juin 2011: Article de La Provence et celui du Dauphiné Libéré.
Mercredi 08 Juin 2011: Article du Dauphiné Libéré.
Jeudi 09 Juin 2011: Article de La Provence, celui du Dauphiné Libéré et ce flash.
Vendredi 10 Juin 2011: Les obsèques d'Éric ont été célébrés à Gap avec beaucoup d'émotions.
Éric avait 47 ans, marié, trois enfants et habitué des BRM de Gap. Le matin, j'ai remarqué sa veste réfléchissante rouge, très visible et qui dénote des habituelles vestes jaunes. J'ai pris la photo ci-contre alors que nous roulions ensemble avant Sauzet avant de poursuivre notre brevet à notre rythme... J'assure la famille de mon soutien moral...


logo Cyril Thimonnier

À la mémoire de Cyril Thimonnier: J'ai appris, pendant le BRM de 600k de Chartres (28), le terrible accident qui a couté la vie à Cyril Thimonnier. Cyril tentait le dernier Brevet qualificatif pour PBP 2011 quand il a été heurté par l'arrière en pleine ligne droite par un automobiliste qui a pris la fuite. L'accident s'est passé juste avant Puiseaux (lieu de contrôle). Lire:
Lundi 13 Juin 2011: Article du Parisien.

La photo ci-contre montre Cyril Thimonnier sur le chemin du retour de PBP 2007 au contrôle de Villaines La Juhel (Crédit photo: Denis Transon). Cyril avait 39 ans et il était père de deux jeunes enfants. J'assure cette nouvelle famille de mon soutien moral...

 

Avertissement

 

Les personnes photographiées sur cette page, acceptent tacitement de figurer sur les pages de mon site internet. Je m'engage à vérifier que les clichés et les annotations ne concernent que le cyclotourisme à l'exclusion de tout autre commentaire. Cependant, pour préserver les libertés individuelles de chacun, chaque personne bénéficie d'un droit de retrait dont elle peut faire usage, n'importe quand, en suivant ce lien