Ils s'appellent Olivier, Jim, Eric et Cyril... Ils sont ici quatre à être cités, mais en fait, beaucoup d'inconnus ne sont pas cités. Je vis la même passion qu'ils ont vécu, celle de faire du vélo pendant de grandes distances, celle de voyager à bicyclette. Sur nos machines, nous roulons sur la route, ou plutôt, nous partageons la route avec les automobilistes.
Qu'ils soient chauffeurs routier, chauffeurs de car, conducteurs occasionnels ou réguliers, ils conduisent un véhicule en étant responsables. Souvent, tout se passe bien, sinon je n'aurais pas pu écrire cette page. Mais parfois notre vie est remise en cause car l'automobiliste conduit en état d'ivresse et il n'est pas responsable de ses faits et gestes. Sous l'emprise d'alcool, il dort, sous l'emprise de drogue, il n'est plus dans son état normal et c'est ici que le drame arrive...
Ce drame est arrivé. Et c'est malheureux. L'automobiliste a bu, il s'est endormi et a heurté un cycliste. Celui-ci est décédé, laissant un vide autour de lui, une famille sans mari, des enfants sans papa...
En lisant ces lignes, vous opposerez qu'il n'est pas utile de rouler la nuit, qu'on devrait être mieux éclairé à bicyclette, qu'on devrait rouler en groupe pour se protéger mutuellement et que l'on a forcément tort de se déplacer à bicyclette.
Or, pendant nos brevets, nos Diagonales, nous roulons la nuit pour le plaisir de ce déplacer. La route est ouverte à la circulation à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. A ce que je sache, le code de la route n'autorise pas les conduites en état d'ivresse à certaines heures et pas à d'autres...
La notion d'éclairage est toute relative face à une auto lancée à pleine vitesse et non contrôlée. Nous sommes éclairés avec nos phares avant et arrière pour nous signaler et force est de constater que ça se passe bien, car nous sommes souvent dépassés avec prudence et nos nouveaux phares blancs avant étonnent les automobilistes venant en face qui ralentissent... A côté de ses dispositifs actifs (fonctionnant avec de l'énergie sur dynamo ou piles), nous sommes revêtus de dispositifs passifs avec nos vêtements normalisés à bandes réfléchissantes. Parfois même, nous attachons derrière nos vélos le triangle réfléchissant pour accroitre notre signalisation. Quand un chauffard ivre arrive, il doit dormir ou être dans un état comateux. L'alcool qu'il a bu l'endort et il n'a plus la faculté d'analyser ce qu'il voit. Il pilote une auto pour tuer. Son permis de conduire se transforme en permis de tuer et il pourrait aussi foncer dans une maison, tuer des piétons, à chaque fois des innocents. Comme nous sommes cyclistes, nous sommes en première ligne...
Rouler en groupe: Parfois nous roulons en groupe pour pour se protéger du vent, pour s'aider l'un et l'autre comme dans la vie de tous les jours. Parfois, nous roulons seul pour mieux gérer notre effort, car la distance est longue et il est impossible de suivre la personne qui nous précède ou tout simplement car nous sommes solitaires ou que nous apprécions vivre la nuit en écoutant les rapaces nocturnes et en observant la nuit. Dans son véhicule, l'automobiliste est dans un autre monde, il écoute sa musique, fonce et s'il est rongé par l'alcool, la notion de groupe ne va pas le faire ralentir. Il risque au contraire de percuter le groupe et de percuter plusieurs personnes...
Nous ne cherchons pas à avoir raison et à accuser à tort les automobilistes. Force est seulement de constater que certains d'entre eux, peut-être vous s'il vous arrive de conduire en état d'ivresse (peut-être juste une fois, pour aller au bout de la rue où dans le village d'à côté pour rejoindre votre domicile: C'est la fois de trop), deviennent irresponsables et mettent en jeu la vie d'autrui avec la conduite en état d'ivresse...
Aout 2005
Olivier Ghestin part de Hendaye à bicyclette pour tenter la Diagonale de France Hendaye-Dunkerque. Il fait jour et il est percuté par un automobiliste sur la N10 qui conduit en état d'ébriété à la sortie d'une boite de nuit.
Il est décédé sur le coup. Nous nous étions vu un mois plutot pendant le BRA de Grenoble. Ci contre, Olivier pilote justement le tandem dans le défilé du Maupas dans la descente du Col de la Croix de Fer...
Avril 2011
Hors de nos frontières, aux USA, les américains payent aussi le prix fort des conduites en état d'ivresse. Jim Swarzman avait 47 ans quand il a été percuté par un automobiliste. Je vous invite à consulter son site internet.
Je ne connaissais pas Jim Swarzman. Mais il fut un des premiers à s'inscrire pour le Paris Brest Paris 2011. Son accident a été annoncé sur les forums des randonneurs américain...
04 Juin 2011
Je tente le brevet de 600k de Gap et je n'avais jamais vu Eric. Tout se passe bien au départ, je roule seul et finalement en groupe pendant quelques kilomètres. Au hasard des photos, j'en prends une devant, une derrière et je remarque ce monsieur à la veste rouge. Ensuite, il va pleuvoir, je vais m'arrêter pour m'alimenter, lui va continuer. Quoi de plus normal? Nous avons chacun nos rythmes. Dans la nuit, je serais repris par le groupe des Gapençais avec qui je partagerais quelques instants de pédalage. Nous roulons près du Pont Julien avant Apt sans rien remarquer, alors que je scrute les éventuels panneaux pour m'indiquer l'hotel à réservation automatique. Je termine le brevet finalement seul et j'apprends l'accident lors de mon arrivée à Gap...
Eric Vincent (à droite sur cette photo) a été heurté par un chauffard ivre qui a pris la fuite sans lui porter assistance. Bon nombre de randonneurs, dont nous, sont passés sur les lieux de l'accident sans pouvoir le voir, sans pouvoir lui porter assistance. C'est un des randonneurs qui l'a vu, par le plus grand des hasards, lors d'une pause technique, neuf ou dix heures plus tard. Eric avait 47 ans. Il laisse seule sa femme Catherine et trois enfants, Arthur, Arnaud et Charlotte...
11 Juin 2011
Loin d'Hendaye, loin de Gap, loin de la Californie, à Chartres, pendant le week-end de la Pentecote, Cyril Thimonnier tente le brevet de 600 kilomètres. Il prend le départ et ne reviendra pas...
Juste avant le contrôle de Puiseaux, il a été heurté aussi par une voiture dont le conducteur a pris la fuite. Cyril avait 39 ans et père de deux enfants.
Sur la photo ci-contre, nous le voyons au contrôle de Villaines La Juhel au retour de PBP en Aout 2007. Presque 1000 kilomètres dans les jambes et le sourire! Bravo Cyril...
Photo: Denis Transon
Bravo encore Cyril! Voici la photo à son arrivée à Saint Quentin en Yvelines en Aout 2007. Après l'accident d'Eric à Gap, l'annonce de l'accident de Cyril laisse un gout amer et une impuissance à tous les randonneurs...
Photo: Philippe Chazottier
Et maintenant, que faire? La vocation de mon site n'est pas de continuer une liste de photos nécrologiques relatant tous les accidents survenus, mais plutôt de signaler et de faire remonter le problème des conduites irresponsables en état d'ivresse.
En lisant cette page, prenez conscience de ne pas prendre le volant si vous avez bu. Ca vous parait certainement simple, mais vous risquez de heurter un cyliste, un piéton, ou tout simplement un autre usage de la route. Et si c'était votre frère, votre soeur, votre mère?
J'ai signalé l'accident de Gap à la Ligue contre la Violence Routière et j'ai obtenu un contact avec le représentant dans le département du Vaucluse...
J'envisage maintenant de prendre rendez-vous avec le député de ma circonscription pour faire remonter ces conduites assassines... A suivre...