Samedi 20 Septembre 2014
Compte Rendu du BRM de 200 kilomètres
Terres Froides et Avant Pays Savoyard
Voici les résultats définitifs du dernier Brevet de Randonneur Mondiaux de 200k de l'année 2014 tels qu'ils viennent d'être dépouillés...
- 85 inscrits
- 2 abandons
- 6 diagonalistes
- 4 dames Bravo tout spécial à elles, quelles soient confirmées ou débutantes dans la grande distance...
- 20 nouvelles personnes ! Comprendre comme nouvelle personne, une personne qui n'avait jamais fait de BRM auparavant et pour qui cette sortie a été une découverte fantastique car toutes sont bien arrivées... Bravo...
- 10 vélos horizontaux
- Aucun incident grave Pas d'incident avec des tiers, aucune chute, il y a juste eu plusieurs crevaisons...
- 7 non partants Changement d'emploi du temps, problème dentaire, peur des conditions météorologiques...
- Aucun randonneur hors délai
- Si je ne peux pas me dépanner, tant pis, j'irai faire des courses à la FNAC, mais ça serait dommage...
Cette phrase n'est pas de moi, mais de Marc, un participant inscrit au BRM de Grenoble. Parti de loin, il est arrivé à l’hôtel prés du départ après avoir changé de potence avant de quitter son domicile. C'est une fois dans la chambre de l'hôtel qu'il s'est aperçu... d'un petit jeu dans sa direction...
Impossible de faire un brevet dans ces conditions. Il m'a appelé et quelques instants plus tard, le voici sur le pas de la porte de l'appartement, vélo en main pour trouver une solution. J'avais l'air vieux jeu avec mon stock de potences à plongeur dans mon atelier, mais j'ai quand même trouvé une potence HeadSet et sa petite bague de 4mm pour le dépanner. Dévissage, insertion de la bague, resserrage et vérification qu'il n'y ait plus de jeu dans la direction et hop, voici notre novice, prêt à prendre le départ de ce BRM dans quelques heures, après une bonne nuit...
La nuit aurait pu être douce, elle a été une nuit de cauchemar! Je n'avais pas prévu de me lever à 3h00, mais on me l'a imposé! Un vacarme assourdissant, un jeu de contre basses dans toutes les montagnes, un éclairage blanc, gris et complétement désordonné de l'appartement.
L'orage était là!
Les quelques quatre vingt cartes de routes étaient prêtes, mais pas celle de l'orage!
A 3h30, un déluge s'abat sur la rue Esclangon... L'orage redouble de violence, la lumière vacille... J'évalue sa présence à 10 kilomètres, il n'a pas dû bien situer le lieu du départ...
Impossible dans ces conditions de faire prendre le départ aux vrais randonneurs inscrits. Alors que faire?
Il faut toujours savoir raison garder! Même dans les cas de désespoirs, où l'on pense rater une Diagonale, ou être hors délai sur le PBP, espérer... Alors les thermos se remplissent d'eau chaude, de thé au citron et un peu de miel.. Une, deux, ...huit, neuf... et dix... Dehors, c'est encore le déluge.... Mais à 5h00, la pluie diminue, le ciel noir devient limpide et on aperçoit Ezy sur le Vercors! Quelques instants après, ce sont les lumières de Chamrousse
que je devine.. Chouette.... Mais peut être pas trop vite... Le téléphone sonne, un participant m'annonce qu'il pleut encore dans la chartreuse... Je lui remonte le moral en lui disant qu'ici... il ne pleut plus !
A six heures, il ne pleut plus. Quelques éclairs sont encore là , mais une quarantaine de secondes séparent le moment de l'éclair et le bruit du tonnerre, l'orage est loin... il a déjà pris le départ, lui, sans carte, ni vélo... Méchant orage va!
Je sors dehors, installe la boite aux lettres sur la clôture tellement trempée que je dois m'essuyer les mains contre ma veste... J'arrive sur le lieu du départ, une
première voiture arrive et on me demande:
- Bon alors, il va avoir lieux ce machin là?
- Il ne pleut plus, il fait beau! Tu te gares et tu viens me voir, ta carte de route est prête...
Les minutes passent, les participants arrivent... Un a un, ou alors une à une , je distribue les cartes en prenant trois dernières inscriptions sur place. Alors que le peloton grossit, je m’inquiète de l'heure. Il est 6h40 puis 6h50 et à 6h55, il me reste quelques cartes... Les participants sont tous là! Ils sont expérimentés ou novices, expert en grande distance à vélo ou à trottinette, venus de Grenoble ou de plus loin. Certains habitent dans la même rue de Grenoble sans se connaitre, d'autres viennent de Montpellier, d'Arles, de Poitiers, du Perreux sur Marne...
Pour des raisons de sécurité, comme le brevet n'est pas déclaré en préfecture, la réglementation impose que les groupes de cyclotouristes doivent être constitués de 50 personnes au maximum. Je coupe grossièrement et arbitrairement le peloton en deux fois quarante, les premiers partent et les seconds attendent...
Après quelques minutes, je donne le départ à la seconde vague, je fais ensuite confiance à chacun et au relief du parcours pour que les participants se retrouvent en petits groupes... Il me reste trois cyclos, nouveaux, que j'ai plaisir à accueillir. Ils partent rapidement, cartes de route en poche... Ils ne sont pas en retard, il est juste 7h04...
Le jour vient de se lever et là, dans mes oreilles, le silence s'est subitement installé! C'est traumatisant de penser qu'ils sont tous partis et que je suis là seul , avec un carton vide de cartes de route... Je n'ai pas de temps à perdre, la seconde partie de la journée commence...
je rentre vite à la maison, pour charger la... voiture! J'ai en effet fait le brevet quelques semaines auparavant en cherchant un endroit où je pourrais m'installer pour faire un contrôle secret et un petit ravitaillement. la voiture est déjà chargée depuis trois jours, plein d'essence fait (le second de l'année, on ne rit pas, merci!) et j'y ajoute les denrées périssables. Me voilà parti...
Il me faut faire pas loin de soixante kilomètre pour trouver l'endroit repéré... Le col de Rossatière... Le soleil vient de s'y installer et il fait bon... Je m'installe sur l'aire d’accès d'urgence à l'autoroute toute proche. A cet endroit, je ne gène personne, les cyclos trouveront un grillage pour poser leurs machines... Un premier camion sur l’autoroute me klaxonne... Il monte péniblement le col sur la voie de droite et a vu mon installation. Sympa... Et un second quelques minutes plus tard... Finalement, au bout de trente minutes, je n'ai toujours vu aucun cycliste... Je m’inquiète un instant, car les premiers devraient être là... Je décide donc d’arrêter une voiture pour en savoir plus:
- Pardon, depuis Burcin, auriez vous dépassé des vélos ?
- Oui, trois, ils ne vont pas vite, ça monte !
- Merci bonne journée...
La montée du Col de Rossatière me fait penser à la route du Paris Brest Paris... Quelque part entre Villaines la Juhel et Averton...
Un panneau maison provenant du recyclage: fond de cartons, un vieux manche à balai, de la colle à papier peint, bande adhésive et 48 heures de séchage dans le salon derrière la baie vitrée... Il va maintenant visiter le bas côté de certaines routes...
Effectivement, quelques minutes après, voici les premiers. Je ne vais pas détailler toutes les arrivées, les photos suivantes parleront d'elles-mêmes... J'apprends que la piste cyclable trempée a fait son travail de sélection. Les pneus les plus usés ont crevé et d'ailleurs, les maillots blancs, qui étaient tous beaux au départ, sont crépis de tâches noires... Lessive obligatoire ce soir... Les casques sont maculés de tâches de boue... Sur les visages, on a transpiré, ça se voit... On me tend les cartes de route, je les pointe et là, effectivement, les cyclos ont pédalé... Les cartes de route sont parfois bien humides , tellement remplies de transpiration que le tampon de contrôle bave... et le stylo noir n'arrive plus à écrire... Pendant un BRM, ça roule et on ne visite pas les églises romanes...
Les photos de l'ambiance du brevet au kilomètre 80 en images...
La solitude pendant un brevet, ça arrive... On roule seul et on profite de l'endroit pour réparer sa machine... A son rythme, le but est de finir dans les délais...
Je vais rester ici deux bonnes heures et demi après quoi je reprends le chemin de la maison, de l'arrivée... La pression retombe et le retour est difficile. Je baille en conduisant, comme parfois à vélo... J'ouvre les vitres et hop, l'air frais me ravigote... J'arrive sur la rue Félix Esclangon, devant la boite aux lettres, en plein soleil. La rue est d'ailleurs complétement sèche... Il n'a pas dû pleuvoir depuis longtemps... pas très longtemps...
Pendant ce temps, les cyclos pédalent, pédalent et mangent... C'est en homologuant les cartes plus tard, que je verrai qu'ils ont formé un bel accordéon avec deux bonnes heures d'avance d'un contrôle à un autre, cette marge augmentant de plus en plus au fil des kilomètres...
En milieu d’après midi, un regard depuis la fenêtre de cuisine me montre trois vélos... Ça y est, ils sonnent la note finale de ce brevet... Ils sont rapidement rejoint par d'autres et c'est ici que va venir s'arrêter toute la composition musicale de l'accordéon du brevet... Chacun a écrit la partition du parcours à son rythme en arrivant parfois transpirant, parfois souriant avec de belles anecdotes...
- On a loupé le col de la Crusille, mais on a fait le Banchet à la place... Au total 225k au lieu des 209 officiels. Là, on aime le vélo!
- A Novalaise, trop sympa la serveuse, elle demande à être prévenue la prochaine fois...
- la cote après Aiguebelette, trop dure...
- A Morestel, on a pointé à la cave...
Et en image, ça donne...
- On a entendu parler des BRM de Grenoble par les copains de Mizérieu. C'est autre chose que les cuisses de grenouilles...
- On est rentre ensemble, mais les autres n'ont pas réussi à suivre, ils sont passés de l'autre côté de la digue... On ne va pas tarder à rentrer car le ciel menace, dois-je appeler Madame ?
Tout le monde est arrivé dans les délais sauf deux cyclos qui ont abandonné. Il est facile de faire un brevet en groupe, mais quand on est seul c'est plus dur et pas toujours facile d'apprécier le parcours. La santé est aussi un enjeu principal. Faire un brevet en sortant d'une nuit de gastro n'est pas souhaitable... En tout cas, que les participants aient été président de club FFCT, simple adhérent FFCT ou non licenciés, il y a eu bon nombre de nouveau et une vingtaine de personnes signent ici leurs premiers Brevet de Randonenur... Honneur à elles et toutes les félicitations s'imposent comme les sourires sur les visages. Mais quand j'ai parlé de la prochaine échéance, dans 15 jours, avec le 400 kilomètres avec les cols du Galibier et de l'Iseran dans la journée, les sourires se sont transformés en visages ridés et inquiets... Ça sera pour plus tard, pas vrai ?
Merci à toutes et à tous, bravo surtout pour votre prudence sur les axes (trop) fréquentés en ce samedi après midi...
Enfin, une anecdote pour finir! Si je ne connais pas les courriels des nouveaux participants, j'essaye de les contacter pour leur envoyer les dernières informations, surtout quand ils ont été inscrits par un tiers. C'est ainsi qu'on m'a conseillé une adresse mail que j'ai essayé, qui a marché, à laquelle j'ai écrit une fois, deux fois, trois fois, avant de recevoir ce gentil message...
Tout est rentré dans l'ordre au moment du départ lors de la rencontre avec le vrai randonneur. Mais comme le courriel reste mon seul moyen de communication pour faire connaitre mes brevets, et tenir au courant les participants, merci de bien vérifier vos adresses courriels...
PS: J'ai oublié de reparler de Marc, mentionné au début de ces lignes! Comme la potence n'avait plus de jeu, la FNAC a perdu un client! Comme son vélo roule bien et que c'est un vélo anticyclone, il a forcément fait beau. Marc sera donc au rendez vous de ce prochain brevet de 400k. Et si vous veniez le voir, il voudrait bien faire une Diagonale, mais il ne demande si c'est bien ou pas de la faire avant PBP. Peut-être pourriez vous l'aider, vos avis sont précieux...