Samedi 28 Mars 2015
Compte Rendu du BRM de 300 kilomètres
BCBG (Bugey Chautagne Bauges Grenoble)
Voici les résultats définitifs du premier BRM de 300k de l'année 2015 à Grenoble.
- 135 inscrits
- 5 non partants Deux causes de maladie, erreur de date du brevet, cause de travail, manque d'envie soudaine...
- 10 diagonalistes
- 4 féminines Quelles soient rapides ou lentes, ravo tout spécial à elles...
- 9 vélos horizontaux
- Aucun randonneur hors délai
(Avec un bel accent savoyard)...
- On a toujours l'habitude de le faire dès qu'il ouvre et il n'y a personne. Mais là, depuis ce midi, on n'arrête pas de voir des vélos... On se demande ce qui se passe...
Et voilà ce que m'a répondu une cyclote savoyarde que j'ai rejoint dans le début du Col du Sapenay alors que je progressais avec Jean-Michel... Elle était en cuissard court, les jambes forcément affutées car elle parlait normalement, sans s’essouffler, comme si la route avait été plane! La suite de la conversation a porté sur notre itinéraire...
- Mais vous êtes partis d'où ?
- De Grenoble...
- Ça fait une trotte... Vous êtes passés par où ?
- La vallée de l'Isère jusqu'à Vinay, remontée plein nord jusqu'au Abrets, traversée du Bugey, Andert, Ceyzérieu pour éviter Belley et nous voici après Culoz...
- Mais vous êtes partis à quelle heure ?
- A 4h00 du matin...
- Bah dites-donc, ça fait tôt... Je dormais encore à cette heure-là...
- Oui certes, mais nous nous sommes tous levés plus tôt car les gens qui viennent de Lyon ont du se lever vers 1h00 le temps de venir... Par exemple, je me suis levé à 1h50...
- Alors je dormais encore mieux... Mais vous allez où après...
- Cessens, Marigny, Cusy, Lescheraines, Col du Frène...
- Ha oui, Col du Frêne, dans les Bauges...
- Saint Pierre d'Albigny, la vallée de l'Isère et Grenoble... 300 kilomètres
- Ça fait long, ça ne doit pas être facile... J'ai fait plusieurs fois l'Arvan Villard, 140 kilomètres, ça va bien...
- Je trouve plus dur les courses en montagne, où il y a un chrono, ici, les randonneurs progressent à allure libre...
- Mais vous êtes bien chargés, mais vos sacoches sont optimisées...
- Oui, on est autonome, on traine nos vêtements, nos pneus de rechange... nos chambres à air...
- J'en n'ai qu'une, elle est là dans ma petite sacoche, sous ma selle !
Et comme la dénivelée ne faiblissait pas, j'ai finalement préféré abréger la discussion... Mais avant de nous séparer je lui ai mentionné le prochain BRM de 200k, car pour changer des cyclosportives, j'ai pensé que ça pourrait l'intéresser... Il restait encore deux ou trois kilomètres avant le col, et je voulais me réserver pour la suite... En effet, comme pour les autres participants, la montée au Col du Sapenay n'était que la mi-parcours de ce nouveau brevet de trois cent kilomètres...
L'idée du tracé remonte à fin 2013, après deux longues soirées à étudier les cartes pour ne pas passer à Belley et pour traverser les Bauges et revenir par la vallée du Grésivaudan... J'ai tracé le parcours comme je trace mes Diagonales, les routes blanches, les petites localités... Reste à voir ensuite si la navigation est aisée car le parcours n'est pas fléché... Le col du Frêne était le passage obligé, d'autant plus que dans ce sens, il passe plutôt bien, comme le dessert après un bon repas... Le plat de résistance, c'était l'inconnu, pas assez ou trop épicé, le col du mont Clergeon avec un contrôle à Moye plutôt que de passer par la Chambotte... J'ai effectué deux repérages en 2014. Le premier s'est arrêté au bout de la voie verte à Saint Quentin et le brevet de 300k s'est soldé en 68 kilomètres. La seconde fois, c'était à la fin avril 2014, j'ai découvert le Clergeon, planté là comme une épine en plein milieu de ce BRM de 300k. Trop dur pour un BRM ? peut-être ? Mais après tout, la phase d'approche est longue, il faut prévenir les randonneurs et sur le PBP, la portion entre Loudéac et Corlay est aussi dure, en pleine nuit et avec la fatigue en prime... Une fois rentré à Grenoble, le compteur rayonnait d'un beau 3200 mètres d'élévation. Homologué par l'ACP pour cette année, il était prévu ce samedi 28 Mars 2015 et déclaré dans les préfectures d'Isère, Ain, Savoie et Haute Savoie...
Fait inhabituel, j'ai reçu des courriels de randonneurs avertis qui ont été repérer le parcours deux semaines avant la date fatidique! Le premier cyclo exprime que ma feuille de route est bonne dans le Bugey, mais qu'il ne faut pas se tromper... et pas rouler trop vite, sinon on a vite fait de se perdre... Il avoue même que certains vont être surpris par une montée... Le second cyclo signale qu'il a été faire le Col du Mont Clergeon, mais qu'il a dû marcher dans la neige avant d'attaquer la descente. Coup sur coup, s'est ajouté l'avis du Conseil Général de Haute Savoie m'apprenant que le col ne serait déneigé que mi Avril...
- Il reste 30cm de neige glacée là-haut... En voiture, on ne peut pas y aller, et on ne passe pas les engins là-haut... On attend le déneigement naturel...
J'ai pris au sérieux cet avis, retour dans le salon sur les cartes, prise de contact avec la DDE73 puis la mairie de Cessens pour en savoir plus...
- Écoutez Monsieur, officiellement, le col est encore fermé, mais en voiture ça passe... Je vais me renseigner et je vous tiens au courant...
- Oui, je vous remercie par avance car j'ai une randonnée de vélo qui y passe le 28 Mars et nous sommes une centaine...
- Je vous donne des nouvelles demain...
Demain, il faisait beau et en posant un jour de congés, me voilà parti à 4h20 sur la voie verte pour mesurer ce brevet... Appareil photo en main, j'ai refait les photos pour les nouveaux contrôles, prévenu la boulangerie salon de thé de Culoz et grimpé le col du Sapenay... Seul, sous le soleil de midi, c'était une tuerie... Il m'a paru ressembler au Mont Noir, dans le Vercors, mais avec une autoroute en haut... Passage à la mairie de Cessens à son ouverture pour me présenter devant la secrétaire de mairie...
- Ça devrait être bon! La DDE73 signale que le col serait ouvert le vendredi 27 Mars à 16h00, mais qu'ils restent tributaire de la météo. En cas de mauvais météo, Mr Battu devrait trouver un plan B pour ses vélos...
Le plan B était prévu! En dernière minute, j'avais tout préparé pour faire partir la centaine de randonneurs inscrits en Ardéche sur l'ancien 300k. J'avais vérifié les transferts d'assurance auprès de la FFCT, mais finalement j'ai reçu un coup de fil le vendredi matin à 7h15 de la DDE m’annonçant l'ouverture pour ce vendredi soir! Superbe! J'ai quand même demandé à recevoir l'arrêté d'ouverture, pour mes assurances, on ne fait pas passer autant de randonneurs sur une route récemment ouverte... Les inscriptions ont afflué et vendredi 27 Mars 2015 à 22h00, j'étais encore en train de répondre à un cyclo qui pensait que le 300k était le tour du Vercors... Trop dur ce tour, cette inscription n'a pas abouti, mais deux autres se sont confirmées...
Étant limité à une distribution de 70 cartes à la demie-heure, j'ai demandé l'aide de deux randonneurs pour distribuer une partie des cartes et vérifier les éclairages des machines. Tous les vélos étaient bien équipés sauf deux. Un premier n'avait qu'une frontale, il m'a été représenté quelques minutes plus tard avec un bon éclairage et même situation pour un vélo dépourvu d'éclairage arrière...
Nous sommes partis à 4h10! Premier feu tricolore respecté, et mis pied à terre, suivi d'un démarrage en côte pour rejoindre la place Nelson Mandela. Sur l'Avenue des Martyrs, je signale l'entrée de la piste et je passe en tête sous le pont haubané. Il fait noir, c'est la nuit mais je découvre une belle guirlande qui s'étire... Je ne me souviens même plus à quel participant j'ai fait cette remarque. La prochaine embuche est le barrage de Saint Egrève... Je signale la barrière et après, c'est parti. Franck me dépasse en me demandant des nouvelles et en me disant que d'autres sont déjà partis devant! Les méchants! Franck me demande si je veux aller les voir? Je réponds par l'affirmative et j'entends d'un coup sec son dérailleur s'enclencher, les muscles de ses jambes se dessiner et en me regardant, il me dit:
- Bah viens! On y va, je t'emmène !
Mais je ne pourrais pas suivre Franck! Je me range à droite, surveillant les racines, et un par un, deux par deux, les participants me doublent. La plupart n'esquivent aucun mot, aucun regard, ils sont concentrés sur la roue qu'ils suivent et le seul bruit dans cette nuit est le bruit des dérailleurs qui s'enclenchent... C'est parti et j'espère que tout se passera bien... Quelques minutes après, je distingue deux gros pelotons devant, illuminés de rouge, un seul et finalement plus aucun... Vus de loin derrière, ils donnent l'impression de ne pas avancer. J'ai déjà remarqué cette impression sur la route de PBP où je n'arrive pas à me rapprocher du vélo qui me précède... Quelques personnes sont arrêtés au bout de la piste à Saint Gervais et j'avale directement la première montée...
Avant Vinay je vais retrouver Bruno et Karine, mais mon arrêt au point de contrôle pour grignoter me fait finalement rencontrer le groupe de David. Avec Olivier, nous progressons vers le col de Toutes Aures
Il est tout juste 6h30, le jour se lève et on se croit au marché au col de Toutes Aures
- Combien de kilos de brevets pour vous ?
La descente est glaciale, le jour s'est levé, entrainant avec lui la tombée de la rosée qui givre sur le sol. Je dois perdre des calories. Après la Frette, je tremble sur le vélo... Je m'arrête en plein soleil, marche à coté du vélo en mangeant un brownie et deux bananes séchées... Des groupes passent...
Je reprends la route et après Burcin, je vais progresser seul en étant incapable de remonter les groupes que j'aperçois au loin. J'arrive seul aux Abrets et vers Aoste, je suis repris par le groupe de Marcel. Premier passage sur le Rhône, et finalement, c'est encore seul que je passe le carrefour de Bourbeux... Je ne vois plus personne. Je me retourne souvent mais plus personne derrière! Je suis ici sur la partie où l'orientation devient délicate, alors soit je suis le dernier, soit le seul qui a pris la bonne route... En lisant le compte rendu de David, je vais m'apercevoir que j'ai eu faim au même endroit que lui, et je n'ai pas pu attendre le contrôle d'Andert pour marquer ma pause. Nouvel arrêt à l'entrée de Peyzieu où je vais signaler la prise à gauche aux cyclos en cas de besoin. Le groupe de Grenoble Energie Sport vient de se perdre, Cédric remonte de Peyzieu... Christophe arrive, négociant très bien sa prise à gauche depuis son Baccheta et n'ayant pas besoin de mes signes...
Je suis repris plus loin par Rodolphe, que je me promets de guider pour la petite montée à Andert...
Nous arrivons ensemble devant la chapelle où il fait beau et où règne un grand silence... C'est tout simplement joli...
...et au moment de repartir, un premier cyclo arrive, puis un second, avant finalement de me présenter en pièces détachées le groupe de Sassenage!
Pascal à Andert...
Les randonneurs sont en pleine forme et Maryvonne s'écrit:
- Oh Jean-Philippe, ça fait du bien de te voir ici !
Comment pourrait-on ignorer le groupe de Sassenage? Aller Pascal, Dominique, Didier... et les autres... Suivent aussi les participants descendus du Vercors et en un instant, la place de la chapelle d'Andert ressemble à la foire des Rameaux... Presque...
Nous arrivons ensemble à Ceyzérieu. Là, un cyclo est seul devant le bar tabac. Il a eu un problème avec sa sacoche, ses compagnons ont continué et doivent être devant... Je file à Culoz, ayant comme but de prendre un café au salon de thé repéré et prévenu. Je retrouve le groupe de Marcel qui me signale que la boulangère est à court de sandwiches mais qu'au bar, il y en a... Je préfère le sucré et le fondant au chocolat au citron confit me tente finalement bien, j'entre dans la boulangerie...
- Ha, bah vous voilà , vous êtes en avance par rapport à la semaine dernière... Vous êtes dans les premiers, ça ne fait pas longtemps qu'ils passent, juste une heure...
Assis comme un retraité, je consomme une lunette à la framboise et ce fameux fondant au chocolat arrosés d'un café double!
La suite arrive! Pas question de s'endormir dans la prochaine montée! Je file à Ruffieux...
Avec Jean-Michel, c'est là que je vais faire la connaissance de la cyclote savoyarde. Sa tenue courte m'interpelle, alors que nous sommes tous en longs, avec des cagoules pour certains. Notre but: Dévaliser le col du Sapenay!
Au sommet, ces sourires sont au rendez-vous. Quand je pense que certains me disent que je suis un peu toc-toc d'organiser des 300 de montagne aussi tôt en saison, nous devons être tous toc-toc...
Pour la suite, j'ai l'impression de piloter automatiquement, à gauche à la fruitière, à droite, direction Bloye et Marigny...
La suite va être pénible. Je connais le parcours et je me retrouve seul dans cette côte qui n'en finit pas. Le trafic est intense. La solitude n'est pas le principal problème, je suis habitué à pédaler seul, je suis d'ailleurs passé ici trois fois. C'est plutôt la lassitude qui m'envahit et je suis rejoint par de longs bâillements qui me feraient même décrocher la mâchoire... Bon sang, ce n'est pas fini... Pourrais je arriver à Cusy pour m'installer dans un café, ou dans la boulangerie comme les deux dernières fois? Pas si sur... L'arrivée à Héry sur Albi est un soulagement, un grand bol d'air frais comme la fenêtre qu'on ouvre alors qu'on est en train de suffoquer dans une pièce... Là, c'est le miracle, le café sur la droite est ouvert... Je m'y arrête... Le gérant est justement dehors en train de remettre de l'ordre dans les chaises... Sans plus attendre, je le salue. Mon visage devait lui dire quelque chose car il s'exclame:
- Vous avez oublié quelque chose ?
- Non pourquoi ?
- Parce que vous semblez inquiet...
- Je suis un peu fatigué... Puis-je vous commander un thé chaud...
- Mais bien sur, posez votre vélo et rentrez...
Je commande aussi un désert...
Je retrouve d'ailleurs Jean-Pierre et Maurice et nous avons le temps de discuter un peu... Jean-Pierre, randonneur averti, m'étonne en me signalant une erreur sur un des prochains brevets. Le contrôle ferme deux heures après avoir ouvert, au kilomètre 350... normal? J'avoue ne pas pouvoir répondre, je verrai cela plus tard...
Le barman n'en revient pas de tous ces vélos qui passent depuis la fin de matinée et me demande si je suis au courant de cette... course... Je lui explique le parcours, l'allure libre des participants et il est content d'être tombé sur l'organisateur! Je salive sur son ardoise, son filet de dinde aux champignons et il avoue que la crème fraiche apporte beaucoup de saveur... La suite de la discussion est plus technique car on enchaine sur le boeuf bourgignon! Son astuce est de mettre un verre de jus d'orange dans le jus de cuisson... Il utilise de la viande d'un producteur local et organise en hiver des ateliers cuisine dans son restaurant... Entre temps, Bernard a remplacé Jean-Pierre et Maurice...
Étonné de me voir ici, il s'exclame::
- Bon sang, j'en ai bavé dans cette montée...
- Moi aussi... Ras le bol...
- Je n'aurais pas dû manger de crevettes hier soir, j'ai du mal à les digérer...
- Avant un BRM, je préfère un bon plat de pattes...
Mais Bernard a des couleurs et un bon coca cola va le remettre d'aplomb...
Plus au sud, à Grenoble, seul dans la chambre, derrière la vitre, l'automate fait son travail... Une photo toutes les trente secondes...
...alors que les participants se sont étirés, nous voici de retour dans les Bauges avec les premières gouttes de pluie sur la Tournette...
...pendant que chaque groupe de participants savoure cette arrivée au point culminant du parcours...
La descente s'effectue lentement en prenant le temps de regarder la belle vallée de l'Isère, sous un ciel bien chargé...
Arrivé à Saint Pierre d'Albigny, je propose de passer devant pour rejoindre Bourgneuf et prendre de l'eau comme le souhaite Maryvonne. Nous repartons vers la Rochette sur ce faut plat qui me reste toujours en travers de la gorge. A la Rochette, je suis épuisé et je laisse filer les copains. Nouvel arrêt pour changer de position et prendre un autre groupe, mais personne ne vient, je suis peut-être le dernier, qui sait? Arrivé à Détrier je sais que les gorges de la Bréda vont mieux passer et je ne suis repris par aucun vélo... Suis-je sur la bonne route?
A Pontcharra, il reste encore 40 kilomètres, 40 kilomètres monotones avec le trafic de la D1090, une route connue et connue, trop connue... Je décide de m’arrêter dans la boulangerie pour prendre un cookie aux pralines... Laurent arrive, puis Yves, avec Nicolas, puis Germain... Nous discutons ensemble avant de voir le rouleau compresseur du Team Mont Ventoux arriver... Là, j'apprends la chute de Thierry qui vient de se casser une dent à Miolanet et qui demande conseil à la pharmacie... Nous repartons, les uns derrière les autres... Si Laurent a filé devant, Germain est toujours en ligne de mire et j'aimerais bien le reprendre pour guider tout ce petit monde à l'arrivée sur Grenoble. A Bernin, j'annonce l'arrivée à Grenoble. Nous avançons prudemment en nous regroupant fréquemment. Chute de Bruno à Montbonnot, la fatigue... Nous voici à la Tronche, la dernière montée après Picard surgelés, le quai Saint Laurent, le passage sous la voie ferrée et la rue Pierre Sémard... Il fait nuit quand nous nous présentons devant la boite aux lettres où nous attend Christophe, lui aussi fatigué! Bravo Christophe pour ce 300, félicitations à tout le monde... Nous sommes partis sous le soleil, le temps s'est bouché et nous sommes arrivés sous une pluie fine. Les premiers sont arrivés au sec, les derniers sous une pluie battante... Mais, on est tous contents d'avoir couvert le parcours...
Pour terminer, quelques impressions en vrac recueillies après le brevet...
Et d'autres ressources sur ce BRM:
Le récit de David
Le récit de Brigitte
Le récit de Baptiste
Le fil des vélos couchés
Le forum Super Randonneur