Samedi 06 Mai 2017 et Dimanche 07 Mai 2017
Compte Rendu du BRM de 600 kilomètres
De l'Isère à la Vallée de l'Allier
- 15 inscrits
- 5 non partants La météo a découragé quelques randonneurs
- 5 Abandons À cause de la pluie à Annonay...
- 4 diagonalistes
Il n'était pas facile de prendre la décision de participer ou non à ce brevet, aussi long soit-il! Une telle distance cette année ne sert pas de qualification, mais elle intéresse quand même les randonneurs passionnés et ceux qui vont se lancer sur des grandes épreuves de longue distance comme la Born To Ride ou alors sur LEL... Mais la météo est aussi venue nous voir! Lors des repérages, j'avais choisi forcément une belle fenêtre météo, mais la canicule n'arrange rien. Pendant les éditions précédentes, on se souvient aussi du froid la nuit. Mais nous n'avions jamais eu de pluie. C'est donc maintenant chose faite! Vous allez lire le compte rendu d'un 600 pluvieux, par moment seulement! Les deux photos suivantes montrent bien l'ambiance sur ce brevet et je les dédicace avec plaisir aux randonneurs qui ont eu peur des précipitations...
Les précipitations étaient annoncées dans le courant de la première journée, pour cesser en fin de journée. Ainsi en visitant météociel régulièrement avant le brevet, j'ai pu voir qu'il était annoncé 2 millimètres d'eau à Sarras, 2 millimètres à Annonay, 3 millimètres à Saint Etienne, 2 millimètres à La Chaise Dieu et ensuite un ciel de traine sans averses. Les prévisions n'ont pas changé, mais je suis resté interrogatif devant ces quantités annoncées. Que représentent exactement 2 millimètres d'eau, et pourquoi 3 millimètres ? J'ai eu un élément de réponse en suivant la météo prévue à Grenoble où il était annoncé des pluies diluviennes avec 13 (treize) millimètres d'eau! Il me fallait donc partir pour pouvoir quand même avoir une activité physique saine pendant le week-end plutôt que de voir l'eau tomber à Grenoble. Les cartes de route étant faites et distribuées à 3h30 du matin, nous sommes partis les uns derrière les autres sur la voie verte...
J'aime bien les longs brevets de 600k car il n'y a pas trop d'affluence... Les randonneurs sont motivés et on peut bien sentir l'esprit de la grande distance, comparé aux petits brevets de 200k où il est parfois question de course. Ainsi, dans les premiers kilomètres, nous avons pu discuter avec Henri, Daniel, Tristan et les autres... sans pour autant être à bout de souffle... Au bout de la piste cyclable, nous étions encore tous groupés mais j'ai appris qu'il y avait eu un problème technique. Après avoir temporisé pour une pause technique, je suis reparti sur ces routes que je suis habitué à faire, et à refaire de jour... Prendre à gauche avant Vinay, n'a pas été facile et certains ont filé tout droit. Mais Didier et Christophe m'ont suivi, nous sommes bien arrivés à Vinay et j'ai bien dit à Didier de dérouler cet itinéraire en sens inverse au retour.
Mais au bout de cette dernière, j'ai eu le plaisir et la surprise d'être repris par Henri et Daniel. L'un d'eux est un cyclotouriste averti, mais il n'a pas pris à gauche avant Vinay, emmenant l'autre dans son entreprise individuelle de visiter Vinay au lever du jour. Les motivations des cyclotouristes m'étonnent parfois mais ce fut agréable de partager cette fin de montée...
Daniel a été surpris que je m'arrête pour enfiler un coupe vent et il a continué avec Henri. Je ne les reverrai plus, je n'ai aucune chance de les revoir, leurs vélos sont légers, les forces ne sont pas les mêmes, les voici partis alors que je suis resté à ce premier cols pour prendre cette photo des premiers rayons du soleil... Une sorte de jeu de cache cache avec les nuages...
J'arrive seul à Hauterives où j'en ai profité pour faire des nouvelles questions pour les prochaines éditions. Après 77 kilomètres, à la boulangerie d'Hauterives, je me délecte de deux brioches aux pralines! Il faut prendre des forces avant la suite du parcours; Je suis rejoins par Tristan...
Si je suis prolixe dans mes propos, je suis en train de réaliser que j'oublie de parler de la météo! Le plafond est encore bien haut au lever du jour. La route est sèche, sauf vers Muriels, où il vient d'y avoir une averse. Météociel avait annoncé 2mm d'eau vers Sarras et la route est encore sèche quand je traverse le Rhône. J'ai perdu Tristan, il a filé devant.
L'entrée dans la Vallée de la Cance est synonyme de quelques rafales de vent... Au bout de quelques minutes, les premières gouttes arrivent. Le ciel devient blanc uniforme et le vent s’atténu. Il est temps de s'arrêter sous un arbre pour mettre un simple sac plastique sur ma sacoche de guidon, prendre le goretex dans ma sacoche arrière, ranger mes chaussettes dans un sac plastique pour les garder sèches et rouler pieds nus. J'en profite pour manger un bout et Christophe arrive doucement.
Nous discutons ensemble dsur cette petite route bien agréable ooù nous aurions du mal à croiser une automobile... Le fait de parler avec un compagnon de route permet d'oublier le mauvais temps même si nous évoquons la possibilité de rentrer. C'est ici que mon moral a baissé, mais est-il encore possible de rentrer à Grenoble sans être confronté à ces pluies diluviennes annoncées ?
L'arrivée à Annonay voit mon moral remonter à bloc! Il fait beau à Annonay, il devient impossible de regarder le ciel avec les lunettes blanches tellement il y a de lumière! Je ne pense plus à rentrer mais je me concentre sur la prise de nouvelles photos et sur la traversée de la ville où nous avons dû nous tromper avec Christophe...
J'ai perdu Christophe, je n'ai pas retrouvé la boulangerie où je voulais m'arrêter et j'ai dû attendre Saint Marcel les Annonay pour trouver une boulangerie avec un abri pour manger une pizza et un cochon en pate d'amande au chocolat! J'ai apprécié l'abri devant la boulangerie car la pluie est revenue...
À Bourg Argental, la pluie s'intensifie, réception d'un mini message de Christophe qui m'annonce son abandon et nous nous retrouvons sous le hall du palais des sports pour échanger quelques mots. Je ne cherche pas à le forcer de continuer. Chaque personne est responsable de sa décision, je mesure mes responsabilités si je force une personne à continuer et qu'un incident survient. Mais après Bourg Argental, il pleut et je me demande si je n'aurais pas dû suivre Christophe...
C'est à ce moment que je me suis souvenu de mes montées dans ce col de la République sous la chaleur et la canicule! Là, c'est forcément plus humide mais finalement, je suis bien. Avec le goretex ouvert, en pédalant à 90tr/min, je monte normalement en respirant parfois les odeurs de ma transpiration qui s'échappent de mon goretex. Je suis en train de revivre le Paris-Brest-Paris 2007, c'était cela pendant 90 heures, ou presque. Mais finalement, j'y suis arrivé sans être malade! Alors pourquoi pas maintenant?
Je ne me souviens pas qu'il ait plu ou pas jusqu'au restaurant où il fallait prendre à gauche. Par contre, je me souviens de ce col qui n'en finissait jamais, avec un virage à droite, un autre à gauche et encore des kilomètres à faire...
Le plafond était encore très bas mais la suite du parcours a été roulante vers Saint Genest Malifaux et de sèches conditions m'ont permis de descendre rapidement à Firminy...
C'est à Unieux que la grosse pluie est arrivée. Il était certainement question des 3mm d'eau annoncés et j'ai eu l'impression que tout le monde était pressé d'aller se réfugier dans les commerces de la zone commerciale. Dont acte, j'ai suivi le mouvement pour aller prendre une fougasse aux lardons avec une assiette de salade verte dans une boulangerie. Je pense que je n'aurais jamais pu manger une fougasse aussi grosse si je ne faisais pas de vélo! J'ai eu une pensée pour les jeunes assis à la table d'à côté qui en mangeaient plusieurs... Ils parlaient du film qu'ils allaient voir dans l'après-midi. Comment pouvoir manger autant sans avoir une activité physique? Impossible pour moi, passons...
Il a fallu repartir sous la pluie, passer le pont du Pertuiset sous la pluie battante. Là, j'étais tout mouillé, le vélo aussi. J'avais de la chance de ne pas être embarqué par le torrent d'eau qui coulait sur la route, dans le sens de la pente, comme si j'avais été ce vers de terre qui a été littéralement emmené avant d'être écrasé par ma roue arrière! J'ai vécu cette montée sous la canicule, c'était épuisant! À La Tourette, j'ai retrouvé l'endroit où j'avais fait la sieste en 2013...
S'en est suivi une partie de yoyo entre nous et quand nous sommes arrivés à Craponne sur Arzon, il ne pleuvait plus...
La route était sèche, Luc en a même profité pour manger des abricots et je me suis arrêté dans une boulangerie pour prendre des cookies et un sablé à la confiture avant d'aller faire le gouter dans le bistrot voisin. C'était un peu le bazar dans cet établissement avec des jeunes bien imbibés d'alcool...
Le ciel était menaçant au départ, mais la forme des nuages annonçait qu'ils étaient plus compacts que ces dernières heures...
Dans la Haute Loire, les lignes SNCF semblent abandonnées... L'ancienne gare de Jumièges est devenue une habitation... Voici plus loin, mon véhicule, pendant quelques minutes de repos sur une route quasiment sèche...
A Sembardel, j'ai bien vu le panneau indiquant que Le Puy était juste distant de 35k! Mais il me fallait faire le grand détour dans la vallée de l'Allier avant d'y aller pour dormir...
Mais après la Vernède, le ciel s'est assombrit et je n'ai pas eu le temps de m'arrêter pour me enfiler les habits de pluie. Ce fut une grosse averse qui n'a duré qu'une dizaine de minutes annonçant le retour du... grand soleil... Mais j'étais encore tout mouillé, après avoir séché!
L'arrivée à Brioude était synonyme du soleil retrouvé! Nouvelles retrouvailles avec Luc qui venait de manger. Nous avons fait route commune jusqu'à Vieille Brioude...
Je me suis arrêté dans une brasserie pour manger une grande pizza, une thé noir et un diabolo menthe... Même seul, j'ai occupé toute la table! Toilettes rapide, service rapide, plaisir des couleurs à table, téléphone rechargé, tout était impeccable...
Je suis reparti pour les dernières minutes de jour... C'était agréable de rouler le long de l'allier, de revoir Saint Ilpize qui me manquait et d'arriver à Langeac...
La nuit était maintenant réellement tombée et je n'ai pas vu le début réel de la fameuse côte de Bouleyre! Au bout d'un certain temps, en voyant les lumières des voitures qui descendaient et celle de Luc qui montait à vitesse réduite, j'en ai déduit que je devais être dedans... Impossible de voir à quelle vitesse j'avançais et quelle fréquence de pédalage j'avais car je ne voulais pas mettre la frontale...
Une ultime descente m'a permis d'arriver à Saugues. J'ai eu la déception de voir que le panneau que j'avais choisi pour la question secrète avait été enlevé... Les randonneurs n'ont pas pu bien répondre à la question proposée qui concernait ce panneau...
Au centre ville, j'ai pris un café dans un des deux bars encore ouverts... La gérante a été admiratrice du parcours. Elle venait de voir passer un vélo, certainement Luc, et m'a demandé où j'allais dormir... Après m'avoir récité le relief qui m'attendait, elle m'a demandé combien de temps j'allais mettre pour couvrir ces 44 kilomètres restants avant d'aller dormir! 3 heures! Si vous êtes cyclistes et que vous lisez ces lignes, vous devez vous dire qu'on n'a pas besoin de 3 heures pour faire 44 kilomètres... Mais avec 340 kilomètres dans les jambes, rejoint par une fatigue lacinante, il faut bien 3 heures pour faire une quarantaine de kilomètres...
J'ai vite repris la route, moral et physique à bloc malgré l'heure de minuit qui approchait! Je suis descendu dans le trou du Monistrol d'Allier avant d'entamer la remontée vers le plateau de Bains. Mais à Saint Privas d'Allier, le sommeil m'a rejoint! J'ai voulu m'arrêter dans le village près d'une maison pour temporiser, mais un petit roquet s'est mis à aboyer. Il m'a fatigué avec ses aboiements aigus et je suis reparti tant bien que mal...
L'ultime montée m'a été difficile... Je me suis arrêté à nouveau...
A coté du vélo, j'ai écouté le silence de la nuit, tout simplement! La lune gibbeuse éclairait les gros nuages, devenus inoffensifs... Il m'a semblé être dans un espace de nature apaisé d'une nuit presque de pleine lune, avec de gros nuages, mais dans un pays où il ne pleuvait jamais et où les politiciens se s'engueulaient pas. C'était une sorte de monde magique, où rien ne bougeait, il fallait juste savoir en profiter... Et dire que pendant ce temps là, mon hôtel était réservé et... m'attendait...
La descente vers le Puy en Velay m'a parue interminable mais j'ai laissé aller le vélo pour aller vite me coucher. L’hôtel visé n'était pas le bon, j'ai dû faire le tour de la ville avant de prendre ma chambre... J'ai donc poussé cette porte avant trois heures du matin...
...avant de m'enfoncer dans le lit, sous la couette. Brevet sportif, temps limité de sommeil, mise du réveil et grasse matinée impossible... J'ai même réussi à me réveiller en douceur deux minutes avant le réveil , il fallait le faire et je m'étonne encore d'avoir pu le faire sans le vouloir en écrivant ces lignes...
J'étais le premier au petit déjeuner! Les randonneurs à pieds sont arrivés mais aussi un vélo: Daniel! Quelle bonne surprise de le retrouver là, lui qui avait dormi ici aux dires de mes conseils... Nous avons discuté de nos péripéties, de ses crevaisons et nous nous sommes à nouveau séparés pour vivre des fins de brevet chacun de nos côtés et forcément différents...
Je suis reparti aux premières heures du jour! J'ai ainsi pu éviter les terribles heures de la fin de nuit qui me sont fatales en terme d'endormissement. Ici, la Loire à Brive Charensac...
Petit déjeuner à Saint Agrève dans un bistrôt bien rempli en ce dimanche matin de votations...
J'ai retrouvé quelques nuages à Saint Donat sur l'Herbasse avant de faire une sieste à Crépol... J'étais fatigué...
La montée au petit Col de la Madeleine était la dernière des montées en veillant au chronomètre qui défilait plus vite que ma forme...
Le ciel s'est de plus en plus couvert en arrivant au bout de la voie verte. Le vélo s'est sali à nouveau pendant les 34 derniers kilomètres avec la pluie rencontrée... Il était temps d'arriver juste avant la fin du délai pour pouvoir aller voter...
À quelques minutes avant l'heure de fermeture du bureau de vote, un monsieur qui y travaillait m'a dit de ne plus me dépécher... On sait qui a gagné, depuis 19h00, grâce à un ami Suisse...
Le brevet était fini, j'ai bien dormi avec pleins de beaux souvenirs dans la tête. En regardant les images de la boite aux lettres sous la pluie, j'ai pu mesurer ce que signifient deux ou trois millimètres de pluie par rapport à treize millimètres... Il me fallait bien organiser un brevet de six cents kilomètres pour l'intégrer et le savoir pour les prochaines randonnées... humides...
Et une ressource sur ce BRM:
Le récit d'Alain