Samedi 22 Avril 2017 et Dimanche 23 Avril 2017
Compte Rendu du BRM de 400 kilomètres
Le Jura et Rivière d'Ain
- 19 inscrits
- 2 non partants
- 1 Abandon Problème de genouw
- 1 Hors Délai Trop fatigué, le participant a dû se reposer dans un hôtel et finir le brevet le lendemain...
- 3 diagonalistes
J'ai découvert les Brevets de Randonneurs Mondiaux de 400k en 1999. Avec la distance à parcourir, 400k, et le délai de 27h, c'est le brevet qui m'a toujours semblé le plus difficile. Avec les éditions qui partent l'après-midi et qui obligent les randonneurs à passer la nuit sur le vélo, ce sont les heures de fin de nuit qui m'ont été les plus dures. Depuis que j'organise ces brevets, en 2010, je n'ai pas réussi à les finir mieux qu'à quelques minutes du délai final... Dur.. Dur...
Mais, en 2011, j'ai eu la chance de participer au BRM 400k, organisé à Francaltroff. Avec la randonneuse, tout avait bien été et j'avais fini le grand tour des Vosges en une vingtaine d'heures. Il faut ajouter que je n'étais pas seul, et c'est à deux, avec André que nous avions fait équipe... J'aimerais bien revivre cela, alors en voyant la date arrivée avec le vélo réparé, je me suis demandé si je ne pouvais pas essayer de faire mieux sur ce brevet. Après tout, ca serait une bonne revanche à prendre sur le repérage râté et fini en deux jours avec le coup du phare cassé et la nuit obligée dans la chambre d'hôtel... Avec la simplification de mes organisations, j'ai choisi de mettre toutes les chances de mon côté: Ce vendredi soir, retour du boulot à 17h20, diné à 17h30, couché à 18h00 et réveillé à 2h10... Tranquille, tout simplement...
Tout semble parfait pour le moment, mais je ne dois pas vous cacher que l'inquiétude a été grande pendant toute la semaine avec ce vent du Nord, qui léchait Grenoble, du matin au soir... Alors j'ai essayé de relativiser, en me disant que Grenoble était dans un fond de vallée, que ca serait peut être moins pire plus au Nord et que la météo aurait peut raison quand elle annoncait la baisse du Vent... Mais en rentrant du boulot chaque soir, c'était une galère avec ce vent qui me fouettait le visage... J'ai quand même voulu y croire, et lui parler comme la chanson de King Crimson que j'ai chantonnée toute la semaine...
Au petit déjeuner, à 2h30, devant la tasse de café, le morceau de tarte aux pralines roses, je voyais les feuilles immobiles dans l'arbre de la Rue Esclangon... J'avais peut-être gagné...
La distribution des cartes a commencé à 3h15 pour se finir à 3h55. Tout le monde était là, sauf un randonneur! Tant pis pour lui, je range ma caisse, je change de vélo et on part... Après la photo de groupe, nous sommes partis en file indienne, sans faire spécialement silence pour rejoindre la piste cyclable... Là, il a fallu signaler les racines, contenir Thierry qui voulait partir, et tout cela sous les chants du rossignol...
Plus tard, dans la journée, en discutant avec des randonneurs, j'apprendrais que nous étions encore à trop vive allure... Voreppe est vite arrivé, et dans le Col de la Placette, je suis monté du mieux que j'ai pu. Mais, il m'a fallu admettre que Marc était plus fort, suivi par Christian, puis Martine et Thierry, suivi par Henri et Jean-Philippe, moi-même, fidèle dernier...
Il faisait nuit noire au Col quand je me suis arreté pour enfiler mon coupe vent... C'est ce qui m'a fait perdre le groupe de tête mais il faisait quand même frais... Dans la descente, en pédalant en 50x19, à 100tr/mn, j'ai été dépassé par Marc, couché sur son vélo... Imaginez ma frustation... A Saint Laurent du Pont, nous étions trois, avec Marc et Luc et j'ai pu profiter d'une aspiration... Le jour commençait à se lever...
C'est une des plus belles images de la journée! La lumière semble surgir des crêtes des montagnes et l'ambiance est limpide... La rosée tombe, il fait de plus en plus frais et dans la descente d'Attignat, l'herbe est recouverte de givre... J'ai perdu Luc et Marc bien avant Aiguebelette et à Saint Alban de Montbel, je m'accorde une rapide pause pour manger un encas. C'est ma première pause! Après avoir été dépassé par Stéphane, je reprends la route... seul...
Arrivé à Novalaise, il fait grand jour. La journée s'annonce belle, les premiers rayons du soleil arrivent... Contrairement au repérage, je ne m'arrête pas à Yenne pour le café, je file...
Je suis encore seul dans la montée de Nattages, quand tout d'un coup un chevreuil surgit du champ à gauche, en contrehaut... Il se dirige vers la route, traverse le grillage barbelé d'un seul coup et arrive sur la route. Dans ce qui est pour moi une montée, que je négocie à 10km/h, le spectacle est grandiose. L'animal a du mal à courrir sur le goudron, il manque de déraper et d'un coup, il disparait à droite, dans le fossé, dans un buisson de ronces. Entre le grillage et les branchages, rien ne lui a résisté... D'ailleurs, sa trace est bruyante, il continue à faire le ménage dans les buissons...
Je retrouve Marc et Luc à Massignieu, au premier contrôle. Je montre l'entrée de la voie verte et jusqu'à Culoz, je m'accroche à nouveau derrière eux... La situation est agréable, j'ai besoin de moins pédaler, mais l'odeur n'est pas spécialement bonne à respirer! Je ne me souviens plus si c'est Luc ou Marc, mais l'un d'eux a du sérieusement transpirer dans la montée de la Placette... Ça ne sent pas la rose... L'odeur devient maintenant insoutenable, me demandant même si l'un deux s'est lavé ou non? La réponse arrive rapidement: un blaireau mort est là, allongé sur le bas côté... À nouveau dans les roues, tout est redevenu normal... On file le long du Rhône...
Après le rond point de Culoz, ça roule trop fort pour moi, je décide de lacher prise... Me voici à nouveau seul, en ayant chaud, les premiers rayons du soleil me réchauffent derrière la veste jaune. Nouvel arrêt pour quitter le cuissard long, mettre les lunettes de soleil et c'est reparti...
Dans le virage avant Chanay, un vieux monsieur agite un drapeau! Course cycliste? Non! Juste route coupée! Les vaches vont au champ! Et Mesdames prennent le temps pour traverser la route sous l'oeil de l'éleveur qui regarde si toutes marchent bien... Une rapide discussion m'apprend que le troupeau est composé d'une centaine de têtes pour 2000 litres de lait par jour... La dernière arrive, regarde partout et après s'être prise un ou deux coups de batons dans le derrière, elle finie par traverser la route. L'instant était pittoresque, mais la réalité est vite revenue au galop quand la première automobile a demarré en trombe! Pressé le monsieur?
Par rapport au repérage, j'ai deux heures d'avance quand j'arrive à Bellegarde. Rapide arrêt à la boulangerie pour prendre une quiche aux poireaux et une tartelette amandine. Je repars rapidement derrière Ben-Youssef et tous les deux, nous filons dans la déviation. La rue des lilas n'était finalement pas le bon plan, il faut mieux redescendre à la gare pour traverser la Valserine... En plein soleil, nous entammons la remontée de la Valserine... Il reste 38 kilomètres pour rejoindre Mijoux, le prochain contrôle! Et ça monte!
Le trafic est modéré entre midi et deux, à chaque virage, on a l'impression de s'enfiler un peu mieux dans le Jura...
Cette route est belle, mais je la qualifie d'inutile car certaines montées sont suivies immédiatement avec une descente où le compteur rougit avec la soixantaine de kilomètres heures...
Après il faut... remonter... A Chezery Forens, je signale la fontaine à Franck qui vient de me remonter...
Nous repartons ensemble et c'est en ordre dispersé que nous arrivons à Mijoux... Mon avance sur le temps du repérage est maintenant de deux heures trente...
Pas d'arrêt pour moi à Mijoux, je sais qu'il reste encore une côte pour rejoindre Lajoux, je l'aborde en étant chaud... Doucement, je vais remonter Luc à la sortie de Lajoux. C'est le début de l'après midi, le point culminant du brevet est bien ventilé, il y fait frais... J'ai souvenir de cet endroit glacial en pleine nuit quand j'avais fait partir le brevet à 16h00... C'est mieux comme cela...
La descente de Saint Claude avec les lacets de Septmoncel et le saut du Chien est longue de vingt cinq kilomètres. Il faut redoubler de prudence car il y a une automobile de course suisse qui fait quelques aller retours en coupant les virages... Plus de ses nouvelles à Saint Claude... La suite est pénible, il faut composer avec les zones commerciales, les voitures qui doublent rapidement, mais les kilomètres affichant Dortan diminuent de plus en plus...
Relevé du compteur à Dortan: L'avance est maintenant de trois heures! Je m'accorde une nouvelle pause dans la boulangerie pour une nouvelle quiche, un cigare au chocolat, un coca cola... L'arrêt est partagé avec Henri qui vient d'arriver! Je le croyais devant, mais c'est lui qui mangeait à Mijoux... Nous allons repartir ensemble, à bon train car avec le vent dans le dos, le compteur affiche 35km/h par moment! Nous nous croyons bien fort avec nos vélos quand nous dépassons, sans effort, un couple de retraités sur leurs vélos électriques... Nous rattrapons un cyclo qui roule bien et avec qui nous allons discuter. Il est du coin, non licencié dans un club et fait du vélo pour changer de la moto. Il est un peu étonné que nous soyons partis ce matin de Grenoble, pour y revenir ce soir (ou cette nuit)...
Henri roule maintenant trop vite, je vais le perdre à Thoirette et je négocie la côté de Corveissiat seul, à mon rythme... Nouvelle reprise dans les deux derniers kilomètres du Col de France avec Franck qui suit un cyclo inconnu...
Finalement je retrouve le groupe de notre yoyo à Jasseron, les voici arrêtés pour contrôler au niveau du panneau d'entrée de ville...
Mon avance est maintenant de trois heures! Je suis satisfait car il fait grand jour et il me reste encore plein d'heures de jour pour continuer la randonnée... Je réfléchi sur mon organisation... Je suis partagé entre le Mac Donald d'Ambérieu, où il fera encore jour, et celui du Pont de Beauvoisin mais il sera tard... Je vais à nouveau perdre le groupe, surtout à l'occasion de la montée à Saint Martin du Mont où beaucoup ne sont pas montés... J'avais pourtant prévu cette route de Confranchette pour éviter la D1084, imprimé un itinéraire et une trace GPS mais j'apprendrai plus tard que certains ont préféré passer à Pont d'Ain, par erreur. Dommage...
Je me régale à Confranchette, à Chateau Vieux, avant d'arriver à...
Je rejoins rapidement Ambronnay, Amberieu. Arrêt de trois quart d'heure pour temporiser, m'habiller pour la nuit pendant la préparation du sandwich et de la barquette de frites. L'arrêt est suffisant car l'ambiance au Mac Donald n'est pas sportive, mais pas du tout! Je mesure la chance d'être en bonne santé et de ne... pas trop grignoter entre les repas! Je me régale encore entre Bettant et Vaux en Bugey où je ne vais croiser qu'une seule voiture!
L'ambiance est calme à Lagnieu, je prends à gauche et là, je retrouve un cyclo vétu d'une veste jaune. Didier vient de s'arrêter et vient de déplier sa carte michelin... Je lui confirme que ka route est bonne, nous repartons ensemble.
La buit va progressivement tomber, avec des nuages de moucherons à traverser, comme ceux que j'avais eu en rentrant de Bretagne en Septembre 2016!
Nous prenons un ultime café au Mac Donald du Pont de Beauvoisin, tous ceux de Saint Genix sur Guiers étant fermés en cette fin de soirée. Il nous reste à passer les Gorges de Chailles avant d'être rejoint par la fatigue au Col de la Placette. Je vais perdre Didier ici, je lui indique comment retrouver la voie verte mais j'apprendrais qu'il s'est finalement perdu. J'ai rallié seul la ligne d'arrivée, la boite aux lettres contenant un bon nombre de cartes de route... Satisfaction personnelle d'avoir pu boucler ce parcours de 420 kilomètres sans passer la dernière nuit sur le vélo...
J'ai bien dormi sans avoir besoin de berceuse... Le dimanche, j'avais l'alibi de m'occuper des cartes de route des randonneurs plutôt que d'aller faire... du vélo!