Jeudi 04 Octobre 2018
Compte Rendu du BRM de 400 kilomètres
Des paysages d'exception aux Sources de l'Isère
- 48 partants
- 2 diagonalistes
- 2 féminines
- 10 Abandons
Le beau temps de la fin de l'été a fait grandir la liste des inscriptions, chaque jour apportant de plus en plus de courrier dans la boite aux lettres et j'ai été surpris, mais heureux, de voir passer la barre de la cinquantaine d'inscrits pour ce brevet quelque peu difficile... Les autres années, ce brevet a été annulé à cause de la météo, ou a regroupé une petite dizaine de personnes. A chaque fois, que ce soit pendant le repérage ou la vraie epreuve, je l'ai fini tout juste dans les délais... Aujourdh'ui, porté par cette cinquantaine de participants, j'espère faire mieux... C'est parti... Le temps du week end précédent a tout failli faire basculer! Alors qu'il faisait beau samedi (un participant m'a même avoué avoir fait un 200 pour s'entrainer), le dimanche a été maussade avec une limite plus neige à 1500 mètres. La sanction a été immédiate: Galibier et Iseran fermés le Lundi! Ensuite, ce fut difficile d'avoir des informations sur la réouverture, le site des hautes alpes annoncant que le haut du Galibier était fermé mais le tunnel ouvert, qu'il serait ouvert pour le vendredi afin de ne pas perturber le tourisme du week-end. Coté Savoie, c'était clair, l'Iseran était fermé! Finalement, à force de surfer sur les sites autorisés afin de trouver la meilleure information, mardi soir, c'était clair, tous les cols étaient au vert, ouverts! Ouf! Il allait donc faire beau... Une belle journée d'automne après l'équinoxe du même nom avec une certitude, des nuits plus longues que les jours... Côté ensoleillement, les rayons du soleil étaient rasants, mettant bien en évidence les reliefs des montagnes, mais n'éclarant plus des portions entières de route. Celles-ci restant à l'ombre, elles pouvaient rester humides, voire ne pas dégivrer, comme c'est le cas dans le Défilé du Maupas... J'ai bonne confiance pour l'Iseran, mais dans le haut du Galibier, ça risque d'être chaud patate! Comme le tunnel est interdit aux vélos, j'ai souhaité à ce que tous les participants passent en haut, au plus haut de ce toit des alpes, pour en profiter. Contrôle secret improvisé, chacun devant se prendre en photo là-haut et m'envoyer la photo. Sans photo, le brevet ne sera pas homologué... Je peux dire que si j'ai voulu des photos, j'en ai reçues...
L'autre incertitude vient de la simple piste cyclable, la simple voie verte le long du Drac où l'on a eu la bonne idée de vouloir y enfouir une liste haute tension! Sanction immédiate, décrétée fermée du 17/09 au 26/10, les cyclistes devant se débrouiller autrement. Je suis intervenu (avec d'autres collègues) auprès de l'ADTC pour faire appliquer l'article 7 du reglement affiché, stipulant que les vélos devaient pouvoir passer s'il n'y avait pas d'engins sur le chantier... En y passant quotidiennement pour aller au travail, j'ai pu compter le nombre de gravillons stockés par jour, une misère... L'espoir était bon pour y passer le matin du brevet, le parcours par le centre ville étant accidentogène et surtout risque de perdre des participants à tous les nombreux carrefours... Mais deux jours avant le brevet, ce sont des montagnes de cailloux et de terre qui se sont accumulés... Le passage était difficile, mais possible, à condition que les cyclistes passent par des trous de souris.
J'ai nommé deux serres-files et j'ai mené le groupe. Nous sommes tous passés à pied, s'arrêtant après le chantier et nous sommes repartis une fois que les indications des serres-files m'ont dit qu'ils étaient passés. Merci Gilles et Marcel pour votre aide!
La suite de l'histoire raconte que certains ont trouvé que c'est parti trop... lentement et que d'autres ont trouvé que c'est parti trop... vite! Entre Echirolles et le giratoire de Champagnier, j'ai voulu contenir le groupe entre les feux tricolores, les morceaux de piste pour éviter le giratoire de l'autoroute... A Champagnier, quand j'ai vu Vizille fléché à sept kilomètres, j'ai fait signe de me dépasser. Le ton était donné, les plus forts sont partis... Impossible de les suivre... Dans la vallée de la Romanche, à Gavet, j'étais seul, pensant que j'étais encore... le dernier, après avoir été dépassé par autant de monde...
A Bourg d'Oisans, je ne m'arrête pas! Je ne suis pas en repérage, pas de petit déjeuner, j'attendrai La Grave... Là, finalement, premier arrêt! Un participant a mal, son genou est douloureux. Il est parti trop vite en voulant suivre un groupe. Le genou n'a pas suivi, il va rentrer en bus à Grenoble. Dommage... Dans la longue ligne droite jusqu'au Clapiers d'Auris je m'interroge sur ces épreuves de cyclotourisme, animées par des clubs FFCT, où l'on part comme des bombes. Je n'ai rien à dire, au départ du PBP 2015, dans les groupes, on roulait à 38km/h... Mais pour combien de temps? Là, avec le programme, je compte sur la dénivelée, sur les trois premiers et trois derniers kilomètres de l'Iseran pour calmer les vitesses... Et si nous profitions un peu du paysage?
Il va justement s'inviter à être regardé! Des choucards à bec jaune dans le Galibier aux Martinets encore présents de Aussois à Bonneval, c'était beau de voir l'été se prolonger...
J'ai vu le jour se lever au barrage du Chambon. Avec la fraicheur qui tombait, j'ai apprécié trouver un peu de chaleur dans les tunnels.
Retour furtif à Grenoble où le jour s'est aussi levé! La boite aux lettres se prépare à une longue journée pour attendre les randonneurs... En attendant, elle compte les piétons qui passent devant elle...
À la Grave, le restaurant où je prends habituellement mon petit déjeuner en regardant la Meije est fermé. L'autre hotel garde jalousement ses capsules de café pour ses clients et les gens de passage sont obligés d'aller dans le seul bistrot d'ouvert...
La gérante n'en revient pas de voir autant de cyclistes qui prennent des cafés avec une viennoiserie... Elle annonce à un client habitué qu'ils disent être partis de Grenoble à 4h00 et qu'ils font faire le Galibier et l'Iseran... J'écoute son ton moqueur, parfois cynique, sans annoncer que je suis l'organisateur. Pendant ce temps, Marc et Philippe sont partis...
J'ai vu un autre Christophe passer, me faisant penser qu'il me fallait y aller. J'ai rendez vous avec le Lautaret et les paysages aux couleurs rouilles, sous le soleil...
Après Villar d'Arene, le trafic diminue de plus en plus, il fait beau, de moins en moins frais, je quitte ma tenue d'hiver...
Dans la montée du Galibier, en regardant au dessus de moi, je vois des vélos monter, à droite, à gauche... Il y a aussi une équipe de la DDE, chargée de planter des branches d'arbres précoupées. A grands coups de baramines, elles sont enfoncées sur le bas côté de la route, pour faire le balisage pour les chasses neige... C'est plus économique que des piquets en plastique. A noter que dans les cols passés ce jour, les bornes en plastique annonçant le pourcentage de la montée pour chaque kilomètre ont été enlevées...
Une belle contribution photo de Christohe Grandjanin, venu de Mulhouse, qui s'attarde sur la montée en prennant en photo un participant en vélo couché...
Ainsi qu'une vue plus globale où l'on devine deux autres participants... Merci Christophe...
Christophe contribue encore en nous offrant une belle vue sur la descente du Galibier...
Je file dans la descente en prenant garde à la route encore largement humide. Il reste de la neige sur les bas côtés. Mais après avoir rejoint l'autre côté du tunnel, la route est sèche, promettant une belle descente... Par rapport aux moments du repérage, il n'y a personne! J'ai l'impression d'être seul dans cette immense montagne, allant là où la route me mène... Pendant ces premiers kilomètres de descente, nous sommes passés en descente au Collet de Plan Nicolas... Le voici sur la carte, à 2406 mètres, dans le virage à droite... L'avez-vous vu ?
les Granges, la dégringolade sur Plan Lachat, Bonnenuit, Valloire sont autant d'endroit où il faut profiter de ces paysages... Je retrouve Bernard dans la petite montée du Télégraphe...
Je ne saurai jamais si c'est un participant du brevet qui a oublié sa gourde au Télégraphe! Je continue la descente... Il fait de plus en plus chaud, mais glacial par rapport au jour du repérage où j'avais tout descendu en petit maillot...
La boulangerie de Saint Michel de Maurienne est fermée, je trouverai le repas dans un kebab avec deux paninis au poulet et un thé chaud...
Je reprends la route vers Modane en doublant Olivier. Il vient de faire une sieste dans la descente du Télégraphe...
Devant la gare, je suis salué par Jean-Michel. Il déclare abandonner! Il va prendre le train en raison des nouveaux ajustements qu'il a fait sur son vélo. J'essaye de le remotiver, mais sa décision semble irrévocable. La boulangerie vient de fermer et je trouverai le dessert chez Biocoop, dans leur salon de restauration en compagnie justement de Jean-Michel et d'Olivier... J'ai eu le plaisir de gouter à un biscuit très léger, sans gluten, avec de la purée de noix de cajou et de la banane. Autour d'un jus de fruit, la pause est rapide avant de...
ans la montée, chauffée à blanc, je croise Lucas qui fait demi tour. Il va rentrer en prenant le train à Modane. Il me rend la médaille, qui rejoint la feuille de route des retardataires non partis ce matin et qui vont peut-être me remonter... En montant à Aussois, je découvre un vent frais, inhabituel qui va m'accompagner...
J'arrive à Aussois avec un peu de retard sur l'horaire de fermeture du controle... Je ne m'inquiète pas et je poursuis ma route...
Les lacets de Lans le Villard sont toujours aussi difficiles et le téléphone m'annonce encore deux abandons...
Je fonce avec le vent qui s'engouffre dans le coupe vent. A Bessans, arrêt rapide dans un bistrot pour une ultime part de tarte et un thé chaud avant de monter l'Iseran. Il est déjà tard mais il fait encore jour...
À 18h30, il fait encore jour, mais pour combien de temps. Je suis rejoint par Olivier, nous entamons la montée ensemble...
Pendant les trois premiers kilomètres, il fait chaud! Il faut avouer que la pente est raide et en moulinant, je transpire...
Mais ensuite, la température baisse alors que j'entre dans les premiers paturages avec un replat bien agréable...
La nuit arrive, pour preuve, les groupes électrogènes marchent à fond pour éclairer les trayeuses des vaches encore présentes ici, à 2200 mètres d'altitude...
J'ai froid, de plus en plud froid. Je m'arrête au Pont de l'Oulietta pour m'habiller avec le sous vêtement d'hiver, la veste ouverte, le goretex sur la sacoche avant et les mouffles d'hiver. Je crains d'avoir l'onglée au col de d'avoir du mal à manipuler ma sacoche arrière...
Bon sang, il me reste encore 500 mètres à grimper, l'équivalent de Montaud avec la nuit qui tombe...
En arrivant au tunnel de l'Iseran, je fais une pause au moment d'être dépassé par une automobile. En contrebas, je vois une lumière blanche qui semble immobile... Il est bientôt 20h00...
Mon éclairage avant m'indique une forme sur le bas côté droit, c'est le petit parapet du pont de la Neige... Il y a le même à gauche et je ressens le replat... Mais soudain, l'effort devient soutenu dans mes deux cuisses. Je dois aborder les deux derniers kilomètres. En pédalant, parfois assis et parfois en danseuse, j'attends le virage à gauche... Je ne sais pas où j'en suis, il fait noir et les bornes kilomètriques ont été enlevées... Pas toutes! Il en reste une, là, à droite, mais elle est complétement effacée...
Le virage providentiel fini par arriver, mais après avoir tourné à gauche, la pente continue... Puis à droite et enfin à gauche. Je pense bientot arriver si mes souvenirs sont bons. Je vois dans ma tête les images du repérage, avec le vide à gauche et le mure de neige à droite... Ça doit être par ici?
La pente diminue, les jambes tournent mieux, c'est même plat... Je ne vois pas l'arrivée mais je la ressens agréablement dans les jambes...
Sur la gauche, une grosse ombre apparait, confirmant l'arrivée au Col! C'est le panneau du Col de l'Iseran. Ouf, j'y suis, il est un peu plus de 20h00 avec 4 minuscules degrés au compteur. La photo est prise rapidement, j'enfile le goretex et je plonge là où la route va me mener...
Pour suivre le route, je reste guidé par la signalisation horizontale. Déjà que je n'aime pas les descentes et qu'en plein jour, je ne vais pas vite, là, je suis tétanisé sur les freins... Il est très beau de voir Val d'Isère illuminé, vue d'en haut, telle une vue d'avion... J'arrive enfin au Pont Saint Charles où je devine que l'essentiel de la descente est faite. Je suis prudent, la route est remplie de nids de poule. En arrivant à Val d'Isère, elle n'est même plus goudronnée, le temps d'une déviation. Je la passe à pied, histoire de me délasser...
Après Val d'Isère, je retrouve la remontée qui annonce le passage dans les tunnels. Je suis ébloui par leurs lumières et la descente n'en finie pas. Les kilomètres affichés pour rejoindre Bourg Saint Maurice déclinent petit à petit: 25, 12, 9 et 2 à la sortie de Seez...
Il n'y a plus grand monde quand j'arrive au restaurant repide de Bourg Saint Maurice. Les frites sont bonnes, j'apprécie le gout salé avant de reprendre la route...
Pendant ce temps, à Grenoble, les premiers sont déjà arrivés! La boite aux lettres est surveillée par le gardien de l'entreprise d'énergie...
En repartant de Bourg Saint Maurice, il n'y a plus grand monde sur la D1090... Pendant ce temps, les arrivées se succèdent cent quarante kilomètres plus loin...
J'arrive alors à Moutiers. Je fatigue... La gare est fermée et je trouve quelques instants de repos dans un abri chauffé... Ces instants de repos vont se transformer en une bonne heure et demie de sieste improvisée...
Les homologations sont maintenant terminées. Voici quelques retours de participants pour terminer ce voyage rapide en montagne:
Le compte rendu de Gilles
Le compte rendu rapide d'Olivier qui montre que tout ne s'est pas bien passé:
Le compte rendu de Marcel
Je vous donne rendez-vous pour les prochaines éditions car des participants interessés ont regrettés de ne pas pouvoir venir... Je le reprogrammerai et vous serez les bienvenu(e)s si vous le voulez bien...