En Avril, entre chants de Grillons et odeurs de Colza
300 kilomètres pour se qualifier à Paris-Brest-Paris
Après avoir fait le brevet de 200k au départ de Lyon dans les Chambaran, et celui de 300k (en vélo solo) autour du Mont Ventoux et du Luberon, l'aventure de la qualification continue pour 300 kilomètres de l'Ain à la Drôme des collines... A la mi-Avril, l'ASPTT de Lyon propose un trajet habituel pour ceux qui sont habitués à se qualifier à Paris-Brest-Paris... L'ayant déjà fait en 1999 en arrivant dans les derniers à la nuit, il s'agissait cette fois-ci de voir comment nous allions nous comporter sur le tandem, pendant 300 kilomètres, entre les chants de grillons (inhabituels pour la saison printanière) et les odeurs prononcées de colza... Le parcours proposé quitte l'agglomération lyonnaise vers Crémieu et Lagnieu où l'on trouve la vallée Bleue. Puis il s'agit de remonter le Rhône jusqu'aux cascades de Glandieu avant de se laisser glisser dans la vallée de l'Isère jusqu'à Romans... Ici, il reste une centaine de kilomètres, qui ne sont pas les plus faciles car ils s'apparentent à de véritables toboggans... Avant de partir, n'oublions pas de mentionner l'étonnante motivation de ce brevet: Dans les premiers kilomètres, nous empruntons le même parcours (mais à contresens) des cyclos qui partent d'Annecy pour tenter - eux aussi - de se qualifier à Paris-Brest-Paris... Ouvrons l'oeil... et même les deux...
Afin d'être à l'heure pour le départ et que nous soyons bien reposé, nous sommes arrivés la veille près du départ et nous avons passé une courte soirée dans un hôtel à réservation automatique...
Dans la nuit, vers 03h25, nous avons rejoint le lieu du départ...
Les vélos des participants sont bien rangés contre les barrières. C'est une occasion rêvée de voir comment certains cyclos s'arrangent pour équiper leurs vélos. Ici, une mini pompe a été scotchée le long du tube de selle...
D'autres cyclistes partent chargés avec de grosses sacoches de guidon... Il faut espérer pour eux, qu'une sacoche - si haut placée - n'entraîne pas de déséquilibre au niveau du cintre...
On est venu avec les copains, alors on est content de se faire prendre en photo en plein milieu de la nuit...
Et devant la table des inscriptions, on piaffe d'impatience pour s'inscrire pour ce second brevet qualificatif...
Après avoir réglé, au bout de la table, on attend que les cartes de route soient remplies par les organisateurs...
Vers 3h55, nous avons pris le départ. Dans la nuit, il ne fait pas froid, pas autant qu'on aurait pu s'y attendre en cette saison. On passe sur l'autoroute, un rond point à gauche, encore à gauche et finalement, un groupe nous double, nous entraînant avec lui et nous faisant oublier les flèches qu'on aurait dû suivre... Le groupe que l'on suit de loin est le groupe de l'ATSCAF. Ils roulent l'un derrière l'autre. Dans ce groupe, on retrouve Chrystel69 qu'on a salué avant de partir... Rapidement ce groupe hésite: Faut-il aller tout droit ou aller à gauche ? La question reste entière mais nous venons de faire notre première erreur de parcours en les suivant... Nous avons suivi la D518 alors qu'on aurait dû aller rejoindre la D75 dans Mions... Nous repassons une nouvelle fois sur l'autoroute avant de traverser la zone d'activité des Chènes et on suit la direction de Crémieu...
Une pause technique nous fait perdre ce groupe. Ils ont filé devant, nous les reverrons peut-être plus loin ou jamais... Nous reprenons notre route vers Crémieu. A Chamagnieu, un nouvel arrêt est nécessaire pour remplir une gourde afin de s'hydrater correctement. Plus loin dans une côte le groupe de l'ATSCAF est arrêté... Crevaison ou chute ? Ils ne semblent pas avoir besoin d'aide. Dans la nuit, l'un d'entre eux s'exclame en nous voyant: Oh le Tandem... L'entrée de Crémieu arrive et Lagnieu est fléché tout droit. J'ai la carte en tête, pas besoin de se référer à celle embarquée, c'est forcément tout droit, d'autant plus que d'autres vélos nous suivent... Nous laissons la centrale électrique du Bugey sur notre droite, alors qu'en lisant le compte rendu de Marc Liaudon, cette même centrale est sur la gauche... C'est notre seconde erreur de parcours, je me souviens en 1999 avoir traversé Crémieu, mais cette année, j'ai accordé une confiance aveugle aux panneaux qui maintenant invitent les touristes à contourner les villes plutôt qu'à les traverser... En rouge, ce que l'on aurait dû faire, en bleu, ce que l'on a fait...
Avant 6h30, nous arrivons à Lagnieu. La pause photo devant le panneau s'impose pour confirmer un contrôle qui a déjà été fait par le club organisateur... Nous retournons en arrière pour nous mettre sur la bonne route, celle de la vallée Bleue... En n'oubliant pas que les copains d'Annecy doivent aussi pédaler pour rejoindre Lagnieu... Les verrons-nous ?
La route remonte la rive droite du Rhône. On aperçoit un barrage sur la droite et après Flévieu, la route s'élève gentiment pour...
...passer le col homologué du Golet du Tilleul (F-01-0239) à cet endroit...
Photo prise pendant la Diagonale Dunkerque-Menton...
Juste avant 7h30, le soleil se lève. De l'autre côté de la route, un vélomobile file vers Lagnieu. La photo s'impose... C'est l'homme de tête des cyclos partis d'Annecy...
Certains, comme Jean-Paul (membre des Cyclotouristes Grenoblois) ne sont pas dans les roues et nous saluent en levant la main. Il faut dire qu'on a l'habitude de se croiser, que ça soit sur la piste cyclable le long de l'Isère ou dans la descente du Col de la Croix Perrin comme la semaine dernière...
Quelques instants plus tard, le soleil s'est maintenant levé et ses rayons commencent à nous réchauffer derrière les vêtements...
Soudain, un autre vélo se présente en face. Isabelle, derrière sur le tandem, me signale qu'elle n'est pas favorable à ce que je photographie tous les participants du brevet d'Annecy... N'avait-elle pas mieux dit en reconnaissant en face Jacques Collaudin qui roule en solitaire...
Parti de chez lui juste avant 5h00, il a été doublé par les premiers cyclos et commence à penser qu'il va passer la journée seul sur le vélo. Mais il reste calme en revenant nous voir. On s'arrête, on discute... Des instants précieux pendant un BRM, même si on ne roule pas dans la même direction... Jacques repart rapidement vers le Nord, nous vers le Sud... A bientôt Jacques...
Jacques peut se rassurer, il ne sera pas seul... Derrière lui, un vélo couché se profile à l'horizon... Avec son fanion rouge, c'est Jean-Claude Perfetti (déjà aperçu pendant le BCMF des Aravis) sur son vélo M5...
En filant vers Saint Benoit, on remarque encore un autre groupe qui remontera Jacques... Après Saint Benoit, on prend à gauche et avant Bregnier Cordon sur la gauche, on prend le temps de regarder les belles cascades de Glandieu...
En passant sur le Rhône, une voie s'élève: Eh ! Isabelle et Jean-Philippe.... Nous regardons sous le pont et nous apercevons le groupe emmené par Marc Liaudon, parti une heure plus tard de Lyon et qui roule vite...
Dans la traversée de Saint Genix sur Guiers, ce qui était prévisible se passe: nous sommes remontés par les copains de Marc qui appuient sur les pédales...
Photo: Marc Liaudon
Marc en profite quand même pour faire quelques photos. Il s'excuse de ne pas avoir trop de temps pour discuter avec nous, qu'il en soit excusé, il a mieux à faire...
Photo: Marc Liaudon
Marc a vite rangé son appareil. On essaye, en vain, de s'accrocher derrière le dernier cyclo du groupe qui roule fort... Quelques secondes plus tard, le groupe disparaît au loin... Nous venons d'exploser en essayant de les suivre...
Vers 8h35, nous arrivons au prochain contrôle, entre Savoie et Isère, au Pont de Beauvoisin... Le bistrot sur la gauche est pris d'assaut par les copains de Marc Liaudon et nous préférons aller trouver une boulangerie qui vend des plats sucrés et salés de l'autre côté de la route principale... Nous en profitons pour manger chacun une part de pizza, une boisson gazeuse sucrée et j'apprécie en plus un oreillon aux abricots... Nous nous sommes accordés quinze minutes de pause...
Nous repartons sur la route Nationale N6 avant de prendre à droite la D82. Dès la sortie du Pont de Beauvoisin, nous sommes (retardés) par une importante file de voitures qui attend l'ouverture d'un passage à niveau...
Dans le val d'Ainan, les premières petites côtes commencent à apparaître... En arrivant à Bueil, le compteur affiche 123 kilomètres après 5h30 de vélo et une élévation cumulée de 504 mètres...
En ayant fait ce brevet en 1999, je me rappelle avoir souffert de la traversée de Voiron en ce jour de marché... Aussi, ais-je demandé la permission à l'organisateur d'échapper à Voiron en passant par le Rivier d'Apprieu et suivre le tracé vert clair montré sur cette carte. Il nous a accordé cette dérogation et je profite de ces lignes pour le remercier...
Afin de ne pas manquer un éventuel contrôle secret que l'ACP aurait organisé sur le trajet officiel du BRM, nous avons pris une photo du tandem devant la gare de Rives. Ils vont nous accuser d'avoir pris le train à Rives ! s'est exclamé Isabelle...
...afin de manger un bon sandwich américain acheté au Take-Away du village avec un cornet de frites... Je ne mange jamais de frites en temps normal, mais en vélo, pendant les longues distances, je les apprécie malgré le gras qu'elles laissent sur les doigts...
Au moment de repartir de Vinay, deux cyclos arrivent... Nous les attendons par politesse et ils s'arrêtent à notre hauteur. Rapidement la discussion s'engage:
JPB: Bonjour ! Vous faites le brevet aussi ?
- Oui...
Isabelle: Vous êtes partis à quelle heure ?
- Oh, tranquille, à 10h20 de Grenoble...
A toute évidence, ces cyclos ne font pas le brevet. Nous repartons rapidement...
Nous avions déjà roulé avec eux ce matin, en les entraînant dans notre erreur d'itinéraire entre Crémieu et Lagnieu... En tête Georges Dalmais, suivi par Serge Munier et Jean-Louis Feyeux que l'on aperçoit au loin et que l'on aura l'occasion de retrouver plus tard...
Une heure plus tard, nous sommes arrivés de l'autre côté du département de l'Isère, à l'entrée dans la Drôme des collines...
Peu après 13h10, nous arrivons à Romans sur Isère, capitale de la chaussure de luxe. L'itinéraire est connu, pas besoin de rentrer en ville, il suffit de prendre à droite devant le restaurant de restauration rapide américain. En 1999, il n'avait pas le cachet de Romans, alors par précaution, je suis allé demander celui de la boulangerie voisine. Je retrouve là un cyclo solitaire qui semble avoir du mal. Mais grâce à nous, il découvre qu'il n'est pas le dernier et cela lui donne des ailes pour repartir... La boulangère arrive, me demandant si il y en a encore d'autres derrière me signalant gentiment que son magasin a été dévalisé deux heures plus tôt. Effectivement, il ne reste plus de viennoiseries vraiment intéressantes, alors elle me conseille le Harissa, une sorte de gâteau oriental où seraient mélangés semoule, sésame et miel. Les cartes de route étant pointées, nous retournons au restaurant américain, spécialisé dans la restauration rapide pour manger un cornet de frites et des boissons sucrées... Isabelle a apprécié des fruits frais et nous avons discuté avec une grand mère, chargée par ses enfants de garder ses petits enfants... Scène de vie normale d'un samedi après-midi... Vers 14h00, nous repartons en ne voyant plus personne derrière nous...
Il reste une centaine de kilomètres à parcourir. Des kilomètres difficiles, car ils s'aventurent à travers les vallées de l'Herbasse et de la Galaure... Nous voici justement à la sortie de Romans, au moment où se profile la première bosse, avant Margès...
Si le relief est accidenté, il permet en outre de découvrir les beaux paysages qu'on ne prend pas le temps de contempler quand on roule vite sur le plat. Sur le vallon au dernier plan, on admire les beaux champs de Colza...
Après Beaurepaire, nous voici à l'Embranchement, dans la commune de Revel Tourdan... Le compteur indiquant une quarantaine de kilomètres depuis Romans, nous prenons le temps de nous alimenter avant d'attaquer la montée vers l'émetteur que l'on devine au dernier plan...
Pendant ce temps, nos amis de tout à l'heure nous saluent... De gauche à droite, Georges Dalmais et Serge Munier...
En suivant l'itinéraire du brevet, nous arrivons en fin d'après-midi à Luzinay... Je réalise qu'en 1999, j'étais arrivé seul dans ce village en pleine nuit, maintenant, en tandem, avec Isabelle, il fait grand jour... Une dernière fois, nous nous reposons dans un bistrot avant de reprendre la route...
Une heure plus tard, nous arrivons à Bron... Il fait encore jour, en 1999, il faisait vraiment nuit, j'étais le dernier...
Entre verres de sirop et assiette de charcuterie, on prend le temps de discuter quelques instants avec les copains...
Chrystel69 vient d'arriver à son tour avec son club. Elle nous donne des nouvelles de ce matin. Elle a chuté avec un de ses copains et une âme charitable lui a donné sa roue arrière afin qu'elle puisse terminer ce brevet et se qualifier à Paris-Brest-Paris
En reprenant la voiture, nous avons trouvé un petit mot de Marc Liaudon qu'il avait déposé sous l'essuie glace... Le compte a bien fonctionné, il a enregistré fidèlement la dénivelée de cette journée sans oublier les grands écarts de température... Au mois d'Avril, nous venons de faire 300 kilomètres avec 30 degrés...
Finalement, la dénivelée totale a largement augmenté après Romans sur Isère. Le compteur indique en final une élévation de 1900 mètres, quasiment égale à celle du même brevet à Morières. Il faut signaler que nous avons été 90 participants, dont un seul tandem et aucun vélo couché...