Rouler de nuit entre les hérissons et les rossignols
400 kilomètres pour se qualifier à Paris-Brest-Paris
Après avoir fait le brevet de 200k au mois de Mars, celui de 300k au mois d'Avril, la tentative de qualification de notre équipe se poursuit avec notre tandem pendant ce brevet de 400k, fin Avril 2007, une semaine après celui de 300k. Nous avons récupéré assez vite de l'étape précédente et nous avons été motivés pour aller nous promener sur des routes qui nous rappellent notre voyage en Bretagne en tandem en juillet 2005...
Quand j'avais contacté l'organisateur, Philippe Chaumas, pour lui proposer de mettre en ligne ses parcours, il m'avait de suite répondu: Rassurez-vous, nos brevets ne sont pas difficiles.... J'étais bien été avancé en apprenant qu'ils ne seraient pas difficiles, ne sachant pas précisément où se situe le niveau de difficulté dans son affirmation...
Faut-il comprendre que pendant les brevets de Bellerive sur Allier, on n'est jamais tenté de s'endormir (car c'est bien la difficulté d'un brevet de 400k, où il est fortement conseillé de ne pas dormir, afin de pouvoir arriver à Loudéac avant la fin de la fermeture du contrôle lors de l'épreuve finale).
Est-ce que difficile signifie que toutes les descentes ont été supprimées au profit de belles montées, car depuis que l'on fait du vélo, et à fortiori du tandem, on apprécie plus les montées (où l'on doit fournir un effort) que les descentes (où on se laisse emporter par la vitesse en ayant froid) ?
Est-ce que difficile signifie que sur ces parcours, il y a risque de voir des animaux traverser la route devant nous ?
Est-ce que difficile signifie que le parcours emprunte que des routes qui sont dépourvues de signalisation horizontale ?...
Malgré ces inquiétudes, nous nous sommes rendus à Bellerive sur Allier en voiture, en entraînant avec nous un couple d'amis grenoblois qui sont aussi motivés pour se qualifier et réussir l'épreuve finale... Voici le compte rendu de notre brevet... Les personnes citées sur cette page disposent d'un droit de retrait en me contactant à mon adresse...
Bien avant le départ, le parcours a été tracé en rouge sur une carte. Les points de contrôle ont été surlignés, les traversées de villes importantes repérées avec les emplacements des restaurants afin de pouvoir dîner...
Après trois bonnes heures de voiture, nous sommes enfin arrivés...
Dans la salle, les inscriptions vont bon train. Chaque candidat est invité à remplir sa carte de route, l'organisateur propose même à la vente des cartes postales de pointage lors des contrôles nocturnes. Ici, c'est Christian Dinet qui s'inscrit et que nous aurons l'occasion de retrouver plus tard...
Pendant ce temps, quelques cyclos sont déjà prêts à partir et à en découdre le plus vite possible avec ce brevet qualificatif...
De l'autre côté du parking, on prend le temps de discuter avec les copains... Soudain la discussion devient intéressante car elle signale un gîte au second contrôle, qui serait ouvert une bonne partie de la nuit. Sa gérante, belle-mère du cyclo qu'on aperçoit derrière le poteau, aurait même un tampon qui pourrait remplacer la carte postale nocturne... L'information intéresse au plus haut point les cyclos qui écoutent sans broncher...
Profitons de cet aparté pour faire le tour des vélos qui vont tenter de se qualifier... Celui-ci possède une selle bien confortable, mais qui n'a pas encore été testée par le rédacteur de cette page...
Plus loin, on s'intéresse aux systèmes d'éclairage... Ce moyeu dynamo, provenant tout droit de l'empire du soleil levant, alimente un phare placé plus haut. A vide et chargé, la friction est négligeable mais on sent quand même les plots...
...alors que sur ce modèle allemand, la friction est tout aussi négligeable et son heureux possesseur affirme pouvoir connecter deux phares de 6V en série...
Cinq minutes avant l'heure du départ, on se met en place... Certains ajustent leur compteur et au dernier plan, les cyclos de Saint Pourçain sur Sioule discutent encore un peu...
...une photo qui sera d'ailleurs offerte à chaque participant au retour. Nous regrettons ici de ne pas pouvoir saluer ceux qui sont partis plus tôt et qui vont être remontés d'un seul coup par les plus costauds... Mais où se cachent ces plus costauds ?
Photo: Philippe Chaumas
Et puis, c'est parti, le départ fut donné... Venant de loin, nous apprécions suivre les régionaux plus costauds qui connaissaient le coin... Vers Marcenat, la route est défoncée, on traversa à pied, certains en vélo pour ne pas perdre de précieuses minutes...
Quarante cinq minutes après être parti, le groupe de tête est toujours en vu, avant la traversée de Saint Pourçain sur Sioule...
La traversée de Saint Pourçain s'effectue rapidement. Un motard nous double avec un large sourire et il fut aussi étonné de nous voir suivre un vélo couché... Nous revoyons rapidement sur la droite l'hôtel où nous avions fait étape en Juillet 2005. Comme pendant le voyage en Bretagne, nous suivons la direction de Saulcet, avec son beau clocher que nous avons pris le temps d'admirer dans la montée... Pendant ce temps, le groupe de tête pris de plus en plus d'avance et disparaît...
Dans ce groupe de tête, certains ont explosé dans la montée, n'arrivant pas à suivre le rythme infernal imposé par les hommes de tête. Parmi eux, Michel Gagnard, déjà rencontré au brevet de 200k et que nous avons dépassé pendant qu'il faisait une pause technique. Dans la montée suivante, Michel n'eut aucun mal à nous remonter...
Photo prise sur le coté
Pendant cette montée, nous en avons profité pour discuter un peu avec Michel...
Photo prise par derrière
...en lui précisant où nous comptions nous arrêter pour dîner à Saint Amand Montrond... Et puis, au détour d'une descente bien négociée, le Baron de Michel marqua sa différence face à notre tandem. A chaque coup de pédales, Michel devint un point de plus en plus petit, près à s'enfoncer dans la nuit en remontant les hommes de tête...
Photo prise par derrière
Après une côte un peu longue, mais qui ressemble bien aux collines du Perche, nous arrivons au Montet. Ces bosses nous ont paru moins difficiles que lors du voyage en Bretagne, nous ne regrettons pas d'avoir supprimé les deux sacoches sous baissées avant...
...où le tandem se repose quelques minutes pour cette pause des cinquante kilomètres où nous cumulons pause technique, alimentation et remplissage des gourdes...
L'arrêt a duré quelques minutes pendant lesquelles nous avons perdu les cyclos avec qui nous roulions... Nous pensions donc nous retrouver seuls sur le tandem, mais...
...à la sortie du village, nous rencontrons Jean-Charles Gosselin qui est parti en retard...
Photo prise sur le coté
Arrivé un peu à la bourre sur le lieu du départ, et largement à l'aise sur son vélo droit carbonisé, bourré d'électronique et profilé, il n'a eu aucun mal à remonter tous les groupes pour nous retrouver au Montet... Jusqu'à Cosne d'Allier et même Hérisson, nous avons roulé ensemble... Si Jean-Charles trouve que sa moyenne horaire a largement augmenté durant notre chemin en commun, ce n'est pas grâce à nous mais à l'orage qui gronde sur Vichy et qui nous fait bénéficier de vent de retours d'est qui nous propulsent vers Hérisson...
Photo prise sur le coté
A Hérisson, j'ai réussi à arrêter Jean-Charles Gosselin pour vous montrer comment il a réussi à fixer une sacoche avant tout en ayant des changements de vitesses aux cocottes qui font ressortir des câbles et qui interdisent la pose de toutes sacoches de guidon... Il a fixé un guidon de triathlète sur lequel il a accroché une vulgaire banane mais très utile... Attention, Jean-Charles, les guidons de triathlètes sont interdits sur Paris-Brest-Paris et tu risques de ne pas pouvoir passer le contrôle du dimanche avec un tel vélo... Nul doute que Jean-Charles serait mieux installé sur un vélo couché...
Bref, il est 19h00 quand nous arrivons devant l'église d'Hérisson, le premier contrôle de ce brevet...
Une fois n'est pas coutume, nous avons roulé un peu fort, car au lieu de faire la fermeture du premier contrôle en ayant normalement une heure d'avance sur le temps limite, nous faisons ici l'ouverture du premier contrôle avec juste une demi-heure de retard... C'est quand même pas si mal, mais si vous n'avez pas compris cette dernière phrase, vous pouvez la relire pendant notre seconde pause où nous avons apprécié trois petites parts de pizza... Ces pauses, où l'on alterne les aliments sucrés et salés, tout en admirant le patrimoine de notre beau pays, est un plaisir de ces promenades à vélo... Au dernier plan, Jean-Charles Gosselin vient d'apprendre que le groupe de tête ne se trouve qu'à quinze minutes. Piqué par je ne sais quelle mouche, il décide de les remonter en nous saluant... A la prochaine Jean-Charles...
Nous retrouvons ici la Route Nationale N144 qui relie Montlucon à Bourges. Lentement, le soleil se couche à l'horizon... La route est vallonnée et le trafic n'est pas intense en cette fin de journée...
Nous arrivons au crépuscule à Saint Amand Montrond. Après avoir parcouru le quart de la distance du brevet, nous allons dîner ici, comme prévu dans notre plan de route. La formule de restauration américaine ne nous enchante guère, nous choisissons plutôt d'aller voir une pizzeria repérée sur internet dans une prochaine rue à droite...
Nous posons le tandem devant le restaurant. Dès le premier contact, je demande si nous pourrons être servi rapidement, afin de perdre le moins de temps possible. Après avoir choisi, il nous faudra attendre à peine 10 minutes pour voir arriver deux immenses pizzas, deux parts de salade verte... Ajoutez à cela une crème brûlée, une part de fraises au sucre et des aller retour aux toilettes pour nous changer et nous débarbouiller, l'arrêt à duré à peine une heure. Après avoir réglé, nous retrouvons le tandem dans la nuit noire...
Dès notre sortie du restaurant, nous réalisons que nous venons de quitter tous les cyclos qui participaient à ce brevet et que nous allions devoir rouler seuls pendant trois cents kilomètres... Nous regardons au loin et nous devinons, sur la route principale, un groupe de cyclos qui pédalent les uns derrière les autres, munis de chasubles... La motivation remonte, nous allons les suivre...
Nous les retrouvons à la sortie de Saint Amand Montrond... Ils sont aussi sur le BRM, ils semblent étonnés de revoir le tandem. Nous venons de dîner ici, eux ont dîné à Urcay et nous voici à pédaler ensemble. Ils portent les maillots du club de Saint Pourçain (Chantal Vernois, Christian Dinet, Michel Gaudon, Jean-François Derégnaucourt) et sont accompagnés par une dame de Clermont Ferrand, Françoise Valluche... Un coup devant, un coup derrière, nous allons passer notre nuit à faire le yoyo...
Dans la campagne, nous remarquons de loin l'église illuminée de Chateauneuf sur Cher... Deux ans plus tôt, lors du voyage en Bretagne, nous nous étions arrêtés pour la prendre en photo (de jour...)
Vers Saint Baudel, alors que nous étions en tête, nous sommes remontés par un de ces cyclos, Christian... Apparement, il a eu la permission de son groupe pour rouler fort et remonter le tandem. Nous discutons du forum de discussion et nous apprenons qu'il va devoir s'arrêter pour changer les piles de ses éclairages... Pour éviter ces changements, je lui montre notre système de dynamo dans le moyeu ainsi que le phare D'Lumotec à une LED blanche alimenté par cinq piles AA pour une autonomie d'au moins 9 heures...
En arrivant à Mareuil sur Arnon, il fait nuit depuis longtemps. Dans la campagne, la route file sous un ciel parsemé de nuages... Dans les bosquets, l'agitation nocturne du rossignol se fait entendre... Isabelle et moi, nous découvrons ses roulades... Il nous serait impossible de dormir à la belle étoile, tellement l'intensité de son champ est importante...
A force de pédaler, nous nous rapprochons du prochain contrôle de ce brevet, sujet de la page suivante de ce compte-rendu...