Récit de Menton-Brest en Tandem
Lundi 18 Aout 2008
Première étape: Menton (06) - Pont de Quart (26)
310 kilomètres de 03h00 à 21h45 et 2792 mètres d'élévation
Le réveil sonne à deux heures du matin! Douche rapide; les affaires sont rangées dans les sacs ziploc bien fermés au cas où il pleuvrait... Le petit déjeuner nous attend! Du pain, des tartines et des chauss ons aux pommes de la veille. L'heure tourne et à 2h50, nous quittons l'hôtel. Au commissariat de police tout proche, une dame raconte ses ennuis à l'agent de service. Un autre agent arrive; nous lui présentons nos carnets. Je vous laisse remplir ce que vous voulez..., nous dit-il. Je lui demande simplement d'indiquer l'heure: 3h00.
Une fois dehors, comme nous le disons systématiquement pour coordonner notre départ: un, deux et trois et nous voilà partis dans le centre ville de Menton. Le casino, un premier feu rouge, puis Roquebrune Cap Martin. Sur la droite, nous trouvons l'avenue Gabriel Hanotaux qui n'est pas indiquée comme étant la D2564. La route s'élève. Dès les premiers virages, nous nous enfonçons dans la nuit. Nous moulinons. Isabelle découvre une vue panoramique sur Monaco tout illuminé. La Turbie s'annonce au onzième kilomètre. Première pause technique et pas question de s'arrêter pour demander le BPF, tout est fermé! J'aurais bien l'occasion de repasser par ici. La fin de la montée arrive, j'ai bien en tête le plan imprimé et au quinzième kilomètre, je n'oublie pas de prendre à gauche pour descendre vers Eze village sans passer aux Cols d'Eze et des Quatre Chemins. Eux aussi attendront une prochaine visite. La descente vers Nice est agréable, nous y arrivons à 04h25 au bout de 27km.
Cet itinéraire, présenté par Alain Schauber sur le site des Diagonales, utilise successivement la moyenne corniche, la grande corniche et la moyenne corniche. Il est beaucoup moins casse-pattes que la basse corniche. A conseiller sans hésiter. Nous postons la carte postale de départ à Nice. Nous traversons Nice la tête dans le guidon. Cela nous semble pourtant assez long et ennuyeux. Sur la droite, enfin, la route qui va nous faire remonter la vallée du Var. Le vent nous ralenti. Il semble venir du Nord.
Nous hésitons à suivre la D2209A qui nous invite à traverser le Var pour aller vers Digne. Mais c'est un piège, c'est la voie rapide et nous restons sur l'ancienne route, la D2209, non signalée. Je me souviens bien, lors de l'arrivée à Menton depuis Dunkerque, être toujours resté sur la rive gauche du Var. Dans la nuit, nous traversons Carros, Saint Martin du Var sans aucune difficulté. Au Chaudan, les premières lueurs du jour apparaissent, Isabelle remplit les gourdes d'eau fraiche...
Dans le défilé du Chaudan, nous évitons la traversée des tunnels. Isabelle découvre avec bonheur, en même temps que moi, ce défilé à la roche très blanche
Nous traversons rapidement les petits villages de la vallée du Var. Nous nous efforçons de regrouper un arrêt nécessaire avec le premier contrôle à Entrevaux. Les rayons du soleil nous réchauffent et nous prenons le petit déjeuner en terrasse. Nous admirons la forteresse construire par Vauban.
En repartant, sur le parking nous discutons rapidement avec un randonneur du Douaisis qui termine Thonon Antibes. Il nous annonce de la pluie pour les jours à venir...
En progressant dans la longue vallée du Var, Isabelle remarque un pan de montagne plus clair que les autres. Un morceau de rocher a dû se détacher. A droite et à gauche, les figuiers sont nombreux avec leurs grandes feuilles. Aux Scaffarels, avant d'attaquer les derniers kilomètres du Col de Toutes Aures, il y en a de chaque côté de la route. Les fruits sont encore petits, il faudrait y repasser en septembre! Au bout de 126km, nous parvenons au Col de Toutes Aures à 10h30, en retrouvant définitivement le soleil qui ne nous quittera plus de la journée.
La descente vers Saint André les Alpes est agréable, mais nous sommes rapidement doublés par des voitures de vacanciers qui viennent y faire leurs courses. Nous avalons rapidement le Col des Robines avant de filer vers Moriez et Barrême à 11h30. C'est déjà le second contrôle; dans un bar-restaurant cette fois-ci. Il est trop tôt pour se faire servir le plat du jour. Nous nous engageons sur la N85, la célèbre route Napoléon. Isabelle est ravie de découvrir la clue de Chabrières. A cause de deux gros camions, la circulation est naturellement alternée car la chaussée n'est pas bien large.
A la différence des environs de Saint André Les Alpes, les automobiles nous dépassent prudemment et avant de faire le saut de Digne, nous nous arrêtons au restaurant des Lavandes à Chateauredon pour manger. Il est 12h15mn. Nous commandons le plat du jour. A tour de rôle, nous allons aux toilettes; l'occasion de se débarbouiller le visage, pour éliminer les traces de transpiration, avec le gant que nous transportons et de satisfaire les besoins techniques! La côte de porc au curry avec des pommes vapeur arrive rapidement et dans la foulée, j'apprécie une assiette de profiteroles au chocolat alors qu'Isabelle préfère une tarte tatin.
Le café est pris en même temps que le dessert et nous repartons à 13h10. Moins d'une heure d'arrêt: nous avons bien géré la pause de midi. Plutôt que de passer à Digne, nous prenons la direction de Mézel en suivant la ligne du petit train des Pignes pour rejoindre la N85 aux Grillons. Il fait chaud, la circulation est modérée... Nous recherchons de l'eau à mettre dans nos gourdes. Avant Sisteron, je me souviens m'être arrêté par le passé sur un parking où une fontaine m'avait bien dépanné. Nous arrivons à ce parking, une voiture y est stationnée. Le conducteur est dehors, visiblement musulman, en train de faire sa prière. Est-il en train de prier pour le retour de la fontaine qui n'existe plus? Nous trouverons de l'eau à Sisteron, dans un bistrot où je suis bien accueilli par la serveuse. Après avoir rempli nos gourdes, elle me dit:
- Bon bah alors bonne route! Peut-on dire bonne route en vélo?
- Certainement, merci et bonne après-midi!
La circulation s'intensifie légèrement mais nous sommes dépassés prudemment par les automobilistes qui ont dû prolonger d'une journée le week-end du 15 août. Soudain, je remarque un cycliste en sens inverse!
C'est Robert Isoard, diagonaliste confirmé de Gap, qui est venu nous voir en nous remontant depuis Laragne. Il nous explique avoir crevé. A l'ombre d'un arbre, nous faisons rapidement une photo avant de reprendre notre route vers le prochain contrôle: Serres. Ici, Marie-Rose, l'épouse de Robert, nous attend avec un sympathique goûter: une bonne tarte, des fruits, des boissons... Nous discutons tout en se ravitaillant; comme cette pause inattendue est agréable!
Robert se met en quête de nous trouver des bananes juste avant que nous repartions. Nous sommes chouchoutés! Merci beaucoup à Marie-Rose et Robert; au plaisir de vous revoir! Alors que le soleil entame sa course de fin de journée vers l'ouest, nous allons essayer de le suivre. A Aspremont, nous quittons la N75 pour rejoindre l'axe routier de Gap à Valence. Nous voici rapidement sur une route connue, faite pendant le brevet de 600km de Gap l'an passé et pendant notre tour du Vercors cette année. Les kilomètres défilent plus lentement car la montée au col de Cabre nous ralentit. N'ayant jamais eu l'occasion de passer ici en fin de journée et la pente nous semblant bien raide, nous faisons une courte halte sous le cadran solaire.
Nous arrivons au Col de Cabre. Ici, nouvelle surprise: Marie-Rose et Robert Isoard sont là! Ils nous ont dépassé dans la montée, mais nous ne les avons pas reconnu! Pendant une petite heure, avant le rush du service du soir, nous allons dîner ensemble à l'Auberge du Col de Cabre. Des motards sont étonnés par notre machine et l'un deux me demande sérieusement:
- Mais peut-on se pencher aussi dans les virages, comme sur une moto?
Je réponds par l'affirmative en soulignant qu'il faut quand même avoir une certaine vitesse pour se pencher, comme sur un vélo... Juste avant 20h00, je découvre la télé dans l'entrée de l'Auberge. C'est la fin de la météo pour demain, je suis arrivé trop tard. Pour les jours suivants, on annonce du soleil, des nuages et un peu de pluie
Il fait encore jour quand nous quittons Marie-Rose et Robert Isoard après le dîner. C'est partie pour descendre la trentaine de virages dont neuf épingles à cheveux. Le soleil se couche et la circulation est quasiment nulle. Si j'ai crains de rencontrer des sangliers, des biches ou autres mammifères dans les espaces boisés, je ne m'attendais pas à entrer en collision frontale avec une chauve souris juste après Montlaur en Diois. Je n'ai pas eu le temps d'avoir peur! Le petit mammifère est venu s'écraser contre ma poitrine, avant de tomber sur ma cuisse droite. Une panne de radar sans doute... Derrière, Isabelle a juste vu la chauve souris repartir sur la droite.
Il est 21h45 quand nous arrivons à Pont de Quart. Juste avant l'entrée du village, nous prenons à gauche en direction du gîte des Derbons où nous sommes attendus pour passer la nuit... Les dernières lueurs du jour ne seront pas suffisantes pour que l'on puisse voir le gîte de jour. L'accueil est chaleureux. Nous discutons quelques instants avec notre hôte et avec les autres pensionnaires du gîte en train de dîner dans la pièce commune. Ils nous posent des questions sur ce que nous faisons comme voyage. Dans ces moments là, on passe un peu pour des originaux... Après une bonne douche dans une chambre spacieuse, nous mangeons une banane et nous nous endormons vers 22h45. Le compteur se repose aussi, il affiche 310 kilomètres